La Région continue son tour des communes réunionnaises pour constater les effets des crédits régionaux dans les différentes villes et faire le bilan du partenariat entre les collectivités au service de la population. Son président, Paul Vergès, s’est rendu hier sur le terrain dans l’Est de l’île, durant toute la journée dans la commune de Sainte-Suzanne. Accompagné d’une partie des élus de la Région, Paul Vergès était entouré de membres du Conseil municipal, dont le maire, Maurice Gironcel, et de responsables associatifs.
Un programme très chargé qui a commencé par la présentation des chantiers financés par la Région et des futurs investissements mis en œuvre à Sainte-Suzanne. Construction de lycée, financement d’actions de formation, Cybercase, programme d’initiative locale, réfection de la route des Hauts, nouveau gymnase, construction du Centre sportif régional de la Marine spécialisé en moringue ou encore présentation de l’aménagement du "Bocage Lucet Langenier", sont les multiples réussites ou projets en perspective pour une "commune dont l’imagination et les préoccupations sont fructueuses", selon le président de la Région.

« La Région soutiendra vos initiatives »

Avant de passer au premier thème de la journée, Paul Vergès a rappelé les potentialités de la ville : "l’écoute et le bilan de l’utilisation de nos crédits doivent aller plus loin et être évalués sur les 20 ans. Il y a un grand danger que l’activité baisse à Sainte-Suzanne et qu’elle devienne une commune dortoir. La balle est dans votre camp, la Région soutiendra vos initiatives. La pression démographique et l’aménagement du territoire montrent l’importance de la réhabilitation de la route de moyenne altitude.
Vous avez de l’eau en permanence, il faut qu’elle soit transformée en atout décisif en développant l’endiguement. Le projet du Bocage va dans ce sens. Les premiers projets arrivés sont financés. Donc à vous, en concertation avec la Communauté d’agglomération, de faire en sorte de nous proposer rapidement vos projets sans faire concurrence au Parc du Colosse…", a déclaré en substance Paul Vergès.
Comme un clin d’œil adressé au maire de Sainte-Suzanne, le président de la Région a expliqué que le budget du Parc du Colosse avec ses 70 millions d’euros était équivalent à deux fois le budget de la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise.

L’eau et les énergies renouvelables

La région Est comporte des richesses considérables encore inexploitées comme cette "eau en permanence". Selon Paul Vergès, "les loisirs de la plage se développent moins que les randonnées. En ayant recours à l’ARDA (Association Réunionnaise de Développement de l’Aquaculture), nous pouvons donner un essor à l’aquaculture, freiner le braconnage et permettre un repeuplement des rivières pérennes".
La conséquence de cette exploitation d’eau douce sera la création d’emplois.
Les énergies renouvelables, autre cheval de bataille de la Région dans sa politique environnementale, ont permis à Paul Vergès de revenir sur la nouvelle réalisation du Lycée Saint-André 3 au travers de la Haute Qualité Environnementale (HQE) de cet établissement.
"Comment se fait-il que nous n’avons jamais pensé à utiliser la chaleur du volcan ?", s’étonne le président de la collectivité territoriale.
Dans cette optique, un projet de Centrale géothermique avec la Nouvelle-Zélande est en cours de réalisation. "Avec vos alizés, votre soleil et votre imagination, Sainte-Suzanne profite des subventions de chauffe-eau solaires plus importantes que celles de toute la France continentale.
De plus, près de 59.000 voitures passent au niveau de la Jamaïque. Lorsque les voitures se concentreront sur l’axe Saint-Denis / Sainte-Suzanne, on pourra dire qu’on aura gagné", a exposé le président de la Région pour cette introduction de la journée.

Formation, emploi et logement

Celle-ci a débuté par une remise de diplômes à 12 emplois-jeunes concluant leur formation de CAP Petite Enfance. Grâce au concours de l’organisation "Faire Plus" présidée par François Fourcade, les autres priorités convergent vers la lutte contre l’illettrisme, la remise à niveau des jeunes et des adultes ou encore la formation auprès de l’ANPE.
À la sortie de l’Hôtel de Ville, les délégations régionale et municipale se sont dirigées du côté de Bagatelle pour visiter une opération programmée d’amélioration de l’habitat (OPAH).
Ce sont essentiellement des familles à faibles ressources qui bénéficient de ces "restructurations lourdes". A l’exemple de M. Joséphine, qui a accueilli ses hôtes au sein de sa case rénovée. Le maire, Maurice Gironcel, a précisé que cette OPAH était une première opération dans l’île. Pour le président de la Région, cette expérience est le moyen "de toujours trouver la justification d’une politique à travers un cas personnel".
C’est aussi l’occasion de désengorger le littoral en valorisant les agglomérations des bourgs de moyenne altitude.

Aménagement des Hauts

La poursuite de la visite sur le terrain, nous a amenés dans les hauteurs de Bras des Chevrettes pour découvrir le travail d’aménagement des emplois-verts sur la route des Hauts. Reliant le quartier de Bagatelle au Bras Pistolet, cette route a été financée à hauteur de 85% par la Région.
En 2002, des travaux de recalibrage sur 12 km ont permis d’élargir la chaussée à 4 mètres 50. La participation du Fonds régional du développement économique (FRDE) a donné lieu au captage d’un tiers d’eau potable pour les agriculteurs et les autres habitants. Ce travail considérable aurait été impossible sans l’apport des 63 CES et 5 encadrants de l’Association Bois de Couleur de Martine Dugain.
Sentiers botaniques, élimination de pestes végétales, qualité paysagère ou plantes endémiques revitalisent et respectent l’environnement. "Quand on sait que sur 20 parcelles des Hauts, 19 sont achetées par des Dionysiens… Même les Chinois veulent développer leur pharmacopée. Alors à nous de miser sur la valorisation de nos espèces endémiques. Nous pourrons ainsi aboutir au développement d’un parc naturel", a complété Paul Vergès.

Environnement et tourisme

Ce dernier n’a pas hésité à remercier les emplois-verts et jeunes pour leur contribution à l’environnement tout en insistant sur la nécessaire pérennisation de leur emploi. L’inauguration de la Route des Hauts a été également l’occasion pour la Région de mettre l’accent sur la création d’une "petite hydraulique" comparée à la grande de Takamaka.
À la descente de cette route des Hauts, nous nous sommes rapidement retrouvés au gîte rural de Martine Dugain en compagnie des membres de son association. Des petits ateliers sous forme de relais éco-touristiques nous ont été présentés, exposant le parcours de sentiers botaniques pour les touristes et les classes scolaires.

Confort thermique des écoles

C’est ensuite vers l’Ecole des Goyaviers que la visite a continué. Première école scolaire au programme confort thermique, la présence de l’ARER (Agence Régionale de l’Energie Réunion) ne pouvait être qu’indissociable. En partenariat avec BP Solar, une station météo France a été installée. "C’est une première forme de piles photovoltaïques fonctionnant depuis 9 mois sans qu’il y ait connexion avec EDF. Elle engendre près de 900 Kwats, ce qui permettra une rentabilité d’ici 3 ans avec près de 2000 francs par an…", explique Christophe Rat, directeur de l’ARER.
L’autre phase d’étude demeure dans l’amélioration du confort thermique avec l’Université de La Réunion. Enfin, la rénovation de l’établissement (datant de 1978) - améliorant même l’accessibilité des sanitaires pour les personnes handicapées - s’est faite avec la Mairie. Le gros problème de l’école reste la résorption de l’humidité.
Une partie de l’énergie électrique est même produite par la cuisine réduisant l’impact important de la consommation. Au final, "l’Ecole est au-delà de son autonomie énergétique puisqu’elle développe une économie verte", poursuit Christophe Rat.

Sport et culture

Après la pause déjeuner dans une ferme auberge, l’après-midi s’est enchaînée par la présentation du Centre sportif Régional de la Marine. "Ce sera un projet d’envergure régional, le berceau du Moringue et de la boxe française", s’est enthousiasmé le maire de Sainte-Suzanne. Salles polyvalente et d’entraînement, espace de compétition, atelier de fabrication d’instruments et même centre d’hébergement seront mis à la disposition de la jeunesse sainte-suzannoise.
Pour Jean-René Dreinaza, moringuèr distingué, "cet espace sera le symbole de la réunion de deux ethnies placardisées que sont les Kafs et les Malgaches. C’est leur rendre hommage avec un tel lieu de réflexion et de prière en quelque sorte".
"La renaissance du moringue, pour Paul Vergès, est le moyen de distinguer l’héritage malgache et africain. Parmi nos ancêtres, ceux qui ont le plus payé, ce sont les Africains et les Malgaches. Originaire des "Antandroys" de Madagascar, le moringue est un rite de passage de l’adolescent à l’adulte. Les moringuèrs étaient des hommes guerriers. C’est retrouver des racines perdues, car nous sommes tous des fils immigrés…", a démontré le président de la Région avant d’évoquer l’ambition de la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise : "Le moringue est l’appel à une revalorisation de la culture réunionnaise, une réflexion sur les inégalités et les injustices. Nou lé pa plis, nou lé pa mwin, respèk anou dann nout péi, c’est un début de réparation dans ce 21ème siècle", a t-il souligné.

Les multiples atouts "d’une ville à la campagne"

Enfin, la dernière visite de la journée s’est terminée par la présentation du projet d’aménagement du "Bocage Lucet Langenier". En présence de la CINOR et de la SEMADER, le Bocage représente près de 100 hectares d’espaces. L’endiguement de la rivière Sainte-Suzanne fait partie du développement touristique et économique. Des opérations d’envergure d’équipement sportifs et culturels sont envisagées.
L’aménagement de la cascade Niagara en zone de loisirs, l’opération d’urbanisation de Marina à hauteur de 62.000 mètres carrés, la ZAC Commune Bègue les Bas, la construction d’une médiathèque interrégionale, la création de deux autres déchetteries aux Deux-Rives et à Bagatelle, comme une station de compostage constituent les multiples atouts "d’une ville à la campagne", selon les termes de Maurice Gironcel.
En résumé, "les premiers arrivés seront les premiers payés, comme aux championnats du monde d’athlétisme", a rappelé le président de la Région pour inciter la commune de Sainte-Suzanne à poursuivre ses efforts de développement.