
Culture et enseignement
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Licence de langue et culture réunionnaises à l’Université
29 août 2003

Voilà déjà 20 ans qu’existe au sein de l’Université de La Réunion une section portant sur l’étude et l’enseignement de la langue créole réunionnaise, dans le cadre de la branche "Langues et Cultures Régionales" (LCR). Étudier, enseigner, lire et écrire en créole se faisait déjà au travers de la préparation au Diplôme universitaire de langues et civilisations de l’océan Indien (DULCOI) avec les options en arabe, chinois, tamoul… et créole depuis 1984.
Aujourd’hui, après le CAPES créole créé il y a deux ans, la Licence créole prend désormais ses marques dans le cadre de la politique volontariste mise en œuvre en faveur du développement des langues régionales. Ces diplômes d’enseignement supérieur reconnus sur l’ensemble du territoire de la République (contrairement au DULCOI), sont pilotés par l’ILA (Institut de linguistique et d’anthropologie). Ils connaissent un engouement croissant auprès des jeunes réunionnais mais aussi auprès des étudiants étrangers et des professionnels.
Aussi, des Québécois, Belges, Australiens, Allemands, Finlandais, Norvégiens, Suédois et autres Américains pourraient se vanter de rivaliser avec des Réunionnais dans la connaissance de notre langue, voire de mieux l’écrire que nous-mêmes. « Nous rencontrons souvent des personnes qui viennent dans nos cours pour raisons professionnelles. Par exemple, un médecin psychiatre optera pour la licence créole afin de mieux comprendre l’imaginaire de ses patients en situation mentale difficile. Cela peut concerner aussi des personnels de l’Education nationale… », explique le directeur de l’ILA, Christian Barat.
Freins administratifs
Depuis 3 à 4 ans, le créole est intégré dans tous les cursus universitaires de La Réunion. Si bien que l’étudiant peut obtenir des points de bonification pour ses "unités de valeur". Mais attention, ce n’est pas un concours à points, « les étudiants choisissent le créole en tant que fervents admirateurs de la langue réunionnaise, comme une quête d’identité ou un amour pour la langue », complète l’universitaire.
Un exemple révélateur du succès rencontré par ce cursus universitaire est le cas où une année, 15 étudiants d’Helsinki se sont adonnés passionnément à notre langue, en découvrant dans la bibliothèque de leur pays la civilisation et les auteurs réunionnais. Il n’aura fallu qu’un pas, arrivés sur place pour assouvir leur soif de culture créole.
Toutefois, les responsables des différentes filières de la formation initiale et continue offrant un enseignement de créole réunionnais à l’Université et à l’IUFM ont dénoncé mercredi dernier les tracasseries et freins administratifs mis à cette formation. Des obstacles qui leur « rappellent les douloureuses réticences du passé pour "ké nout kiltir i sort di fénwar" ».
Cela se manifeste encore par des « demi-mesures » : « La licence est encore mal installée au niveau universitaire. Il n’existe toujours pas de cycle complet licence-maîtrise. Il y a eu plus de prises de décisions pour le CAPES que pour la licence. Il faut continuer à hausser le ton. Une fois les stagiaires titulaires de leur CAPES, les manuels sont toujours inexistants pour l’enseignement et les programmes ne sont pas écrits. Cette volonté idéologique gouvernementale a omis tout le côté pédagogique », remarque Félix Marimoutou. Les élèves qui s’inscrivent à ces cours doivent aussi faire face aux « frilosités, voire aux murs administratifs », y compris pour retirer leur dossier.
Étudiants motivés
« Les vieux démons resurgissent. On incite les élèves à s’orienter vers d’autres cours, on les décourage. L’administration est censée être neutre. Nous sommes parfois obligés d’intervenir », regrettent les membres de l’ILA. Et pourtant, on ne peut pas dire que les étudiants ne sont pas motivés : certains d’entre eux parcourent plus de 40 km tous les soirs pour assister au cours de l’Université entre 17 heures et 20 heures, juste après la sortie des bureaux et cela durant 5 soirs par semaine.
Ne croyez pas non plus que cette licence est à la portée de tout le monde et qu’on puisse l’avoir dans une pochette surprise. « Bien au contraire, celle-ci peut paraître même plus ardue qu’une licence classique », indique Marie Dupuis, responsable du département LCR à l’IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres). (voir N.B.)
Au programme de la licence : socio-linguistique, expression orale, lexicographie, syntaxe, géographie, anthropologie, traduction, dissertation, littératures créoles comparées… Quant à la graphie adoptée, même « si l’on se base sur trois façons d’écrire le créole qui sont cohérentes », dont la graphie 77, la porte reste ouverte à d’autres usages. « Nous respectons l’usage des gens, nous consultons les journaux, les pubs, nous établissons une réflexion sur l’étymologie. Rien n’est figé, il vaut mieux écrire mal le créole que ne pas écrire du tout… », évoque Christian Barat.
C’est d’ailleurs dans ce sens qu’un laboratoire de langue créole au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) existe depuis une trentaine d’années. Depuis la création du CAPES créole, près de 150 personnes s’inscrivent par an en France sans passer par une préparation à l’IUFM.
Rien que pour cette année, 6 capétiens ont été reçus sur l’île.
Dans le cadre de ce foisonnement culturel de la valorisation de la langue créole, Axel Gauvin vient tout juste de sortir sa dernière création : "Petit traité de traduction créole réunionnais-français" pour tous les amoureux du créole.
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