Billet philosophique

4.000 euros pour une saillie... !

9 novembre 2007, par Roger Orlu

Chaque jour, on apprend des faits qui montrent à quel point nous vivons dans un monde insensé, c’est-à-dire privé de sens, car dominé par la loi de l’argent, la course au profit et à la consommation. Ainsi, samedi dernier, une agence de presse annonce qu’un célèbre cheval de course italien a été volé la veille dans son centre d’entraînement près de Venise. Et l’on précise que ce vol est survenu au moment où l’entraîneur de ce champion trotteur en fin de compétition était aux États-Unis en vue de signer un contrat pour sa nouvelle carrière d’étalon, où chacune de ses saillies rapporterait 4.000 euros à son propriétaire.
4.000 euros pour une insémination naturelle, il faut le faire...! Même si c’est pour obtenir de futurs chevaux de course qui, à leur tour, rapporteront des sous...

Pour donner du sens - un sens humain - à notre vivre ensemble, le philosophe Alain Badiou prône la lutte contre le système capitaliste, qui « ne fixe aucune orientation à l’existence collective. Le citoyen n’est que celui qui comparaît devant le marché. C’est le consommateur tel qu’il est défini par la circulation marchande. Par conséquent, notre société - telle qu’elle est - est hors d’état de se représenter son avenir collectif. Les gens eux-mêmes dans leur existence particulière sont hors d’état de construire de véritables projets en dehors de l’univers de la consommation et de l’accumulation. C’est cela la désorientation ». (1)
Face à ce système, Alain Badiou considère comme essentielles « la résistance à l’organisation générale du service des biens, l’attention à la question des ouvriers de provenance étrangère, la défense de la protection sociale ou des services publics ». C’est ainsi que l’on fait avancer la révolution.

“Révolution” ? Lors des premières conclusions du “Grenelle de l’Environnement” le 26 octobre dernier en France, le Président de la République a plaidé pour « une révolution dans nos façons de penser, dans nos façons de décider, une révolution dans nos comportements, dans nos politiques, dans nos objectifs et dans nos critères. Je veux que le Grenelle soit l’acte fondateur d’une nouvelle politique, d’un “new deal” écologique en France, en Europe, dans le monde ».
De nombreux commentateurs, après cet événement, ont souligné que cette « révolution verte » est incompatible avec le productivisme capitaliste. Et que l’on a tendance à sous-estimer l’ampleur et l’urgence des changements à mettre en œuvre, si l’on veut préserver l’humanité des graves malheurs qui la menacent durant ce siècle.
Ainsi, Paul Ariès, auteur de ”La décroissance, un nouveau projet politique” (Éditions Golias), pose la question : « Comment concilier les contraintes environnementales avec notre souci de justice sociale ? En couplant par exemple un revenu universel d’existence (RUE) - permettant de vivre dignement (sans avoir besoin d’être un forçat du travail et de la consommation) - avec un revenu maximal autorisé (RMA) ». Une piste de réflexion sur laquelle nous pourrions dialoguer...

Roger Orlu

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(1) Voir “l’Humanité” du mardi 6 novembre 2007.


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