Billet philosophique

« Alon filozof ansanm pou la libèrté »

18 novembre 2011, par Roger Orlu

Depuis hier, les Réunionnais ont commencé à célébrer pendant un mois la Journée mondiale de la Philosophie, comme cela se fait dans notre pays depuis 2008. N’est-ce pas une occasion, comme le suggère la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, de démontrer que la promotion de la philosophie est un des moyens « essentiels à la recherche collective de réponses durables aux défis de la paix et du développement » ?

Suite au billet philosophique du 28 août dernier sur « la philo pour tous », un ami de "Témoignages" nous a fait parvenir un courrier avec plusieurs réflexions intéressantes à ce sujet. Tout d’abord, il nous rappelle que « la philosophie, comme le constatait déjà Épicure, cela se fait par des discours et des raisonnements ». Et « je ne connais pas de philosophie qui fasse exception », ajoute André Comte-Sponville. Voilà comment cette science humaine peut être utile…
Et il s’interroge : « a-t-on absolument besoin de la philosophie "pour se poser des questions sur le sens à donner à notre existence…" » ? « Les sagesses orientales et les religions ne remplissent-elles pas également ce rôle, d’autant plus que la philosophie se caractérise par son absence de réponses certaines à nos questions existentielles et sa culture du doute ? ».
Ce questionnement montre à quel point il est important pour la philosophie de montrer qu’elle peut servir à quelque chose de constructif et être utile à l’humanité. Sinon, quel sens a-t-elle ?

« Une approche multi-référentielle »

Par ailleurs, notre ami analyse l’idée selon laquelle la philosophie « est un moyen de cultiver l’esprit critique…, le sens de la responsabilité, les valeurs de la solidarité… ».
Il déclare à ce propos : « C’est là une affirmation qu’on trouve proclamée ici et là, mais qui n’a rien de spécifique à la philosophie. On peut affirmer la même chose pour n’importe quelle science humaine et sociale. La philosophie n’a nullement le monopole de la pensée critique ».
Il a raison de dire cela. Et la question qu’il nous pose en conclusion est tout aussi pertinente : « La multi-dimensionnalité de nos problèmes humains n’appelle-t-elle pas aujourd’hui une approche multi-référentielle en lieu en place d’une approche disciplinaire compartimentée, pour parler comme Edgar Morin ? »

« Libertés fondamentales »

Dans son message pour la Journée du 17 juin 2011, Irina Bokova souligne que cette année, « l’extraordinaire effervescence du printemps arabe invite chacun d’entre nous, acteurs ou spectateurs de ces événements, à réfléchir sur le sens de l’histoire, de la justice sociale, de l’égalité entre les sexes, des libertés fondamentales ». Elle ajoute notamment que les graves problèmes dont souffre actuellement une grande partie de l’humanité « nous appellent à redoubler d’efforts pour donner à tous, jeunes et moins jeunes, les moyens de penser des sociétés en pleine mutation ». Voilà pourquoi, dit-elle, la philosophie doit être « une source inépuisable de renouvellement des idées et des sociétés ».
Ces propos de la Directrice générale de l’UNESCO nous font penser à ceux que Davy Sicard a tenus le vendredi 4 novembre dernier au Plateau Saint-Leu, lors du baptême de l’école maternelle Élie, où il fut le parrain de cette cérémonie. À cette occasion, le grand artiste réunionnais a souligné l’importance de la décision de donner à une école le nom de l’un des meneurs de la révolte de nos ancêtres esclaves il y a 200 ans, car cela va notamment permettre aux élèves de s’approprier leur histoire et d’en tirer des leçons dans le contexte où ils vivent aujourd’hui. D’où sa conclusion : « alon filozof ansanm an Rényoné pou la libèrté ».

Roger Orlu

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