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« Arèt exploite mon péi ! »

Billet philosophique

samedi 9 mai 2020, par Roger Orlu


Nous vous proposons de continuer les réflexions sur la Fête Internationale du Travail, célébrée dans la discrétion le vendredi 1er mai dernier en raison du confinement. Plusieurs penseurs et acteurs réunionnais ont fait connaître des idées intéressantes à ce sujet et nous les partageons pour philosopher ensemble.


La manifestation de la CGTR Ports et Docks avec l’intersyndicale devant le port Est le 20 février dernier.

Tout d’abord, il faut noter que la seule manifestation publique des travailleurs réunionnais pour le 1er Mai 2020 a eu lieu au port Est, où Danio Ricquebourg, secrétaire général Ports et Docks de la CGTR, a notamment déclaré : « Le profit ne justifie pas tous les excès. Il est temps de mener une autre politique, où l’humain et la préservation de notre planète sont au cœur de nos préoccupations. Cette crise sanitaire est le résultat d’une politique capitaliste menée depuis 40 ans » (‘’Le JIR’’ du samedi 2 mai). Après cette manifestation, il a été annoncé que des travailleurs seraient menacés de représailles…

« Remise en cause radicale du système capitaliste »

À noter aussi qu’une « adresse aux travailleurs » a été publiée par la CGTR sous la signature de son secrétaire général, Ivan Hoareau, à l’occasion de ce 1er mai 2020, où est déclaré notamment : « Le ‘’jour d’après’’ se construira, avec les forces vives de la société dans un débat démocratique soucieux de justice sociale et de réduction des inégalités (le ‘’jour d’après’’ devra accorder une attention particulière aux personnes défavorisées et à nos ‘’vieux’’ durement éprouvés par la crise), du respect de la représentativité des syndicats notamment, par une remise en cause radicale du système capitaliste. (…) Des investissements massifs dans les services de soins et de santé publique, fragilisés par les politiques d’austérité, seront nécessaires et poseront inévitablement la question d’une autre répartition des richesses » (‘’Témoignages.re’’ du 30 avril).

« Notre capacité à innover »

Nous citerons également Cyrille Melchior, président du Conseil Départemental de La Réunion, qui a publié pour le 1er Mai une tribune libre, où il déclare notamment qu’il faut aller « vers un nouveau modèle de société », « afin que notre île puisse s’engager dans la voie d’un développement durable, équitable » : « être Réunionnais c’est ne pas avoir peur de se retrousser les manches. Il nous appartient maintenant, et collectivement, de bâtir la suite de cette histoire en faisant preuve de responsabilité et de vigilance face à l’épidémie, tout en déployant toute notre capacité à innover et à maintenir la flamme du bien-vivre ensemble, pour construire La Réunion de l’après 11 mai » (‘’Le Quotidien’’ du 30 avril).

« Le monde va changer de base »

Pour aller dans ce sens, nous vous transmettons une anecdote reçue d’amis du Port : des voisins portois ont célébré ensemble le 1er Mai en prenant un apéro et en diffusant pour les autres voisins deux chansons. La première est intitulée ‘’Exploitèr’’ et dit notamment : « Arèt exploite mon péi ! Arèt diviz mon nasion ! Kréol sové lé kourte mé pran pa li pou in kouyon ! »
L’autre chant s’appelle ‘’L’Internationale’’ et nous dit au début : « Debout les damnés de la terre ! Debout les forçats de la faim ! La raison tonne en son cratère, c’est l’éruption de la fin. Du passé faisons table rase. Foule esclave, debout ! debout ! Le monde va changer de base : Nous ne sommes rien, soyons tout ! ». Et le refrain nous dit : « C’est la lutte finale. Groupons-nous, et demain, l’Internationale sera le genre humain ».

Roger Orlu


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