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Billet philosophique : l’actualité de la pensée de Karl Marx
8 juin 2018, par
Voici la 5e partie des exposés présentés le 4 mai dernier à la médiathèque Aimé Césaire de Sainte-Suzanne sur l’actualité de la pensée de Karl Marx. Après les deux parties de l’exposé d’Élie Hoarau, président du Parti Communiste Réunionnais, puis les deux premières de celui présenté par Brigitte Croisier, voici la suite de la professeure agrégée de philosophie sur l’aspect philosophique de l’œuvre de Karl Marx.
1 - Ludwig Feuerbach (littéralement ‘’le fleuve de feu’’ !) (1804-1872). D’abord déchiré entre théologie et philosophie, il publie ‘’L’essence du christianisme’’ en 1841. Un concept central est celui d’aliénation (« die Entfremdung » désigne un sentiment de désaffection, d’étrangeté). L’homme a projeté en Dieu toutes ses qualités pour en faire un être idéal, transcendant. Dépossédé de ses pouvoirs, il est devenu comme étranger à lui-même, aliéné. L’homme doit retrouver son être aliéné en dieu, fondant ainsi un humanisme.
Chez Marx, ce concept d’aliénation s’applique au travail. Pour lui, l’aliénation désigne la séparation entre le travailleur et le produit de son travail. En effet, son activité lui est imposée dans ses objectifs et dans sa mise en œuvre et une part de la valeur de ce produit est accaparée par le capitaliste. Il ne se reconnaît donc pas dans le produit de son travail. Or, cette activité de transformation de la nature est normalement une manière de prendre conscience de lui en s’extériorisant. La révolte des masses exploitées contre ce travail aliéné rendra possible le changement.
Marx partage également la critique par Feuerbach de l’idéalisme hégélien, mais juge que le matérialisme de ce dernier ne va pas au bout de sa démarche critique. Feuerbach valorise la nature, mais ne prend pas assez en compte l’action humaine transformatrice de la réalité matérielle et des humains eux-mêmes, autrement dit la praxis.
De plus, il conçoit l’être humain comme un individu isolé. Pour Marx, « l’essence de l’homme n’est pas une abstraction inhérente à l’individu isolé. Dans sa réalité, elle est l’ensemble des rapports sociaux » (Thèses sur Feuerbach, n° VI). Ce qui signifie que toute analyse doit prendre en compte les conditions historiques dans lesquelles les humains vivent, pensent, désirent, luttent. « Analyse concrète d’une situation concrète », c’est une exigence qu’on entendait souvent dans la bouche de Paul Vergès.
Donc, Marx et Engels, après avoir été enthousiasmés au point de se proclamer “feuerbachiens”, rompent avec ce philosophe.
2 - Hegel, le maître… avant la rupture ! Le penseur référent fondamental de Marx a été Georg Wilhem Friedrich Hegel (1770-1831, décédé du choléra, comme le jeune fils de Marx et Jenny). C’est un monument de la philosophie allemande et européenne dont l’œuvre est complexe. Sa philosophie idéaliste se veut encyclopédique en rendant compte de la totalité des savoirs.
Idéaliste car le réel, le seul réel est l’Idée, l’Esprit, l’Absolu. Pour Hegel, « l’Idée est le vrai ; l’éternel, la puissance absolue. Elle se manifeste dans le monde et rien ne s’y manifeste qui ne soit elle, sa majesté et sa magnificence » (La raison dans l’Histoire, Introduction à la philosophie de l’Histoire).
Ainsi la raison universelle gouverne le monde : « Ce qui est rationnel est réel ; et ce qui est réel est rationnel » (Préface aux Principes de la philosophie du droit). L’histoire humaine, qui semble irrationnelle et violente, réalise en vérité le développement de l’Esprit. Chaque époque, chaque peuple, chaque civilisation, correspondent à un moment nécessaire de ce développement où l’Esprit prend progressivement conscience de lui en s’extériorisant sous des formes diverses. La tâche du philosophe, celle de Hegel, consiste donc à lire, à déchiffrer cette vérité sous les apparences, à reconstituer le mouvement de l’Esprit une fois achevé… comme la chouette !
L’histoire de l’humanité a donc un sens — signification et direction — et son but est la réalisation de l’Esprit absolu ou de l’Idée. Le jeu des passions humaines qui anime l’histoire est une « ruse de la raison » pour atteindre son but : en croyant satisfaire leurs désirs (goût du pouvoir, de l’argent), les humains font avancer l’histoire… sans le savoir.
Cette philosophie de l’histoire, qu’on retrouve chez Marx, sous une forme matérialiste, est un peu un héritage des penseurs du 18e siècle, ayant foi dans le progrès. Dans un ouvrage, ‘’L’ange de l’histoire’’, le philosophe du 20e siècle, Stéphane Mosès, montrait comment l’histoire à partir du 18e siècle semble être la promesse d’une fin idéale.
Le mouvement qui y conduit est celui de la dialectique. Un terme ambivalent dans l’histoire de la philosophie occidentale, tantôt errance tantôt chemin de vérité. Il renvoie au dialogue, il exprime aussi le dédoublement. La dialectique remet en cause la logique héritée d’Aristote (4e siècle av. JC) : A = A et ne peut être égal à non-A (Principe d’identité). Pour cette logique, la contradiction signale une erreur. Mais, comment alors expliquer le changement, le devenir ?
Pour Hegel, la dialectique se présente comme le passage de l’affirmation à la négation, puis à la négation de la négation, autrement dit le dépassement de l’opposition avec conservation de chacun des moments. Hegel utilise là le sens particulier du substantif allemand « die Aufhebung », formé à partir du verbe ‘’aufheben’’, signifiant à la fois abroger et conserver, ce qui rend la traduction en français difficile. « L’esprit spéculatif de notre langue va au-delà du simple ou « bien-ou bien » propre à l’entendement (inférieur à la raison) » (Encyclopédie des sciences philosophiques).
Retenons que le moteur de la dialectique est la contradiction, contradiction à la fois dépassée et conservée. Elle est positive en tant que facteur de changement social, à condition d’être bien analysée et surmontée pratiquement. Là encore, Paul Vergès ne manquait jamais de pointer les contradictions de la société réunionnaise et de chercher comment faire avancer les choses.
La figure de Hegel a donc dominé la philosophie allemande avec des disciples divisés en deux groupes bien distincts : “vieux” hégéliens conservateurs et “jeunes” hégéliens révolutionnaires (un effet malicieux de la “Aufhebung” que ce double héritage quelque peu contradictoire ?).
Critique marxienne de l’idéalisme hégélien : Marx montre que si Hegel a pensé une philosophie de l’histoire, celle-ci est, paradoxalement, anhistorique, hors histoire, dans la mesure où elle est idéelle, sans prise en compte des conditions historiques concrètes. Or, Marx donne à la philosophie une double vocation, une vocation critique qu’il a lui-même exercée constamment, et une vocation pratique de transformation du réel, entraînant la transformation des humains. Et là aussi, il a vécu concrètement cet engagement (1ère Internationale en 1864, soutien aux communards réfugiés à Londres - la Commune de Paris en 1871 fut selon lui « la forme enfin trouvée » du pouvoir prolétarien, forme brève !).
(à suivre)
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