Billet philosophique

C’est quoi une Justice juste ?

17 octobre 2008, par Roger Orlu

Avant-hier, a été célébrée la première Journée mondiale du lavage des mains, sous l’égide de l’UNICEF ; une journée pour tenter de sauver chaque année un million d’enfants dans le monde, parce que chaque jour 5.000 enfants de moins de cinq ans meurent de maladies diarrhéiques car ils ne peuvent pas se laver les mains avec du savon avant les repas et après être passés aux toilettes.
Hier, c’était la Journée mondiale de l’alimentation, à l’occasion de laquelle la FAO a de nouveau tiré la sonnette d’alarme sur l’augmentation criminelle du nombre de personnes sous-alimentées ; la faim touche près d’un milliard d’êtres humains, soit près d’un sur six, au moment où les États capitalistes trouvent des milliards d’euros et de dollars pour renflouer les caisses des banques, vidées par des spéculateurs.
Aujourd’hui, a lieu la 16ème édition de la Journée internationale pour l’élimination de la misère, lancée par l’ONU en 1992 ; à La Réunion, l’association Aide à toute détresse (ATD) - Quart-Monde organise diverses actions - dont un rassemblement à 17 heures autour de la dalle des Droits de l’Homme à Champ-Fleuri (Saint-Denis) - pour appeler à la solidarité des classes sociales favorisées avec les plus pauvres.
Parmi les détenteurs de pouvoirs - économiques, politiques, médiatiques -, qui fait un compte avec ces événements et ces tragédies ? Qui s’attaque aux causes de ces souffrances ? Quelles décisions prennent-ils ?

Il y a d’autres décideurs qui sont également responsables de ces malheurs quotidiens et qui les cautionnent en pérennisant le système : ce sont certains détenteurs du pouvoir judiciaire. C’est normal : ils font partie de l’appareil d’État et ils défendent les intérêts des classes dominantes auxquelles ils appartiennent.
Deux artistes - parmi d’autres - dénoncent cette injustice dans des pièces de théâtre. Le premier est Nicolas Lambert, qui vient de présenter aux Réunionnais “Elf, la pompe à fric”, où il dénonce avec force et un grand talent les crimes du néo-colonialisme français - “de gauche” comme “de droite” -, couverts de façon scandaleuse par certains magistrats de la République. (1)
Le second est le célèbre avocat réunionnais Jacques Vergès, qui présente jusqu’au 29 décembre au Théâtre de la Madeleine à Paris sa pièce “Serial plaideur”. Avec courage et détermination, il souligne des turpitudes et des contradictions de la Justice tout au long de l’Histoire.
Ces pièces nous font penser aux dernières décisions de magistrats qui viennent d’annuler des élections municipales à La Réunion, en sanctionnant les victimes des fraudes...! Ignoble ! Il est vrai que cette complicité entre des magistrats et un pouvoir politique injuste est une tradition du néo-colonialisme à laquelle le peuple réunionnais est habitué et qu’il a toujours combattue. Ce combat pour une Justice juste, c’est-à-dire respectueuse des Droits humains, cessant de réprimer avant tout les plus pauvres et de protéger les plus riches, reste essentiel pour créer les conditions d’un développement durable.

Roger Orlu

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(1) Voir le site www.survie-france.org de l’association Survie, qui combat la politique française en Afrique, ses génocides et se bat pour l’accès de tous les citoyens aux biens publics.


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