Billet philosophique

Changeons notre mode de production et de décision

20 octobre 2017, par Roger Orlu

Comme nous l’a redit récemment un grand penseur réunionnais, notre camarade Élie Hoarau, président du PCR, « nous devons constamment réfléchir ensemble sur les causes fondamentales des graves problèmes de notre société, afin de lutter ensemble pour transformer celle-ci au service du bien commun ». De nombreux militants culturels et organisations de la société civile réunionnaise nous font réfléchir à ce sujet.

C’est le cas du poète Christian Jalma, qui a organisé vendredi dernier avec plusieurs amis — comme le 13 de chaque mois — son 4e kabar en hommage à nos ancêtres marones et marons sur le Ron Baobab des Camélias (Saint-Denis), autour de ce magnifique « arbre de la sagesse ». Cette cérémonie fut notamment l’occasion de rappeler l’importance de la culture de notre mémoire historique pour préparer notre avenir et de « mettre en lumière les liens de notre pays avec Madagascar et l’Afrique » car « kan nou oubli sa, nou oubli anou ».

Ce fut le cas aussi le samedi 14 octobre au Théâtre sous les Arbres du Port, où des dizaines d’artistes, écrivains, poètes, conteurs… ont participé à un ‘’Kabar pou Patrice’’ (Treuthardt) en partenariat avec les Éditions K’A, pour faire connaître l’œuvre de ce militant culturel, co-auteur avec Idriss Issop-Banian de ‘’Hymne La Réunyon’’ que vient de produire en CD le groupe Kayanmbé de Maximin Boyer. Outre la valorisation de nout kiltir, ce rassemblement a aussi cultivé notre mémoire historique, en parlant par exemple de Rico Carpaye, « ce Portois de 17 ans tué au rond-point du Sacré-Cœur le 14 mars 1978 par des nervis lors d’une expédition punitive suite aux législatives, où les Portois avaient très majoritairement voté pour Paul Vergès ».

« Faire vivre l’humanisme créole »

Outre le côté culturel et identitaire du peuple réunionnais, il y a aussi l’importance du combat pour le respect des droits sociaux à La Réunion, qui a été marqué avec force ce mardi 17 octobre sur le parvis des Droits de l’Homme à Champ-Fleuri (Saint-Denis) lors de la célébration de la Journée Mondiale du Refus de la Misère par le mouvement Agir Tous pour la Dignité (ATD – Quart Monde), présidé par Dominique Versini. Des centaines de personnes — y compris des enfants — ont participé à cette mobilisation publique « pou in ter oussa personn i res si bor shomin ».

Trois jours avant, lors d’une conférence au Moufia sur ‘’Franc-maçonnerie et Islam’’, le philosophe réunionnais Farouk Issop a lancé des appels à « faire vivre l’humanisme créole ». D’où la question qu’il nous invite à nous poser : « face au contrôle des forces dominantes de l’univers, qu’est-ce qu’on doit faire ensemble pour La Réunion de demain ? ».

Discussion et lumière

Cela nous fait penser aux réflexions cultivées par la grande philosophe réunionnaise Aude-Emmanuelle Hoareau, présidente du Cercle Philosophique Réunionnais de 2011 à 2013, qui vient de décéder à 39 ans. N’oublions pas, par exemple, ce sous-titre de l’ouvrage collectif qu’elle a dirigé en 2011 et intitulé ‘’ Manifeste pour une pensée créole réunionnaise’’ : « Nou lé kapab majine, kalkil, viv an Rényoné ».

Plusieurs dizaines de personnes se sont exprimées dans ce sens le 17 octobre à Saint-Denis lors d’une conférence-débat organisée par la rédaction de ‘’Témoignages’’ sur les enseignements à tirer de la révolution communiste en Russie il y a 100 ans. Et plus que jamais, comme l’a dit un intervenant, « il est évident que nous devons discuter sans cesse pour voir ensemble comment changer le mode de production ainsi que le mode de décision capitaliste basés sur l’exploitation des travailleurs et sur la domination des profiteurs du système ». D’où ce génial proverbe indien : « De la discussion jaillit la lumière ».

Roger Orlu

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