Billet philosophique

Comment être fidèles aux combats de Paul Vergès ?

18 novembre 2016, par Roger Orlu

Jamais dans toute l’histoire de La Réunion on a vu un responsable politique réunionnais recevoir autant d’éloges que ceux exprimés à Paul Vergès après son décès le 12 novembre dernier, même si certaines de ces belles paroles ont parfois été exprimées par des adversaires voire par d’anciens responsables ou alliés de son parti qui l’ont trahi. D’où la question fondamentale qui se pose : au-delà de nos éloges, serons-nous vraiment fidèles aux combats très importants de Paul Vergès et qu’allons-nous faire ensemble dans ce sens ?

Dans la salle du Rwa Kaf à Sainte-Suzanne durant sa veillée mortuaire du 12 au 15 novembre.

Durant toute sa vie — de 17 à 91 ans et malgré les épreuves parfois très pénibles auxquelles il a été confronté —, Paul Vergès s’est consacré avec un dévouement et une détermination extraordinaires à la lutte pour la défense des valeurs humaines fondamentales. Il s’est notamment battu pour le respect des droits et de la dignité de tous les humains comme de tous les peuples, y compris le peuple réunionnais, en accordant la priorité en tant que militant communiste au bien commun.

Dans cet esprit, il a lutté pour abolir le système néo-colonial mis en place à La Réunion après 1946, alors que la loi du 19 mars avait proclamé l’abolition officielle du statut de colonie du pays. Avec ses camarades communistes et d’autres forces démocratiques du pays, il s’est battu pour faire en sorte que le peuple réunionnais soit libre et responsable de mettre en œuvre un développement durable de son pays.

Priorité au bien commun

Dans ce but, Paul Vergès a fondé en 1959 le Parti Communiste Réunionnais. Un parti avec lequel il a toujours agi, jusqu’à ses derniers jours, afin de rassembler les organisations syndicales, politiques et associatives réunionnaises autour d’un projet commun pour une nouvelle politique à La Réunion.

Pour faire avancer un tel projet, il a aussi toujours lutté pour le respect des principes fondamentaux du communisme : la priorité au bien commun plutôt qu’à l’intérêt personnel, et donc la priorité à l’altruisme, à la solidarité, à la communion, à l’échange fraternel, au dialogue sincère, à l’alliance des Réunionnais pour créer une société harmonieuse, équitable et libre. Dans cet esprit, il a toujours lancé ce conseil à ses camarades : « nous devons faire notre auto-critique chaque jour pour être fidèles à nos engagements ».

« Un grand homme »

Un autre combat essentiel de Paul Vergès doit être rappelé : la solidarité internationale dans la lutte pour une mondialisation humaine, la protection de l’humanité face à toutes les formes d’exploitations et de pollutions, un partenariat équitable, un co-développement solidaire et une entente entre tous les peuples pour la justice et la paix universelle. D’où la dimension internationale de sa renommée, qui nous fait penser à d’autres grands militants altermondialistes et combattants de la liberté, comme par exemple le Mahatma Gandhi, Nelson Mandela, Martin Luther King…

Voilà pourquoi nous devons nous poser la question sur notre fidélité à celui que Jean Viracaoundin, président du Cercle Philosophique Réunionnais, qualifie de « grand homme dont la pensée aura été une lumière que notre histoire n’oubliera pas ». Face à celles et ceux qui privilégient leurs ambitions personnelles et qui font plaisir aux néo-colonialistes en divisant les Réunionnais pour essayer d’éliminer l’organisation démocratique fondée par Paul Vergès, alon vréman voir ansanm koman nou kontinu son konba…

Roger Orlu

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