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Billet philosophique
22 mai 2009, par
Nous allons commencer ce "billet philo" par un rappel très simple voire une banalité : une grande partie de notre existence consiste à résoudre, surmonter des contradictions ; c’est notre tâche quotidienne, quasi permanente, quand nous ne dormons pas. Nous pouvons citer quelques exemples de ces défis : j’ai besoin de manger mais je n’ai pas de quoi me nourrir ; il faut que je travaille mais je ne trouve pas d’emploi ; j’ai envie d’aimer quelqu’un et d’être aimé par cette personne mais je n’y parviens pas ; j’ai mal à la tête mais je n’arrive pas à me soigner ; je vais mourir un jour mais je me demande ce que je vais devenir, etc… Voilà quelques-unes des contradictions à gérer dans notre vie.
Mais il y en a d’autres ; et, comme promis vendredi dernier, nous allons revenir à une autre contradiction à dépasser : celle à laquelle nous sommes confrontés dans la lutte contre le racisme. Comme nous l’avons expliqué et comme le rappelle l’ouvrage collectif "KAF. Étude Pluridisciplinaire", publié sous la coordination du sociologue réunionnais Laurent Médéa, le combat contre la discrimination ethnique et sociale est essentiel car il vise une des principales atteintes à l’égalité entre les personnes et au respect de la dignité de chaque être humain.
Un sujet tabou
En effet, il est impossible de construire un développement durable et donc une société équitable si la majorité de notre peuple, aux ancêtres esclaves et engagés, fait partie de la population la plus pauvre, la plus incarcérée, la moins représentée dans les groupes de personnes qui détiennent le pouvoir économique, politique, judiciaire, culturel et médiatique. Il faut donc se battre pour changer la place et le rôle du "Kaf" dans notre société. Cela d’autant plus qu’il ressent son image comme plutôt négative.
Ce phénomène social doit d’autant plus être dénoncé qu’il est trop souvent tabou et que des personnes qui protestent contre cette inégalité de traitement sont parfois elles-mêmes qualifiées de "racistes". Un comble ! Voire un scandale qui prouve à quel point la décolonisation de notre pays n’est pas encore terminée.
Poser la question du capitalisme
En même temps, lorsqu’on analyse cette société, on se rend compte que les Réunionnais d’origine africaine, malgache, comorienne ou indienne ne sont pas les seules victimes du racisme. Des "Chinoi", des "Zarab", des "Yab" reçoivent aussi des injures racistes. Et les Réunionnais en général sont discriminés sur le plan social, culturel, politique etc…, par le taux de chômage, la majorité sous le seuil de pauvreté, la non-reconnaissance de leur identité, l’impossibilité de prendre les décisions les plus importantes en matière de partage des richesses, de fixation des prix, de fiscalité, de gestion bancaire, de coopération régionale. Comment donc surmonter toutes les discriminations racistes qui frappent les Réunionnais ?
La semaine dernière, nous avons évoqué une piste de réflexion avec Patrick Chamoiseau. L’écrivain guadeloupéen déclarait qu’aux Antilles, « derrière la vie chère (…) il y a un discours, un système, une violence économique, un système capitaliste dont il faut se débarrasser, en tout cas qu’il faut questionner et problématiser ». Il ajoutait : « On peut aménager, moraliser les principes d’import-export mais si on ne pose pas véritablement la question du capitalisme, on ne va pas avancer ».
La diversité au prix de l’égalité
Aujourd’hui, nous voudrions évoquer une autre piste de réflexion et d’action en citant des extraits d’un texte publié par un journal français et rédigé par Walter Ben Michaels, un professeur de littérature à l’Université de Chicago (États-Unis). Selon lui, de plus en plus, des responsables politiques de droite comme de gauche mettent en avant la promotion de la diversité ethnique dans les sphères des pouvoirs. Cela peut paraître comme une avancée positive et nécessaire dans la lutte contre les discriminations racistes. Mais, dit-il, dans les faits, cela se réalise au détriment d’un combat fondamental des forces progressistes, qui est celui pour l’égalité.
« Deux développements sociaux très significatifs sont survenus aux États-Unis au cours des trente dernières années, écrit Walter Ben Michaels (1) : une augmentation spectaculaire des inégalités économiques et un accroissement phénoménal de l’engagement en faveur de la diversité. Face à ces deux tendances, les commentateurs et les politiques se sont employés non pas à réduire l’écart entre les riches et les pauvres, mais plutôt à accroître la proportion de Noirs, de Latinos, d’Asiatiques, de femmes et d’homosexuel(le)s parmi les riches.
S’ils y sont parvenus, ce n’est que dans une très faible mesure. Mais diversifier les élites plutôt que de combattre le système qui produit des élites constitue une position fondamentalement conservatrice. Or, celles et ceux qui ont été les plus actifs dans la lutte pour la diversité, étaient issus de la gauche américaine. Aux Etas-Unis aujourd’hui, cette gauche ne voit plus d’objection à ce qu’une élite ploutocrate monopolise le pouvoir politique, du moment que celle-ci inclut aussi quelques personnes différentes en termes de couleur ou de genre.
Si la société française reste moins inégalitaire que les États-Unis, elle n’échappe pas au phénomène. Les inégalités progressent et les élites françaises, de gauche comme de droite, se préoccupent toujours plus de diversité. (…) »
Pas seulement une question de couleur de peau
« La diversification des élites est une façon de les sauver en conservant leur légimité, poursuit Walter Ben Michaels. Quand le commissaire à la Diversité et à l’Égalité des chances, Yazid Sabeg, déclare que "la diversité est une idée qui avance", il faut comprendre qu’au mieux les élites en France seront moins racistes, sexistes et homophobes. Mais, ce jour-là, s’il advient, elles n’en oppresseront pas moins toutes celles et tous ceux qui, dans une société capitaliste, subissent l’ordinaire distribution inégale des richesses. (…)
Le discours de l’"égalité des chances", qui se substitue à celui de l’égalité tout court, permet de faire reposer sur l’individu la responsabilité de ses échecs : si l’on parvient à nous faire croire qu’un enfant de banquier a les mêmes chances de parvenir au plus haut niveau qu’un enfant d’ouvrier ou de caissière, alors le second ne pourra s’en rendre qu’à lui-même s’il échoue. La diversification des élites sert précisément à accréditer cette illusion. En fait, le néo libéralisme a imposé, depuis trois décenies, sa propre vision de la justice sociale en y incorporant "l’anti discrimination". Dans cette perspective, le problème politique ne serait pas qu’il y aient quelques personnes riches et beaucoup d’autres pauvres, mais plutôt qu’on ne puisse pas accuser les riches de racisme, de sexisme ou d’homophobie. Comme si cela suffisait pour que les inégalités sociales deviennent acceptables.
Adopter cette vision quand on se pense de gauche, c’est se faire le gardien moral du capitalisme au lieu d’en être son adversaire. La gauche néolibérale prétend rendre les inégalités plus équitables et faire ainsi oublier qu’elle a renoncé depuis longtemps à les combattre. La crise du capitalisme que nous vivons rappelle qu’il n’y a rien de plus actuel, de plus urgent que la lutte contre l’inégale distribution des richesses et l’exigence d’égalité pour tous et toutes, ici comme ailleurs », conclut Walter Ben Michaels.
Voilà donc une contradiction à résoudre en permanence dans ce combat fondamental contre le racisme : à la fois lutter contre les discriminations racistes en faisant respecter la diversité ethno-culturelle et s’attaquer aux causes politico-économiques des inégalités entre toutes les personnes. Dit d’une autre façon, on ne peut pas lutter pour l’égalité humaine en se limitant à une question de couleur de peau. On ne peut prétendre combattre le racisme et accepter le capitalisme.
Roger Orlu
* Envoyez vos critiques, remarques et contributions afin que nous philosophions ensemble… ! [email protected]
Voir "l’Humanité-Dimanche" du jeudi 7 mai 2009. Walter Ben Michaels vient de publier "La diversité contre l’égalité" aux Éditions Raison d’Agir.
Invitation
Le Conseil Représentatif des Association Noires (CRAN) de La Réunion vous invite à sa conférence-débat animée par le sociologue Laurent Médéa.
Thème : Évolution de la situation sociale, économique et symbolique du groupe Kaf à La Réunion
Samedi 23 mai 2009 de 16 H à 18 H
Salle : Tirouvallouvar, N° 60 A Rue Valmy Bel Air 97450 Saint-Louis
Route Score direction chemin Etang
Contact : 0692.00.54.81
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Messages
23 mai 2009, 18:15, par Le Pacifique
Et voilà, - encore une couche pour nous rappeler l’origine de nos ancêtres esclaves et se donner bonne conscience avec des propos plus ou moins alambiqués comme explication.
- Quand est-ce que l’on arrêtera de toujours se focaliser sur un passé aujourd’hui révolu. - Il doit bien exister un autre moyen pour résoudre les problèmes actuels sans remuer sans cesse le chiffon rouge pour exciter les agitateurs.
- Arrêtons de parler de racisme, de discrimination, c’est le seul moyen de les entretenir.
- Et si l’on parlait des compétences, de l’évolution des mentalités de l’origine à nos jours, - oui, bien sûr,- mais ce n’est pas porteur.
- Q’on le veuille ou non, c’est la loi....de la nature.- On ne peut pas faire le bien que l’on veut, par contre on fait le mal que l’on ne veut pas faire. - Ainsi va la vie, mais personne n’est obligé de croire.
25 mai 2009, 11:15, par Cimendef
Il est vrai que l’intérêt de tous ceux qui dominent à La Réunion, c’est de maintenir les Réunionnais dans la division afin de continuer à profiter de petits privilèges hérités de l’époque coloniale. Mais tout cela touche à sa fin, il n’y a qu’à voir comment s’enlise la piteuse opposition à la MCUR. Les Réunionnais commencent à connaître leur Histoire, et à partir de là, ils savent qui sont leurs véritables adversaires.
Il est important de connaître son Histoire, quelle qu’elle soit, afin de renforcer notre union pour avoir le droit de nous développer. Alors vive le 20 décembre, vive le 19 mars, et vive le 10 mai.