Billet philosophique

Exprimez-vous !

25 mars 2016, par Roger Orlu

Le respect du droit à la liberté d’expression est une question d’actualité ces derniers jours, avec notamment les journées de la presse dans les écoles et les conférences du Cercle Philosophique Réunionnais (C.P.R.) à Saint-Louis et au Port sur le thème ‘’S’exprimer librement : pouvoir et savoir’’. Sommes-nous suffisamment conscients que la liberté d’expression est à la fois un devoir à assumer et un combat permanent à mener ?

La troupe Rézistans autour de Simon Lagarrigue au rassemblement du 19 mars à Sainte-Suzanne. (photo AD)

Pour le président du C.P.R., Jean Viracaoundin, « s’exprimer est important car on existe notamment à travers ce que l’on dit et cela nous donne le droit comme le pouvoir d’exister ». Il soutient également l’idée que « pour s’exprimer librement, il faut à la fois disposer d’un pouvoir, comme celui d’accéder à des lieux d’expression et de pouvoir gérer des espaces d’expression, mais aussi disposer du savoir, comme la connaissance d’une langue, savoir argumenter, etc. ».

Cette thèse a été défendue d’une certaine façon lundi dernier lors de la projection d’un film à l’Université de La Réunion par Ciné Campus avec les étudiants de la licence d’études germanophones sur Hannah Arendt. Cette philosophe juive allemande, qui a notamment dénoncé certains dirigeants juifs ayant collaboré avec les nazis, a été présentée « comme avoir inspiré de nombreux mouvements de désobéissance civile ».

« La souveraineté populaire »

Cette nécessité de résister aux injustices a été exprimée le lendemain au Caféco d’A.I.D. (Associations Initiatives Dionysiennes), où le conférencier Dominique Elles a décrit avec précision comment « les travailleurs se font piquer par les prédateurs capitalistes » et l’importance de se battre pour « la souveraineté populaire ». C’est exactement l’appel lancé le samedi 19 mars à Sainte-Suzanne par les jeunes communistes avec les responsables du P.C.R. lors de la célébration du 70e anniversaire de la loi du 19 mars 1946, qui a aboli officiellement le statut de colonie de La Réunion.

Mais comme une politique néo-coloniale a été mise en place par les divers gouvernements depuis 70 ans au détriment de la majorité des Réunionnais et au profit de la classe dominante, les centaines de participants à cet événement ont plaidé en faveur d’« un nouveau rassemblement pour une nouvelle politique ». Et une brochure de 45 pages, avec des propositions concrètes pour « mettre fin au néo-colonialisme », a été publiée à cette occasion.

Alon bouzé ansanm

Ce qui a été particulièrement impressionnant lors de ce rassemblement dans la salle du Rwa Kaf au Bocage de Sainte-Suzanne, ce furent les prestations musicales de la célèbre troupe Rézistans autour de Simon Lagarrigue, qui fait partie de ces artistes réunionnais ayant lutté pour la liberté d’expression du maloya. Et ce combat pour la liberté d’expression du peuple réunionnais comme pour son droit à la responsabilité continue, comme l’a rappelé ce mardi le sénateur Paul Vergès lors d’une conférence de presse censurée notamment
par les médias audio-visuels dominants.

D’où l’importance de s’exprimer au plus et au mieux pour donner un contenu vraiment positif à la loi pour l’égalité réelle dans les Outre-mer, qui va être votée dans les prochains mois. Et comme le suggère le grand philosophe résistant Stéphane Hessel dans ses ouvrages ‘’Indignez-vous !’’ (2010) et ‘’Engagez-vous’’ (2011), disons-nous les uns les autres : exprimez-vous ! mobilisez-vous ! alon bouzé ansanm pou libèr nout péi !

Roger Orlu

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