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Billet philosophique : l’actualité de la pensée de Karl Marx
17 août 2018, par
Voici la 15e partie des exposés présentés le 4 mai dernier à la médiathèque Aimé Césaire de Sainte-Suzanne sur l’actualité de la pensée de Karl Marx à l’occasion du 200e anniversaire de sa naissance. Après les deux parties de l’exposé d’Élie Hoarau, président du Parti Communiste Réunionnais, puis les cinq parties de celui présenté par la philosophe Brigitte Croisier, voici la 8e partie de celui de l’économiste Ho Hai Quang sur l’aspect économique de l’œuvre de Karl Marx.
Toute entreprise capitaliste a pour objectif le profit. Peut-on expliquer la nature de celui-ci et son origine en supposant que les marchandises s’achètent et se vendent conformément à la loi de la valeur ? Si cette loi s’applique, alors il est déjà possible d’affirmer, sans risque d’erreur, que le profit ne peut pas provenir de la sphère de la circulation. Il est donc forcément créé dans celle de la production.
Il est communément admis par l’opinion publique et par presque tous les auteurs de manuels d’économie, qu’il existe un “marché du travail” où les entreprises achètent le travail qu’offrent les travailleurs. Il est également admis que le salaire est le prix du travail. Mais il ne s’agit là que d’apparences qui ne correspondent pas à la réalité. On peut le vérifier au moyen d’un raisonnement.
Supposons une entreprise dans laquelle chaque salarié, en travaillant 8 h par jour, produit une marchandise M. Par son travail, le salarié
- transfère dans la marchandise M le travail déjà cristallisé dans les moyens de production qu’il utilise. Supposons que la quantité de travail cristallisée soit respectivement de 4 h pour les matières premières et de 2 heures pour les instruments de travail et les immobilisations ;
- crée une valeur nouvelle égale à 8 h.
Supposons que chaque heure de travail vaut 10 euros. La valeur de marchandise M s’élève donc à 14 euros. En la vendant à sa valeur, l’entreprise récupérera 14 euros. Pour continuer à produire, elle doit
- utiliser 4 euros pour acheter de nouvelles matières premières ;
- consacrer 2 euros pour acquérir de nouveaux instruments de production (en supposant pour simplifier que ceux-ci sont totalement usés au bout de la journée).
Il faut enfin payer le salarié. Et puisqu’on prétend que le salaire est le prix du travail, l’entreprise doit verser un salaire de 8 euros. Mais alors, elle ne fait aucun profit !
Pour que celui-ci existe, il faudrait que l’entreprise vende sa marchandise M au-dessus de sa valeur ; mais dans ce cas, la loi de la valeur n’est plus respectée et on sort du cadre des hypothèses du raisonnement.
En respectant ces hypothèses, il ne reste qu’une seule solution : que l’entreprise verse au salarié une rémunération inférieure à 8 euros. Dans ce cas, l’entreprise réalise un profit ; mais cela signifie en même temps que le salaire n’est pas le prix du travail. Mais alors, de quoi est-il le prix ?
La structure du mode de production est la suivante. D’un côté existe une classe capitaliste ; elle monopolise les moyens de production. De l’autre, se trouve la classe des salariés qui est formée de personnes présentant la double caractéristique d’être :
1) juridiquement libres (donc habilitées à signer des contrats), et
2) dénuées de tous moyens de production.
Pour vivre, les personnes de cette classe n’ont d’autre possibilité que de se porter sur le marché pour vendre contre un salaire, et seulement pour un certain temps, leurs capacités physiques et intellectuelles que Marx désigne par le concept de “force de travail”. La marchandise échangée sur le marché n’est donc pas le travail, mais la “force de travail”. Sa valeur se détermine comme celle de toute autre marchandise par la quantité de travail socialement nécessaire pour la produire et la reproduire.
Toutes les forces de travail n’ont pas la même valeur car « l’individu étant donné, il produit sa force vitale en se reproduisant ou en se conservant lui-même. Pour son entretien ou pour sa conservation, il a besoin d’une certaine somme de moyens de subsistance. Le temps de travail nécessaire à la production de la force de travail se résout donc dans le temps de travail nécessaire à la production de ces moyens de subsistance… Les besoins naturels, tels que nourriture, vêtements, chauffage, habitation, etc., diffèrent suivant le climat et autres particularités physiques d’un pays. D’un autre côté le nombre même de soi-disant besoins naturels, aussi bien que le mode de les satisfaire, est un produit historique, et dépend ainsi, en grande partie, du degré de civilisation atteint… Les forces de travail, que l’usure et la mort viennent enlever au marché, doivent être constamment remplacées par un nombre au moins égal. La somme des moyens de subsistance nécessaires à la production de la force de travail comprend donc les moyens de subsistance des remplaçants… pour modifier la nature humaine de manière à lui faire acquérir aptitude, précision et célérité dans un genre de travail déterminé, c’est-à-dire pour en faire une force de travail développée dans un sens spécial, il faut une certaine éducation qui coûte elle-même une somme plus ou moins grande d’équivalents en marchandises » (“Le Capital” ; livre 1 ; tome 1 ; p.173-174).
Cela étant, ce n’est pas parce qu’une personne doit consommer une certaine quantité de moyens de subsistance pour vivre qu’elle n’est pas capable, par son activité de travail, d’en produire une quantité supérieure. C’est sur cette différence que l’exploitation du travailleur est fondée.
Reprenons notre exemple numérique en supposant maintenant qu’il faut 4 heures de travail pour produire les moyens de subsistance nécessaires à la consommation journalière du salarié. En respectant la loi de la valeur, l’entreprise va passer un contrat de travail par lequel elle promet de verser au salarié 40 euros. Mais en même temps, il est entendu qu’elle pourra l’employer pendant 8 heures.
En définitive, en vendant sa marchandise M à sa valeur (140 euros) et en payant au salarié sa force de travail à sa valeur (40 euros), l’entreprise réalisera un profit de 40 euros. Ce profit correspond à ce que Marx appelle la “plus-value”, concept général qui désigne le travail non payé. Le schéma ci-après illustre les développements précédents.
En définitive, la loi de la valeur est entièrement respectée. Les acheteurs de la marchandise M ne sont pas volés. Le salarié n’est pas volé non plus : il reçoit exactement la valeur de sa force de travail (le salaire n’est pas le prix du travail, mais le prix de la “force de travail”).
L’entreprise capitaliste fait une plus-value et celle-ci ne résulte pas d’un vol mais d’une exploitation économique car tout est parfaitement légal et conforme à la logique du marché. Cette plus-value est ensuite répartie entre les différents groupes de capitalistes et prend alors les formes visibles de profit industriel, profit commercial, intérêts, rente…
L’une des caractéristiques qui distingue le mode de production capitaliste des autres modes de production reposant aussi sur l’échange des marchandises est que, dans le capitalisme, la sphère marchande s’étend jusqu’à la force de travail et que le travailleur est juridiquement libre. Comme il ne possède aucun moyen de production, c’est de lui-même, qu’il viendra se présenter sur le marché pour “se vendre”, comme on dit de nos jours. La contrainte au travail repose uniquement sur une base économique. L’exploitation du salarié est complètement invisible, car elle s’organise selon la loi de la valeur et, de ce fait, il semble que le salarié vend son travail et que tout son travail est payé.
Il n’y a rien de tel dans les autres modes de production fondés sur l’exploitation des travailleurs. La force de travail n’y est pas une marchandise et l’exploitation est directement visible. Dans le système esclavagiste, c’est la personne toute entière, et non seulement sa force de travail, qui est la propriété d’un maître. C’est sous le fouet que l’esclave travaille et il semble que tout son travail soit du travail gratuit (en fait, ce n’est pas le cas puisque l’esclave est nourri et logé). Dans le servage, le serf n’appartient pas formellement à un seigneur, mais il est lié à une terre qui est la propriété de celui-ci et qu’il n’a pas le droit de quitter. Il n’est pas libre et c’est sous la contrainte qu’il doit travailler gratuitement les terres du seigneur et effectuer des corvées. Le travail qu’il dépense est complètement distinct, dans le temps et dans l’espace, de celui qu’il consacre au lopin qui est laissé à sa disposition. L’exploitation est visible à l’œil nu.
Rien de tel dans le capitalisme. L’exploitation s’exerce sans aucune contrainte extra-économique, et elle est totalement invisible. Le salarié ne peut donc en prendre conscience de façon immédiate. C’est ce qui fait la force du capitalisme.
(à suivre)
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