Billet philosophique

Kisa i fé in kont èk Stéphane Hessel ?

8 mars 2013, par Roger Orlu

Depuis le décès de Stéphane Hessel le mercredi 27 février dernier à l’âge de 95 ans, des hommages très chaleureux ont été rendus dans le monde entier et à La Réunion à ce grand penseur international. Le 15 mars prochain, des organisations syndicales, politiques et associatives réunionnaises se retrouveront sur le parvis des Droits de l’Homme à Saint-Denis afin de souligner l’importance du combat mené durant toute sa vie par ce militant pour transformer nos sociétés, notamment en mettant en cause le système économique capitaliste et en créant une gouvernance démocratique. Une des questions que nous pouvons nous poser sur cette base est donc de savoir ce que nous allons faire ensemble, en tant que Réunionnais, pour rester réellement fidèles à Stéphane Hessel en continuant son combat…

La dernière phrase du célèbre ouvrage de Stéphane Hessel, "Indignez vous !", paru en octobre 2010 et vendu à quelque 5 millions d’exemplaires dans le monde entier, est la suivante : « à ceux et celles qui feront le 21ème siècle, nous disons avec notre affection : "créer c’est résister ; résister c’est créer" ». Mais "créer", c’est quoi ?

C’est inventer et mettre en place un autre système socio-économique, culturel et politique, qui respecte les droits et la dignité de tous les humains. Autrement dit, il faut notamment «  se poser des questions sur la raison des dysfonctionnements de nos sociétés » mais « ne pas s’arrêter » à l’indignation.

Notre droit à l’autodétermination

Concrètement, comme le dit Stéphane Hessel dans un entretien avec "l’Humanité" deux mois après la sortie de son livre, « il faut se poser une question  : comment faire pour que les choses changent  ? Nous avons besoin d’une nouvelle direction du pays ». La question est donc de savoir — entre autres — qui dirige notre pays, La Réunion, au service de qui et de quoi. Et quel est le pouvoir de décision du peuple réunionnais.

En effet, dans ce même entretien, il pose le problème de la démocratie au niveau du « monde entier. Et notamment pour les régions les plus frappées par la crise ou par des conflits… On pense naturellement aux Palestiniens, aux Sahraouis, à des peuples qui, contrairement à ce que réclame la charte des Nations unies, ne disposent pas encore d’un État et dont l’autodétermination n’est pas encore réalisée ». Quand sera donc respecté le droit à l’autodétermination du peuple réunionnais, promis par François Hollande à Saint-Louis le 1er avril dernier ?

Quelle liberté à La Réunion ?

Un autre concept que cet ancien résistant anti-nazi de la Seconde Guerre mondiale met en avant est celui de la liberté. En précisant que « l a liberté est à la fois l’une des données les plus fondamentales et les plus précaires. Une liberté n’a de sens que si elle assure une égalité des droits et donc une solidarité » .

Voilà le contenu que le peuple réunionnais doit pouvoir donner de façon libre et responsable à la liberté. Car si celle-ci « régit de plus en plus l’économie financiarisée, mise à la disposition de quelques possédants et non pas rendue compatible avec l’égalité et la fraternité », elle cause « des dégâts considérables », comme on le voit à La Réunion coupée en deux mondes.

« Que les citoyens se mobilisent »

En conclusion, voici un dernier extrait de cette interview : « On ne peut plus s’en remettre aux pouvoirs existants, il faut que les citoyens se mobilisent dans des organisations non gouvernementales. Voilà la voie à suivre pour que, collectivement, ce soient les citoyens qui ouvrent le chemin d’une rénovation nécessaire du fonctionnement de l’économie mondiale ».

Notre avenir est donc lié aux luttes collectives à mener pour changer notre société réunionnaise. Ébin, nou va voir kisa i fé in kont isi èk Stéphane Hessel…

Roger Orlu

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