Billet philosophique

Kisa i komann nout péi ?

19 février 2016, par Roger Orlu

La lutte pour la libération du peuple réunionnais continue, avons-nous conclu le ‘’billet philo’’ de la semaine dernière. Cela, malgré les divisions, l’assimilation, les propagandes et les résignations auxquelles la classe dominante du pays veut soumettre ce peuple. Et comme l’ont montré plusieurs événements de la semaine dernière, l’espoir et la détermination des combattants de la liberté sont toujours là…

Jean Viracaoundin, président du Cercle Philosophique Réunionnais, lors de sa conférence sur Nelson Mandela, qui s’est battu « pour une meilleure vie pour tous ».

Le vendredi 12 février dernier à Saint-Denis, l’association Les Med’Oceanes, présidée par le Dr Philippe de Chazournes, a organisé une conférence-débat sur le « façonnage des maladies ». Le Dr Patrice Humbert, médecin généraliste, a présenté un exposé sur ce thème en expliquant à quel point dans le monde médical et pharmaceutique on invente un grand nombre de maladies afin de vendre le maximum de médicaments à tout le monde et tout le temps.

Les médecins et les patients qui ont participé à cette rencontre très intéressante ont dénoncé « cette arnaque par l’invention de maladies » pour « médicaliser tous les problèmes de la vie » et « l’intoxication des esprits en faveur de la consommation de médicaments inutiles voire néfastes pour des intérêts financiers ». Pour résister à cette « pub massive », les organisateurs ont lancé cet appel aux Réunionnais : « Sachons décrypter les messages qui jouent sur nos peurs ».

« Des raisons d’espérer »

D’une certaine façon, ce message a été repris lors de la conférence-débat tenue le lendemain par le Cercle Philosophique Réunionnais avec son président à la médiathèque Alain Peters du Moufia sur ‘’Nelson Mandela, entre images et réalités’’. À cette occasion, Jean Viracaoundin a notamment souligné que « les combattants de la liberté aujourd’hui ont le devoir de reprendre l’image de Madiba en la traduisant dans la réalité ».

Durant le débat, le public a apporté de nombreuses contributions pour assumer concrètement cette tâche militante face à « une information piégée et formatée » dans « une société où tout est géré par les multinationales au profit des plus riches ». D’autres intervenants ont également exprimé l’idée que « nous devons donner aux jeunes Réunionnais des raisons d’espérer » et que « nous devons suivre l’exemple de nos ancêtres comme l’esclave Élie et ses amis qui se sont révoltés en 1811 contre le mépris de leurs droits et de leur identité ».

Une société démocratique

Le même jour, les responsables d’une organisation politique démocratique réunionnaise que nous ne citerons pas — car certains n’ont qu’une idée : la liquider — ont tenu une réunion pour faire le point sur les combats à mener. Suite à cette rencontre, les militants sont invités à prendre en compte 4 éléments fondamentaux pour construire un développement durable, solidaire et responsable de La Réunion : 1) la mondialisation du système socio-économique capitaliste dans notre région ; 2) la croissance démographique ; 3) les innovations technologiques ; 4) le réchauffement climatique. Il est indispensable de faire face à ces évolutions et à leurs effets pour prendre les décisions afin de régler nos problèmes ; et, pour cela, une question essentielle est à résoudre : kisa i komann nout péi ?

En effet, on peut se demander par exemple quel est le pouvoir de décision du peuple réunionnais pour supprimer les inégalités réelles mises en place à La Réunion depuis 70 ans, après la loi ayant aboli officiellement le statut de colonie de La Réunion ? Et quelles mesures concrètes seront prises au plus vite pour instaurer une société démocratique dans le pays ? Des réflexions à poursuivre ensemble…

Roger Orlu

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