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Kosa i atann pou filozofé èk bann marmay ?

Billet philosophique

vendredi 16 décembre 2016, par Roger Orlu


Depuis des années nous évoquons dans cette chronique l’importance de ce grand projet mondial préconisé par l’UNESCO depuis 2005 et toujours mis de côté par de nombreux États, dont la France : « enseigner la philosophie aux enfants et développer l’apprentissage du philosopher dès le plus jeune âge ». Et cela est d’autant plus important pour cette instance internationale, qu’elle a publié à ce sujet en 2007 un très bel ouvrage intitulé : ‘’La philosophie une école de la liberté’’.


Gaël Velleyen, poète, chanteur et musicien du groupe Kréolokoz.

Nous avons eu récemment une forte confirmation de cette thèse avec la parution en octobre dernier d’un très beau livre d’un philosophe, sociologue, conférencier et auteur d’une quarantaine d’ouvrages traduits dans une vingtaine de langues et vendus à plus de 5 millions d’exemplaires. Il s’agit de Frédéric Lenoir, créateur de la Fondation SEVE (Savoir Être et Vivre Ensemble) « pour promouvoir la pratique de l’attention et de la philosophie à l’école » et auteur de ‘’Philosopher et méditer avec les enfants’’.

Comme le dit sa présentation, « ce livre raconte l’aventure extraordinaire que Frédéric Lenoir a vécue avec des centaines d’enfants à travers le monde francophone. Pourquoi, en effet, attendre la classe de terminale pour aborder le questionnement philosophique autour des thèmes existentiels : l’amour, le respect, le bonheur, le sens de la vie, les émotions, etc. ? Les ateliers philosophiques qu’il mène montrent une étonnante capacité des enfants à penser. Au-delà des concepts, ils y apprennent les règles du débat d’idées et développent leur discernement et une réflexion personnelle ».

D’où ce conseil : « Pour tous ceux qui, parents, enseignants, éducateurs, souhaitent accompagner les enfants dans cette pratique de l’attention et des ateliers philosophiques, cet ouvrage propose une méthode et des outils concrets, dont un CD de méditations guidées ». Et le 8 décembre dernier, dans l’émission ‘’La grande librairie’’ de France 5, Frédéric Lenoir a plaidé avec force dans ce sens en soulignant notamment que la pratique de la philosophie par les enfants les aide à « apprendre à penser par eux-mêmes, à se former au débat démocratique, à être attentifs aux autres ».

« Non, na pi zétranzé ! »

Nous avons vécu l’illustration concrète des atouts de cette pratique lors du goûter-philo animé par le Cercle Philosophique Réunionnais ce mercredi 14 décembre à la médiathèque Benoîte Boulard du Port sur le thème : ‘’Comment accueillir les migrants ?’’. En effet, lors de cette rencontre, une quinzaine de personnes — des enfants, des adolescents et des adultes — ont eu des échanges très riches en idées sur cette problématique, souvent très pénible voire tragique, qui frappe de nombreux peuples sur la planète, y compris dans notre région indianocéanique.

Une des idées essentielles exprimées à cette occasion a porté sur la nécessité absolue d’être accueillant et chaleureux envers les migrants — « car ce sont des gens comme nous », comme le dit Mgr Jacques Gaillot dans un documentaire diffusé à cette occasion — en les aidant à s’intégrer dans leur pays d’accueil et d’adoption. Cela passe notamment par le respect de leurs droits humains et de leur dignité, selon la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée par l’ONU en 1948.

Ce goûter-philo s’est terminé par la diffusion d’une magnifique chanson d’un grand artiste réunionnais, Gaël Velleyen, le
ader du groupe Kréolokoz, qui dans ‘’Famine’’ en duo avec Apéro fait réfléchir sur ce problème des migrants, avec par exemple ces extraits de son refrain : « La famine i asasine bann fami. Na pi manzé ! La famine i asasine bann fami. Ma sèy sanzé ! La famine i asasine bann fami. Na yink domoun. Non, na pi zétranzé ! ». D’où la question : kosa i atann pou filozofé èk bann marmay dan nout péi ?

Roger Orlu

Gaël Velleyen de Kréolokoz.


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