Billet philosophique

Kosa i dovyin nout parti kominis ?

3 décembre 2010, par Roger Orlu

Ce vendredi s’ouvre le 7ème Congrès du Parti communiste réunionnais (PCR). Quand on connaît le travail accompli par cette organisation politique depuis plus de cinquante ans pour transformer la société réunionnaise mais aussi les épreuves qu’il a eu à surmonter, comme le bilan de son action, il est logique de consacrer ce ’billet philo’ à quelques réflexions sur le sens du communisme réunionnais. Et sur les nouvelles perspectives historiques que peut ouvrir ce Congrès à notre peuple.

Déjà, qu’est-ce que le "communisme" ? On peut le définir comme un mouvement d’idées et d’actions, dont le but réel et concret (pas seulement proclamé) est de construire une société où le principe fondamental est la priorité à accorder constamment au bien commun, à l’intérêt commun, au bonheur commun. Cela signifie que pour une personne qui soutient ce mouvement, voire adhère à une organisation qui se dit "communiste", l’épanouissement personnel est inséparable de l’épanouissement collectif.
Autrement dit, si je suis membre d’un parti communiste, je ne peux pas me dire vraiment heureux(se) si à côté de moi — tout près ou très loin —, d’autres personnes souffrent, surtout à cause d’un partage injuste des richesses disponibles et du non-respect de leur dignité comme de leurs droits humains. Comme le dit la "Déclaration universelle des droits de l’Homme", adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1948 — soit exactement un siècle après la publication du "Manifeste du Parti communiste" par Karl Marx et Friedrich Engels et l’abolition de l’esclavage à La Réunion —, ces droits concernent toutes les dimensions de l’existence humaine : conditions de vie, justice sociale, formation, information, liberté d’expression, égalité des cultures, gouvernance démocratique, etc.

Un combat permanent

Dans tous ces domaines, le PCR a mené de nombreux et durs combats pour améliorer la vie des Réunionnais. Et malgré les répressions, violences, calomnies et autres diabolisations infligées jusqu’à aujourd’hui à ses militants, il a réussi, avec d’autres forces de progrès, à faire avancer certains éléments de notre société.
Mais ce combat n’est pas terminé, quand on connaît les survivances actuelles de la colonisation et tous leurs effets négatifs. D’ailleurs le communisme est un combat permanent, dans lequel il faut faire preuve à la fois de détermination et d’ouverture aux autres. Car les communistes sont pour des luttes communes en faveur de projets partagés, dont ils n’ont pas le monopole. Et lorsqu’on adhère à un parti communiste, ce n’est pas pour voir quel intérêt personnel on peut y trouver mais c’est pour militer au service des autres.
Dans le même esprit, le communisme est une recherche constante de la vérité pour la justice ; ce n’est pas une vérité détenue par telle personne ou tel parti politique une fois pour toutes, ce n’est jamais une certitude absolue et incontestable ou dogmatique. C’est pourquoi, il ne suffit pas de se croire ou de se dire "communiste" pour l’être vraiment ; il faut se remettre en cause chaque jour pour combattre l’idéologie dominante (chacun pour soi) et réaliser toujours mieux les idées du communisme, sinon ce mouvement perd de sa crédibilité.

Vyin donn la min

Ceci dit, ce n’est pas parce que des personnes ou partis se disant "communistes" ont fait exactement le contraire de tous les principes et valeurs du communisme que ce mouvement n’a plus de sens et doit être condamné à mort. D’ailleurs, ces dérives et erreurs n’ont rien à voir avec le communisme ; de même que les crimes commis par certains chefs du catholicisme dans les croisades, l’esclavage ou avec le nazisme sont contraires aux valeurs prônées par son fondateur, le prophète rebelle nommé Jésus de Nazareth. Et pour bien des philosophes actuels du monde entier, le communisme est plus vivant et indispensable que jamais pour préserver la survie de l’humanité et garantir son mieux-vivre ensemble. À condition de respecter son idéal.
Il en est de même à La Réunion, où les communistes ont toujours combattu toutes les formes de totalitarisme et de sectarisme — chez nous comme ailleurs — pour favoriser l’entente entre Réunionnais sur les grandes causes de notre peuple, solidaire des peuples du monde. Et quand les communistes réunionnais se battent en toute liberté pour le respect de l’identité culturelle réunionnaise comme pour le respect de toutes les spécificités de notre pays, cela n’a rien à voir avec le nationalisme, avec le chauvinisme et encore moins avec le séparatisme.
En tout cas, lorsqu’on connaît comment depuis plusieurs mois dans toute l’île les membres du PCR ont préparé ce 7ème Congrès, nous avons toutes les raisons de nous réjouir des suites de cet événement. Kosa i dovyin nout parti kominis ? Ousa li sava ? Èbin suiv son kongrè é vyin donn la min bann dalon é kamarad pou libèr nout péi !

Rozé Orlu

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Parti communiste réunionnais PCR7ème Congrès du PCR

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