Billet philosophique

Kosa mi fé pou libèr mon péi ?

18 mars 2011, par Roger Orlu

Quel sens (quelle signification, quelle direction, quel objectif) voulons-nous donner à notre vie personnelle et collective ? Et à partir de là, quelles sont nos priorités chaque jour, tout au long de notre existence individuelle et partagée avec d’autres ? Réfléchir à cela est un des buts de la philosophie, que peut essayer de pratiquer chaque personne, tout en dialoguant avec d’autres…

Or, en cette période électorale, comme d’habitude, notre vie quotidienne — ou du moins celle que les classes dominantes tentent de nous imposer — est marquée en grande partie par le conditionnement mental, l’assimilation culturelle et le formatage idéologique pratiqués par le pouvoir médiatique aux mains du grand capital. Ce système cultive l’égocentrisme et donc notre indifférence à l’égard des problèmes des autres, le chacun pour soi, la division des Réunionnais pour mieux les dominer et les exploiter. Sans oublier le mépris voire la négation de l’identité culturelle réunionnaise, sa spécificité et ses atouts à valoriser. Bref, tout est mis en œuvre par les "gouverneurs" d’aujourd’hui et leurs complices pour tenter de faire des Réunionnais des colonisés qui s’ignorent.
En effet, le plus important pour ces grands et petits chefs, afin d’augmenter leur profit, est de distraire les citoyens de ce pays, de détourner leur attention de l’essentiel (la solidarité, la cohésion sociale, l’interculturalité…), de cultiver le désir de consommer — et donc gaspiller — toujours plus. Pour cela, il leur faut dénigrer, censurer voire réprimer celles et ceux qui résistent à ce système.

Une étoile jaune

Le plus lamentable, c’est lorsque des Réunionnais dits "de gauche" ou soi-disant "écolo" se prêtent à ce jeu pour défendre en fait leurs intérêts personnels. Et ils reprennent à leur compte le slogan des fascho-sarkozystes : "il faut casser la famille et la maison Vergès". Si un militant porte tel ou tel nom, il faut lui mettre une étoile jaune, comme les occupants nazis de la France et leurs collaborateurs ont fait avec les Juifs.
Voilà pourquoi nous devons réfléchir à ce vibrant appel des vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France libre (1940–1945), lancé le 8 mars 2004, à l’occasion du 60ème anniversaire du Programme du Conseil national de la Résistance et cité par Stéphane Hessel en conclusion de son merveilleux livre "Indignez vous" : « Nous appelons toujours à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous ».
Dans le cadre de cette « insurrection pacifique », demandons-nous pourquoi ce système ne pose jamais la question des causes essentielles, fondamentales, des problèmes de La Réunion. À savoir : qui a le droit, ici, de prendre les décisions les plus importantes qui concernent le développement durable de La Réunion ?
La réponse est claire : personne ; car c’est Paris qui décide l’essentiel. Voilà pourquoi, une question importante que nous avons à nous poser chaque jour si nous voulons changer nos comportements est la suivante : kosa mi fé pou libèr mon péi, é kosa nou fé ansanm pou la libérasion lo pèp rénioné ?

Roger Orlu

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