Billet philosophique

Kosa nou di nout zénèss ?

12 septembre 2014, par Roger Orlu

La revue ‘’Penser l’éducation’’ est « une revue scientifique internationale qui croise la philosophie de l’éducation et l’histoire des idées pédagogiques ». Elle souligne que « penser l’éducation n’est pas un titre anodin, il porte une injonction et une promesse : en ces temps de mutation, il s’agit de (re)penser l’éducation, dans ses principes, ses finalités, ses valeurs, ses pratiques et leurs conséquences ». Voilà qui nous incite à revenir sur le sujet abordé il y a une semaine dans cette chronique sur le rôle du système éducatif à La Réunion à partir d’un événement d’actualité.

Plusieurs jeunes ont participé à la table-ronde de samedi dernier au Port sur ce que nous devons dire à la jeunesse réunionnaise.

« Que dire aux jeunes en 2014 ? ». Cette question a fait l’objet d’échanges très intéressants au Port samedi dernier au Marché des Associations lors d’une table-ronde animée par Mario Serviable, inspecteur de Jeunesse et Sports, militant de l’éducation populaire et responsable de l’organisation ARS Terres Créoles. Ce débat s’inscrivait dans le cadre d’un rappel très important de l’œuvre du philosophe, journaliste et militant politique Jean Jaurès, assassiné il y a cent ans pour son refus de la guerre et pour son nouveau discours à la jeunesse sur la question sociale de l’émancipation ouvrière.
Selon Mario Serviable, « à la question sociale, Jaurès apportait trois réponses : l’éducation populaire centrée sur l’école, la démarche coopérative dans le champ économique et l’accès des enfants d’ouvriers à la ‘’haute culture’’. Pour mettre en œuvre ces réponses, Jaurès choisit de s’appuyer sur la Jeunesse, comme levier de la transformation sociale ». Et Mario Serviable pose cette question essentielle que devrait se poser le système éducatif : « La responsabilité de la génération actuelle n’est-elle pas de donner les clés des portes de l’avenir à la jeunesse ? »

De nombreuses propositions

Au cours de cette table-ronde, de nombreuses propositions ont été émises sur les messages à transmettre à la jeunesse réunionnaise ; en particulier, plusieurs personnes ont exprimé le vœu que « l’on étudie les relations entre les adultes et les jeunes » afin que ces derniers « aient confiance en eux » et qu’ils « soient guidés vers un avenir meilleur ». D’autres participants ont souligné l’importance de « donner davantage la parole aux jeunes » et d’« appeler ceux-ci à s’exprimer le plus possible afin qu’ils disent ce qui ne va pas dans notre société et comment la transformer », tout en les invitant « à prendre davantage leur place dans notre vivre ensemble ».
Parmi les appels à lancer aux jeunes réunionnais, à noter également : « soyez conscients que vous êtes le potentiel de l’avenir » ; « le système éducatif capitaliste qui domine le pays ne prépare par les jeunes à prendre en mains leur avenir ; ils doivent donc se battre pour faire respecter leur droit à la formation, au travail et au pouvoir de décision, en sachant que si l’on ne se bat pas on ne gagne pas ».

« Domin sé zot i doi komann zot péi »

Plusieurs jeunes ont pris part à ces échanges et l’un deux a dénoncé le fait que « dans le système actuel, il y a des réponses aberrantes aux besoins des jeunes réunionnais et ils n’ont pas de pouvoir de décision » ; d’où cet appel d’un jeune animateur professionnel aux jeunes : « donnez-vous les moyens de réussir » ; et cet autre appel d’un jeune animateur de quartier : « renforçons la lutte pour faire reconnaître et respecter notre identité réunionnaise ».
Nous citerons enfin une autre proposition d’appel à la jeunesse réunionnaise : « prenez conscience que demain c’est vous qui devez diriger votre pays de façon libre et responsable ; préparez-vous donc à assumer vos responsabilités et votre pouvoir de décision dans tous les domaines qui concernent le peuple réunionnais afin de construire une société harmonieuse ; domin sé zot i doi komann zot péi ». Ala kosa i fo nou di nout zénèss…


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