Billet philosophique

Kosa nou fé ansanm pou la loi su légalité réel ?

6 août 2016, par Roger Orlu

De nouvelles pensées intéressantes ont été émises ces derniers jours suite aux événements tragiques survenus récemment en France et ailleurs dans le monde. Nous pouvons peut-être en tirer des enseignements pour résoudre ensemble les problèmes auxquels nous sommes confrontés à La Réunion.

Dimanche dernier, devant la cathédrale de Saint-Denis, la clôture de « la marche contre la barbarie » organisée par le GDIR. « Tous ensemble, main dans la main, unis contre la haine, contre le mal, pour un monde de paix, plus juste, plus fraternel ».

Nous citerons d’abord la pape François, qui à l’occasion de son déplacement en Pologne pour les Journées Mondiales de la Jeunesse a notamment attiré l’attention sur le contexte global où nous vivons, à savoir : « un monde en guerre, parce qu’il a perdu la paix ; je parle d’une guerre d’intérêts, d’argent, de ressources, pas de religions, parce que toutes les religions veulent la paix ». Et afin de faire face aux situations inacceptables, le souverain pontife a plaidé pour l’espérance, pour la solidarité — appelant à accueillir « ceux qui fuient la guerre et la faim » — ainsi que pour la mobilisation, en évitant de « confondre le bonheur avec un divan ».

Pour aller dans ce sens, un philosophe de France, André Tosel, a réagi à l’attentat qui a plongé sa ville natale, Nice, « dans le chaos de la violence mondiale », en souhaitant « que naisse une radicalité sociale et culturelle, politique et économique, qui puisse créer un espace commun interculturel de réflexion et de proposition, une dynamique de lutte réunissant les résidents de toute couleur et confession ». Selon lui, « il s’agit de prendre la mesure d’une conjoncture d’ensemble caractérisée par l’excès de ce que l’on pourrait nommer l’inhumain dans l’humain et d’y porter remède. Il s’agit d’inventer une politique de solidarité contre l’hypercapitalisme et les terrorismes, contre les barbaries de l’un et des autres et de produire du commun ».

« Le dialogue est la clé »

Des Réunionnais s’expriment dans ce sens, comme par exemple le Frère Thomas de Gabory, prêtre à la cathédrale de Saint-Denis, à la fois médecin, philosophe et théologien, qui déclare dans un hommage au Père Jacques Hamel, tué dans son église en France : « Nous devons lutter contre la misère intellectuelle et arrêter d’engendrer des décérébrés ». Il ajoute : « Le dialogue est la clé pour ne pas tomber dans la haine ou la vengeance » ; et il lance cet appel : « Tous ensemble, main dans la main, unis contre la haine, contre le mal, pour un monde de paix, plus juste, plus fraternel ».

Cette pensée philosophique, on la retrouve dans la ‘’Prière Réunionnaise pour la Paix’’ proclamée dimanche dernier devant la cathédrale de Saint-Denis après « la marche contre la barbarie », organisée par le Groupe de Dialogue Inter-religieux de La Réunion (GDIR), présidé par Idriss Issop-Banian. Cette prière exprime notamment le vœu que les détenteurs de pouvoirs soient « au service de leurs peuples » et qu’« ils assurent en même temps le bien commun de toutes les nations ».

La fin du système néo-colonial

Voilà un vœu qui devrait réellement inspirer les responsables politiques ayant en charge le vote dans les prochains mois de la loi pour l’égalité réelle dans les Outre-mer, présentée ce mercredi 3 août au Conseil des ministres à Paris. Une loi qui — par son contenu et par son application dans les décennies à venir — pourrait mener le peuple réunionnais comme les peuples frères des autres pays sous les ordres de l’État français vers le pire comme vers le meilleur.

Mais tout cela dépend notamment de l’écoute de la population — et d’abord des plus pauvres — par les décideurs, qui doivent respecter le droit à l’information, la liberté d’expression et le pouvoir de décision des citoyens ; cela dépend aussi du dialogue, de la concertation, de l’entente entre les uns et les autres sur l’ensemble des conditions d’un développement durable de chaque pays, à savoir : la fin du système néo-colonial mis en place depuis 70 ans et l’écoute des propositions émises à ce sujet par les combattants de la liberté. D’où la question sur notre esprit de responsabilité : kosa nou fé ansanm pou la loi su légalité réel ?

Roger Orlu

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