Billet philosophique

L’union pour libérer
La Réunion : notre priorité ?

25 mars 2011, par Roger Orlu

Plus les effets dramatiques de la politique du pouvoir parisien et de ses complices frappent le peuple réunionnais et plus les citoyens de notre pays prennent conscience de la croissance des défis à relever mais aussi de l’ampleur des changements à réaliser dans tous les domaines, plus le combat pour la liberté à La Réunion — comme ailleurs dans le monde, avec un contenu de classe très concret — s’avère indispensable. D’où cette réflexion : comment créer au mieux les conditions pour gagner ce combat ?

Le premier tour des élections cantonales à La Réunion l’a clairement démontré : l’union des forces politiques ayant constitué une majorité réunionnaise de progrès au Conseil général a permis aux résistants anti-sarkozystes de remporter de premiers succès. Au second tour, nul doute que cette union renforcée permettra de conforter encore cette majorité et de l’élargir plus que jamais.
À l’inverse, on l’a vu parfois, les divisions au sein des forces populaires et démocratiques conduisent à des défaites et empêchent le peuple réunionnais de créer un rapport de forces suffisant face aux profiteurs du système pour changer de politique en faveur des plus pauvres. C’est pourquoi ces profiteurs font le maximum chaque jour pour diviser les Réunionnais, tenter de nous envoyer les uns contre les autres et mettre de l’huile sur le feu pour mieux opprimer notre peuple de multiples façons. C’est le cas de Didier Robert, qui a pour principal objectif — avec les autres conservateurs — de combattre les communistes réunionnais et leurs alliés.

L’exemple du KLÉ

Mais la défaite infligée dimanche dernier au commandeur UMP de la Région prouve à quel point les Réunionnais sont capables de résister à leurs diviseurs. Et bien d’autres événements illustrent ce potentiel extraordinaire de notre peuple, qui lui a permis souvent de réaliser d’importantes avancées politiques, sociales, culturelles… durant nos trois siècles et demi d’Histoire. Rappelons-nous les combats unitaires contre l’esclavage, le statut de colonie, la fraude électorale, toutes les formes de violence et de répression anti-communiste, pour l’égalité sociale, nout kiltir etc.
Le même esprit a animé en grande partie le COSPAR (Collectif des organisations syndicales, politiques et associatives de La Réunion) ou le collectif Kiltir Partou en 2009. Il suffit de voir aussi ce qui se passe, par exemple, actuellement au sein et autour du Kolèktif Lané Élie (KLÉ), où des dizaines d’associations très diverses travaillent ensemble bénévolement avec les collectivités et d’autres partenaires pour donner l’ampleur et le contenu les plus positifs à la célébration du 200ème anniversaire de la révolte des esclaves avec Élie dans la région de Saint-Leu en novembre 1811. Et cela dans toute l’île et tout au long de cette année.

« Un lieu de médiation éducative et citoyenne »

La philosophie du KLÉ correspond à l’esprit de la déclaration publiée ces jours-ci par le Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CPMHE), présidé par la politologue réunionnaise Françoise Vergès. Cette déclaration officielle est parue à l’occasion du 10ème anniversaire du vote de la loi Taubira, par laquelle l’État français reconnaît officiellement que le système esclavagiste qu’il a appliqué dans ses colonies est un « crime contre l’humanité ».
Dans ce document, le CPMHE « invite chacun à marquer le dixième anniversaire de la loi du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité et à s’associer, le 10 mai 2011, à la Sixième journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions ». En conclusion, il « appelle associations, chercheurs, élus, institutions, collectivités, à mobiliser toutes leurs énergies pour qu’enfin l’histoire des esclaves et de leurs descendants soit connue et reconnue, qu’elle ait un lieu de médiation éducative et citoyenne, afin que cesse l’ignorance et que s’épanouisse un vivre ensemble basé sur la reconnaissance et le respect de la diversité ».

Les atouts de la diversité

L’union prônée par ce comité pour ce combat essentiel est valable dans tous les autres combats pour la liberté. Chaque organisation syndicale, politique, associative, etc. qui proclame cet objectif travaille évidemment dans son propre secteur et mène ses actions spécifiques. Cette spécificité et cette diversité doivent être respectées, voire valorisées, car elles constituent des atouts très riches.
En même temps, si l’on n’a pas une vision globale et cohérente des changements fondamentaux à opérer dans tous les secteurs, c’est que l’on n’est pas pour une transformation de notre société pour la rendre humaine et solidaire. Nous devons tout faire pour conjuguer nos combats particuliers et l’intérêt général, nous donner la main pour lier nos luttes spécifiques et communes.
Voilà donc une des questions que nous avons à nous poser très souvent : l’union pour libérer La Réunion est-elle notre priorité ?

Roger Orlu

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Cantonales 2011

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