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« La fraternité, défi du 21e siècle »

Billet philosophique

vendredi 5 juin 2015, par Roger Orlu


Outre les graves problèmes socio-économiques et environnementaux – avec la misère et les inégalités ainsi que les effets des multiples pollutions et du réchauffement climatique –, ce qui tracasse tous les jours de nombreux penseurs dans le monde c’est notamment la violence dans les relations humaines. Beaucoup de Réunionnaises et de Réunionnais partagent ce souci, d’autant plus qu’ils en subissent souvent les conséquences. Que pouvons-nous faire face à ce problème ?


Arnold Jaccoud.

Abdennour Bidar, un philosophe français spécialiste de l’islam, vient de publier un ouvrage intitulé ‘’Plaidoyer pour la fraternité’’, dans lequel il appelle d’urgence ses « frères et sœurs humains de tous bords et de toutes origines » à « œuvrer tous ensemble maintenant à quelque chose de très simple, de très beau et de très difficile à la fois : la fraternité ». Pour lui, « elle est ce qui manque le plus à notre vivre ensemble et ce dont l’absence – ou la rareté – nous fait le plus souffrir ».

Face à ce qu’il considère comme « le défi du 21e siècle », Abdennour Bidar dit que « nous devons lutter pour notre fraternité par tous les outils de la culture, du dialogue, d’une mixité sociale retrouvée à la place de nos ghettos de pauvres et de riches ». Notre devoir est donc « d’agir ensemble sur les causes » du manque de fraternité, à savoir : « les fractures sociales et culturelles toujours plus béantes ».

« Un pouvoir sans écoute »

Ces problèmes de société ont été évoqués de façon très intéressante lors du forum-débat du Centre Saint Ignace des jésuites à Saint-Denis organisé le mardi 3 juin autour des engagements depuis trente ans à La Réunion du psycho-sociologue Arnold Jaccoud. Des engagements qu’il a traduits notamment de façon romanesque dans plusieurs ouvrages comme ‘’Après l’ARAST, la pierre et l’esprit’’, ‘’Le dernier rhum’’, ‘’Sentié krazé, Mafate l’autre histoire’’, ‘’Le ventre du barbare’’…

Face aux divers problèmes sociaux qu’il évoque dans ces livres, Arnold Jaccoud prône « la libération des esprits contre l’inhumanisation qui nous domine » et « une mobilisation des citoyens sans-pouvoir face à un pouvoir sans écoute ». Ces combats sont d’autant plus importants que « nous sommes souvent achetés par les pouvoirs dominants, qui font que nous n’agissons pas assez pour des révoltes significatives », a-t-il conclu le débat.

« Nous libérer nous-mêmes »

Durant ce débat, plusieurs personnalités du monde associatif réunionnais ont apporté leur contribution à la recherche collective de solutions à ces problématiques. Ce fut le cas, par exemple, de l’ancien journaliste Paul Hoarau, pour qui « nous devons nous libérer nous-mêmes ; et dans ce but, nous devons nous rencontrer, en débattre, afin de voir ce qui fait notre force commune pour trouver nous-mêmes nos solutions pour régler les problèmes de notre pays ».

Et selon le Père Stéphane Nicaise, « nous devons mettre un terme à notre déficit de mise en réseau, de mutualisation et de combat collectif ». Voilà une belle préparation de la prochaine Journée Réunionnaise de la Fraternité organisée depuis 7 ans à la fin septembre par le Groupe de Dialogue Inter-religieux de La Réunion afin de relever ce « défi du 21e siècle ».


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