« La pire des attitudes est l’indifférence »

15 mars 2013, par Roger Orlu

Au moment où le peuple réunionnais se rassemble ce vendredi sur l’esplanade des Droits de l’Homme à Saint-Denis pour rendre hommage à Stéphane Hessel, nous ne pouvons pas ne pas revenir dans cette chronique, en quelques mots, sur le combat mené durant toute sa vie par ce grand penseur « citoyen du monde ». En effet, il y a de nombreux enseignements à tirer de ce combat, en se posant surtout la question : comment le continuer, afin d’être vraiment fidèles à ce résistant, indigné, engagé et créateur d’un autre monde, qui met sa vie au service des autres, en donnant ainsi un sens à notre vie…

Il n’est pas question pour nous de sombrer dans l’idolâtrie en faisant l’éloge de Stéphane Hessel. D’autant plus que parmi ses nombreuses qualités intellectuelles et morales, il a toujours fait preuve lui-même d’une grande modestie, comme le montre un des nombreux documentaires présentés mardi dernier par l’Association Initiatives Dionysiennes (A.I.D.) sur la vie et l’œuvre de cet ancien diplomate, qui a notamment contribué à la "Déclaration universelle des droits de l’Homme", adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 1948.

Mais entre le stupide culte de la personnalité et l’oubli criminel — en fait, l’enterrement idéologique et politique — de Stéphane Hessel, n’y a-t-il rien d’autre à faire ? Eh bien, comme il nous l’a dit lui-même dans un entretien avec une journaliste après la parution de son livre "Indignez-vous !", « sur vos épaules repose le monde de demain ».

« Un partage des richesses plus équitable »

Si nous voulons donc assumer nos responsabilités, il y a beaucoup de choses à retenir des paroles et des écrits comme des actions de Stéphane Hessel. En particulier, nous devons « analyser pourquoi une situation est inacceptable et comment nous devons la contester ; mais pour faire en sorte que cela fonctionne mieux », car « il ne suffit pas d’être insatisfait, il faut aussi utiliser les moyens dont nous disposons pour que les choses changent ».

En effet, « l’indignation pour l’indignation est sans intérêt, c’est ce qu’on va faire qui compte », disait-il dans un entretien avec "l’Humanité-Dimanche" en avril 2011, quelques jours après la sortie de son complément "Engagez-vous !". Dans cet ouvrage comme dans le précédent, il « dénonce le système économique actuel, fondé sur le profit individuel, et propose un partage des richesses plus équitable », car il y a une « aggravation de l’écart entre les riches et les pauvres ».

"Le pouvoir au peuple"

Une autre grande cause défendue par Stéphane Hessel et qui concerne également le peuple réunionnais est le combat pour "le pouvoir au peuple", autrement dit : la démocratie. En effet, dit-il, « nous vivons une période où, derrière la notion de démocratie, il y a des réalités qui ne sont pas satisfaisantes. Il faut trouver de nouveaux moyens de faire fonctionner les rapports entre les citoyens et ceux qui les gouvernent. Plus d’inventivité politique obligerait nos institutions à de nouvelles formes de fonctionnement ».

Ces idées font partie du « parcours de vie vraiment exemplaire » de Stéphane Hessel, comme le dit Julien Laupêtre, résistant et président du Secours populaire français, et on les retrouve dans son dernier livre, paru le 6 mars, soit dix jours après son décès, sous le titre : "À nous de jouer !". Comme il l’a écrit dans "Indignez-vous !", il y a cette phrase qui pourrait résumer toute sa vie, selon un journaliste de "l’Humanité-Dimanche" : « La pire des attitudes est l’indifférence ».

Roger Orlu

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