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Billet philosophique
4 décembre 2009
Suite à la chronique de vendredi dernier consacrée à un texte de José Macarty sur ’La philosophie réunionnaise ou les rencontres improbables’, nous avons reçu un texte de Reynolds Michel sur ’La question de la philosophie réunionnaise’. Nous publions ci-après de larges extraits de ce texte du président de l’association Espace pour Promouvoir l’Interculturel (EPI). Le débat fraternel pour faire vivre et promouvoir la philosophie à La Réunion afin de transformer la société continue…
Trois siècles d’esclavage, d’engagisme et de colonialisme dans le même espace ont développé chez des populations culturellement différentes un nombre considérable de traits culturels communs, issus de l’entrecroisement de leurs patrimoines ethno-culturels et du métissage. Et ce, à leur insu et dans des contextes de domination et d’exploitation, de violence et de douleur extrêmes.
Ils (esclaves africains, malgaches, comoriens, malais, engagés indiens, gujaratis musulmans, chinois, colons européens) ont vécu, dans cette entreprise de déshumanisation et de choc culturel qu’est la société de plantation, un phénomène d’interaction, de convergence, de rejet, de recréation, générant une nouvelle langue (le créole réunionnais), de nouvelles formes de culture et de nouvelles pratiques sociales et religieuses.
Une base culturelle commune
C’est dire que tous les Réunionnais partagent une base culturelle commune, issue d’interactions entre porteurs de traditions culturelles différentes. Un patrimoine qui évidemment n’a cessé et ne cesse de s’enrichir en permanence.
Néanmoins, ce partage d’un tronc culturel commun à tous les Réunionnais n’a pas empêché les différents groupes ethnoculturels de l’île de conserver et de transmettre leur culture d’origine, actuellement en développement exponentiel. Donc, coprésence dans le pays de plusieurs cultures originelles qui continuent à se rencontrer, tout en étant en recompositions permanentes par réappropriations d’éléments en provenance de leur source d’origine respective. Et une culture globale — notre base commune culturelle — toujours en interaction, non seulement avec nos cultures particulières, mais aussi avec la culture moderne occidentale, donc également en transformation permanente.
Si l’on estime qu’il faut élaborer à tout prix une philosophie réunionnaise, faut-il le faire seulement à partir de notre culture globale (coutumes, mœurs, habitudes, règles, normes, modèles et système de valeurs de cette culture) ? Cette culture globale prend-t-elle suffisamment en compte les éléments fondamentaux de nos cultures originelles ? Et pourquoi pas plusieurs philosophies réunionnaises ?
Construction d’une philosophie réunionnaise
On comprend que celles et ceux qui veulent proposer la société réunionnaise comme un modèle de vivre-ensemble, un creuset où se sont fondues nos diverses cultures particulières à travers un processus de créolisation, optent pour donner un fondement philosophique à notre culture globale, entendue comme la source matricielle commune à toutes nos cultures originelles.
Se pose alors la question : comment construire cette philosophie réunionnaise en s’appuyant sur les manières d’être, de penser et d’agir des Réunionnais (consensus à dégager) ?
Comment, à partir de cette vision de la réalité ou conception du monde et au besoin contre elle élaborer une pensée philosophique en soumettant son discours à « des critères de validité du jugement, (afin) de définir des concepts et des procédures de raisonnement susceptibles de fonder un partage entre jugements vrais et jugements faux » (1) ?
Et quelle tâche assigner à cette philosophie pour aider les Réunionnais à vivre dans le présent et anticiper l’avenir, tout en s’appuyant sur le passé ?
Il convient de rappeler ici que tout n’est pas philosophique et qu’on ne peut en conséquence « appeler "philosophie" toute tendance de pensée, toute orientation générale et même pas toute "conception du monde et de la vie" », écrit Gramsci (2).
Développer des vraies pratiques philosophiques
La philosophie, c’est l’affaire de la raison, ou de la rationalité si l’on préfère. Certes, les méthodes et les approches sont nombreuses et diverses et l’on peut philosopher sur n’importe quel objet. Mais c’est la manière de traiter l’objet qui valide une réflexion comme philosophique : « une certaine radicalité ouverte du questionnement, la puissance conceptuelle, la poursuite indéfinie de la rationalité, la quête d’une explication première ou ultime, l’exigence de vérité, mais sans preuve, d’universalité, mais toujours singulière, de totalité, mais toujours à reprendre ou à recommencer » (3).
La société réunionnaise est aujourd’hui confrontée à de nombreux défis qu’elle doit relever. Il nous faut les identifier en recherchant ensemble les solutions à apporter. C’est là que la philosophie entre en jeu. Comment peut-elle, en respectant l’exigence de transversalité, faire siennes nos problématiques, les éclairer et les analyser ? Nous sommes invités à agir, à développer des vraies pratiques philosophiques. « Les philosophes ont seulement interprété le monde de différentes manières ; il s’agit de le transformer » (Karl Marx – "Thèses sur Feuerbach").
Reynolds Michel
* Merci d’envoyer vos critiques, remarques et contributions afin que nous philosophions ensemble… ! [email protected]
(1) Michel Hénaff, "Claude Lévi-Strauss, le passeur de sens", Edit. Perrin, 2008, p. 36-37.
(2) Antonio Gramsci , in "Gramsci" par Jacques Texier, Editions Seghers, 1966, p. 106.
(3) André Comte-Sponville, "La philosophie", Que Sais-je ? n° 3728, p. 20.
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