Billet philosophique

« Le développement durable : une valeur réunionnaise, dès le plus jeune âge »

15 avril 2011

En guise de ’billet philo’, cette semaine ’Témoignages’ vous propose le communiqué publié hier par le Cercle philosophique Réunionnais pour tirer des enseignements de l’édition 2011 de la Semaine du Développement Durable (1er–7 avril). Les inter-titres sont de ’Témoignages’.

Une fois de plus, cette année, le Cercle Philosophique Réunionnais a participé à la Semaine du Développement Durable. Il a notamment organisé deux conférences-débats — à Saint-Denis et à Saint-Pierre — avec la participation de Darmapalah Seethanen (vice-président du Conseil de la Culture, de l’Éducation et de l’Environnement), afin d’échanger des idées avec le public sur la philosophie comme outil du développement durable. Il a également organisé un "concours philo" pour des élèves des classes primaires et secondaires, dans le cadre du Village Portois du Développement Durable, avec le soutien des services communaux et de plusieurs enseignants.
Ces deux actions ont connu un réel succès, aussi bien par le nombre des participants que par la qualité des échanges et des prestations. Le Cercle Philosophique Réunionnais remercie donc tous les adultes et enfants qui ont contribué à cette réussite et félicite les associations comme les institutions qui se sont impliquées dans l’édition 2011 de cette Semaine dans toute l’île à travers de nombreux projets.

Le sens de la responsabilité

Le développement durable s’appuie sur l’être humain et son sens de la responsabilité à l’égard d’autrui et de la planète. Il vise un progrès qui permettrait de répondre aux besoins des générations actuelles sans nuire aux conditions d’existence des générations futures. Se développer sans nuire à la planète, sans laisser personne de côté, en adoptant un nouveau mode de gouvernance qui implique davantage les citoyens, n’est-ce pas une belle démarche éthique à soutenir ? Une démarche qui nous dépasse, tout en nous concernant intimement ?
N’est-ce pas nous qui choisissons les personnes qui nous gouvernent et orientent le devenir de notre société ? Certes, mais faire triompher l’éthique de la responsabilité sur les comportements irresponsables n’est pas chose aisée. Ces comportements, qu’ils soient l’œuvre des citoyens, des entreprises ou du monde politique, ne disparaîtront pas d’eux-mêmes car ils sont inscrits dans la logique de ce que Gilles Lipovetsky nomme l’hypermodernité. Désinvestissement du social pour le privé et jouissance effrénée contre altruisme, tels seraient les effets pervers de notre société de consommation.

Démocratiser la philosophie

Heureusement, l’hypermodernité n’a pas que des aspects négatifs car elle fait ressortir paradoxalement la responsabilité des uns et leur engagement... « La société de consommation de masse, émotionnelle et individualiste, permet la cohabitation d’un esprit de responsabilité à géométrie variable et d’un esprit d’irresponsabilité... », selon Sébastien Charles, commentateur de Lipovetsky. Et c’est cette responsabilité que nous entendons renforcer. « Jamais une société n’a laissé une autonomie et une liberté individuelles aussi larges s’exercer, jamais son destin ne s’est trouvé autant lié aux comportements de ceux qui la composent », poursuit le penseur. L’avenir dépend de nous. Ici et maintenant. Voilà le message.
D’où la nécessité de prendre la bonne direction, de démocratiser davantage cette pratique de la réflexion, du questionnement et de l’esprit critique qu’est la philosophie, tout en pensant en Réunionnais. Pour que nous soyons acteurs de notre développement et conscients de ses enjeux. Et pourquoi ne pas proposer des valeurs nouvelles autour de ce rêve socio-politique qu’est le développement durable ?

Une semaine ne suffit pas !

Nous, Réunionnais, qui sommes investis de valeurs métisses, qui sommes concernés par la diversité humaine, pourquoi ne pas être des moteurs en ce domaine ?
Les quelque 130 élèves d’écoles primaires et lycéens qui ont participé au concours philosophique sur les conditions du développement durable, eux, ont prouvé leur intérêt comme leurs compétences pour cette réflexion. Et l’UNESCO, au niveau mondial, a souligné que « la philosophie est une école de la liberté ».
Plus que jamais, donnons-nous donc la main pour créer ensemble les conditions du développement durable. Une semaine ne suffit pas !

Aude-Emmanuelle Hoareau,
présidente du Cercle Philosophique Réunionnais

(*) Merci d’envoyer vos critiques, remarques et contributions afin que nous philosophions ensemble… ! [email protected]


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