Billet philosophique

Le poids de la corruption

22 novembre 2013

De nombreux chercheurs et philosophes dans le monde mettent l’accent actuellement sur le fait que nous avons tendance à ignorer l’importance de la corruption dans nos sociétés, alors que celle-ci a des conséquences très graves sur notre vie quotidienne. Posons-nous donc la question : en quoi la corruption d’une grande partie du monde socio-économique, politique et médiatique à La Réunion comme ailleurs dans le monde constitue-t-elle un problème de fond, fortement sous-estimé ?

Les responsables du Groupe de Dialogue Inter-religieux de La Réunion lors de leur conférence-débat à Saint-Paul le 13 novembre dernier. « Nou donn la main pou not’ destin ».

Tout d’abord, que signifie le concept de corruption ? Il évoque le fait qu’un grand nombre de détenteurs de pouvoirs de décisions concernant les autres citoyens sont corrompus, c’est-à-dire imprégnés, obsédés, fascinés et pourris par les intérêts financiers personnels. Autrement dit, par leur profit individuel et donc par leur accumulation d’argent au détriment des autres. D’où ce partage inégal et discriminatoire — voire criminel — des richesses aux dépens des plus pauvres, des chômeurs, des précaires, des exclus et autres personnes privées de leurs droits humains fondamentaux comme de moyens de vivre décemment.

Cette exclusion des plus pauvres par la corruption des plus riches nous fait penser à toutes ces victimes du système capitaliste, qui sont prises en otages par les plus riches et autres profiteurs. Et ce système d’exclusion n’est jamais mis en cause par les corrompu(e)s qui en profitent.

«  M’élever aux dépens d’un autre ? »

Voilà pourquoi il nous paraît très important de réfléchir à ce message fort intéressant de la Directrice générale de l’UNESCO à l’occasion de l’édition 2013 de la Journée mondiale de la Philosophie, placée cette année sous le thème : “Des sociétés inclusives, une planète durable”. « Cette journée est une invitation à repenser les conditions de l’inclusion et de la durabilité dans des sociétés plus diversifiées, plus interconnectées entre elles et avec leur environnement », déclare Irina Bokova.

Elle ajoute : «  Dans ce monde aux ramifications multiples, le développement durable dépend d’abord de la prospérité commune, aussi bien entre les États et à l’intérieur des sociétés. Dans un monde de diversité, l’inclusion passe plus que jamais par le dialogue et le respect de la justice, de la dignité humaine, des droits humains. Tel était le Message de Swammi Vivekananda dont nous célébrons le 150ème anniversaire : "M’élever aux dépens d’un autre ? Je ne suis pas venu sur Terre pour cela !" ». Et elle conclut : « Dans ce monde aux multiples fractures, la philosophie joue un rôle irremplaçable pour penser et agir dans le sens de la dignité humaine et de l’harmonie ».

« Nou sobat’ pou la zistis ek la solidarité »

Quand on voit ce qui se passe à La Réunion, avec l’accumulation des problèmes sociaux, politiques, culturels et environnementaux, on mesure à quel point cet appel de la Directrice générale de l’UNESCO mérite d’être appliqué au mieux et au plus vite chez nous et par nous-mêmes, si nous ne voulons plus être dominés par les comportements des corrompu(e)s. Des comportements marqués par des attitudes à la fois irrationnelles, agressives, impulsives et injustes, qui sont en contradiction avec les "beaux discours" souvent tenus par ces mêmes personnes.

Cette lutte contre la corruption dans notre pays et dans le monde va tout à fait dans le sens de ce que proposent des démocrates réunionnais, favorables à un pacte de développement humain, responsable et solidaire pour La Réunion, partagé par un maximum de nos compatriotes. Elle rejoint aussi les idées très fortes émises le 13 novembre dernier par le Groupe de Dialogue Inter-religieux de La Réunion (GDIR) lors d’une conférence-débat à Saint-Paul en faveur d’un large rassemblement du peuple réunionnais et qui proclame dans son appel pour "La Réunion, notre île de fraternité" : « Nou sobat’ pou la zistis ek la solidarité. Nou donn la main pou not’ destin ».

Roger Orlu

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