Billet philosophique

Les suites du 10 Mai

15 mai 2020, par Roger Orlu

Pour diverses raisons — notamment le confinement lié à la crise sanitaire —, ce 10 mai, la ‘’Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions’’ a été relativement peu célébrée en France mais aussi à La Réunion. En raison de l’importance de cette célébration, nous vous proposons quelques réflexions sur l’origine et les perspectives de cette commémoration du 10 Mai.

D’abord, nous rappelons que c’est en 2006 qu’a été créé cet événement par Jacques Chirac, un ancien président de la République, suite à la ‘’Loi Taubira’’ votée le 10 mai 2001, où la République française reconnaît officiellement pour la première fois que la traite et l’esclavage sont « des crimes contre l’humanité ». N’oublions pas non plus que cette loi a été votée en concertation des députés communistes réunionnais avec des dirigeants socialistes de France et d’Outre-Mer, dont la députée guyanaise Christiane Taubira.
Cela se faisait dans la continuité du combat mené dans ce sens depuis plusieurs années par Paul Vergès avec le Parti Communiste Réunionnais, pour que notamment le 20 Décembre, date de l’abolition de l’esclavage à La Réunion, soit reconnu férié et célébré en tant que Fête Réunionnaise de la Liberté.

La révolte des esclaves en 1811

Ce combat pour la culture de notre mémoire historique vient de faire l’objet d’un débat, avec le « Droit de réponse à l’article de M. Gilles Gauvin : ‘’La traite des Noirs, la place de l’enseignant entre devoir d’histoire et devoir de mémoire’’, mis en ligne sur le site du Musée de Villèle, dont le conservateur est M. Jean Barbier ». Ce ‘’Droit de réponse’’ est exprimé par William Cally, auteur-réalisateur réunionnais, responsable de Kapali Studios Création.
Selon lui, « nous ne pouvions évidemment pas faire autre chose que réagir et activer notre droit de réponse. L’article évoqué est censé contribuer à la ‘’Commémoration de l’Abolition de l’Esclavage’’ du 10 mai ». Or William Cally reproche notamment à Gilles Gauvin de « dénigrer à titre posthume Sudel Fuma, l’un des Réunionnais les plus admirables qu’il m’ait été donné de rencontrer dans mon existence ». Et ce débat concerne en particulier la révolte des esclaves dans la région de Saint-Leu en 1811 avec Éli.

‘’La route de l’esclave et de l’engagé dans l’océan Indien’’

Précisément, au sujet de Sudel Fuma, pour commémorer l’esclavage et renforcer les liens entre les peuples de notre région, ne faut-il pas continuer et renforcer une des plus grandes œuvres de cet historien réunionnais et directeur de la Chaire de l’UNESCO à l’Université de La Réunion : ‘’La route de l’esclave et de l’engagé dans l’océan Indien’’ ? Rappelons que cela s’est fait de 2004 à 2013, en passant par Madagascar, La Réunion, le Mozambique, l’Île Maurice, l’Inde et la Chine. Et des stèles de mémoire ont été installées à Fort Dauphin (Madagascar), à Saint-Paul (La Réunion), à l’Ile du Mozambique (Afrique), à Pondichéry (Inde), à Song Kou, dans la province de Guangdong (Chine).
À l’occasion de cette dernière étape, avant son décès en 2014, Sudel Fuma avait notamment déclaré : « Tous les pays et continents de la zone océan Indien qui ont peuplé les Îles Mascareignes et plus particulièrement La Réunion sont désormais reliés symboliquement par ces monuments de la mémoire. Un hommage aux ancêtres destiné à traverser le Temps et un message de paix et de réconciliation pour les générations futures… ». Voilà une des suites à donner peut-être à la célébration du 10 Mai…

Roger Orlu

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