Billet philosophique

« Liberté ! Liberté ! Liberté ! »

9 décembre 2011, par Roger Orlu

La libération du peuple réunionnais — comme celle de tous les peuples de la Terre —, victimes des oppressions et des injustices inhumaines que leur imposent les classes dominantes avec leur système socio-économique et idéologique barbare, est-elle la priorité de nos actions quotidiennes ? L’union des Réunionnais pour mener ce combat jusqu’à la victoire est-elle prioritaire face aux comptes personnels à régler que cultivent les diviseurs ?

Au moment où nous allons célébrer la Fête réunionnaise de la Liberté, quel contenu transformateur de notre société allons-nous donner à cette commémoration de l’un des principaux événements de notre Histoire ? Au lieu de la transformer en une fête folklorique, sirupeuse et clientéliste comme le fait la Région, allons-nous au contraire continuer à en faire essentiellement une nouvelle étape de la lutte de libération de notre peuple ?
Ces questions trouvent déjà pas mal de réponses plutôt positives et encourageantes dans l’actualité réunionnaise, même si les médias dominants en parlent très peu. Nous pensons par exemple à cet extraordinaire festival du film documentaire organisé du 2 au 9 décembre au Cinéma Plaza de Saint-Denis par l’association Protéa et intitulé "Les Révoltés de l’Histoire", qui nous présente les combats admirables pour la liberté menés par de grands militants comme Bob Marley, Martin Luther King, Malcom X, Aimé Césaire, Frantz Fanon, Nelson Mandela, Patrice Lumumba et l’esclave réunionnais Élie (ce soir à 19 heures).

Non au pillage des Réunionnais

Un grand nombre de Réunionnais ont suivi ces séances et participé aux débats, en exprimant leur soutien aux luttes de libération menées par ces résistants courageux, déterminés et solidaires des peuples du monde. Nous pouvons citer aussi d’autres actions où des compatriotes ont exprimé leur solidarité avec ces grandes causes de l’humanité ; ce fut le cas notamment lors des diverses projections du film "Sucre amer" de Yann Le Masson (1963), qui nous rappelle les mobilisations massives du peuple réunionnais avec les communistes comme Paul Vergès contre la fraude électorale massive et violente, la répression coloniale, la misère et la négation de l’identité réunionnaise dans les années 60.
Cette résistance continue aujourd’hui dans toutes les actions en faveur d’un développement durable, c’est-à-dire libre, démocratique et solidaire. Nous pouvons citer la mobilisation de centaines de personnes contre le gaspillage scandaleux du nouveau projet de route littorale, ainsi que la dénonciation du pillage des Réunionnais les plus pauvres, qui devront rembourser pendant 40 ans au moins 1.700 millions d’euros suite à un emprunt de la Région pour remplir le trou creusé dans le budget de la collectivité par ses détournements ; il y a aussi les combats de l’Alliance des Réunionnais contre la pauvreté (ARCP), de l’Alliance des jeunes pour la formation et l’emploi à La Réunion (AJFER) et d’autres organisations contre le non-respect des droits de centaines de milliers de Réunionnais au travail, au logement, aux moyens de vivre décemment et surtout au pouvoir de décider eux-mêmes ce qu’il faut faire dans leur pays.

Un cancer en voie de généralisation

Au-delà de ces luttes sociales très importantes, il convient de signaler également la mobilisation lancée par Élie Hoarau et les autres dirigeants du Parti communiste réunionnais (PCR) pour continuer à promouvoir les valeurs fondamentales et les principes essentiels du communisme dans leur organisation et dans la vie politique en général. Nos sociétés sont tellement victimes du cancer en voie de généralisation qu’y suscite le monde du capital et du marché — appuyé par l’idéologie bourgeoise — que le combat pour nous libérer de cette dictature financière au profit du bien commun est d’une urgence absolue.
D’où l’importance aussi de célébrer le 20 Désanm dans l’esprit du "Manifeste pour une pensée créole réunionnaise" (1) et de ces jeunes qui ont défilé dans les rues de Saint-Leu le 8 novembre dernier pour rendre hommage à nos ancêtres esclaves révoltés de 1811, en criant : « Liberté ! Liberté ! Liberté ! ». Voilà le combat fondamental à mener, tous unis et solidaires pour la liberté de notre peuple et pour la fraternité réunionnaise.

Roger Orlu 

(1) Le livre est disponible en librairie (12 euros), distribué par Océan Éditions. Il peut aussi être téléchargé sur le site Numilog en version ebook pour 6 euros.

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