Billet philosophique

« Lidantité rényonèz lé an lèr ! »

11 septembre 2015, par Roger Orlu

Un nouvel événement illustre à quel point, face à la politique d’intégration mécanique qui domine le peuple réunionnais, celui-ci résiste avec force pour faire reconnaître et valoriser son identité spécifique et pour faire respecter ses droits fondamentaux. Il s’agit de la rencontre et de la séance de dédicace organisées le samedi 5 septembre dernier au théâtre du Grand Marché à Saint-Denis pour le 12éme roman de Jean-François Samlong, intitulé ‘’Hallali pour un chasseur’’ et qui vient de paraître aux éditions Gallimard.

Jean-François Samlong avec Tiloun. (photo Sandra Emma)

À cette occasion, les organisateurs et partenaires de cet événement, comme Marie-Jo Lo-Thong (DAC-OI) et Philippe Vallée (président de La Réunion des Livres), ont souligné les charmes des fictions racontées dans ce roman mais aussi les enseignements à en tirer à partir de leurs liens avec notre Histoire durant l’esclavage. L’auteur lui-même, a déclaré qu’au-delà des émotions que l’on peut ressentir par exemple devant les horreurs de la chasse aux esclaves marrons, « il faut que l’on passe à l’acte face aux problèmes de notre société ».
Pour Jean-François Samlong, « il faut faire un changement radical en nous et dans notre société ; celle-ci ne changera pas si nous-mêmes ne changeons pas ». Concrètement, dit-il, pour aller dans ce sens, « nous devons être à 200 pour 100 solidaires afin de faire évoluer notre vivre ensemble ». Voilà les leçons que tire ce grand écrivain réunionnais de « toutes les violences de notre Histoire » jusqu’à aujourd’hui…

Un public nombreux et solidaire

Outre la qualité de ses propos, ce qui a marqué cette rencontre c’est le soutien très fort apporté par un grand nombre de personnalités du monde culturel réunionnais au président de l’Union pour la Défense de l’Identité Réunionnaise (UDIR). « C’est la première fois qu’il y a eu autant de monde à une dédicace à La Réunion », a déclaré un des organisateurs.
Parmi ce public nombreux et solidaire, on peut citer des responsables d’institutions et d’organisations associatives comme Roger Ramchetty, président du Conseil de la Culture, de l’Éducation et de l’Environnement (CCEE), et Idriss Issop-Banian, président du Groupe de Dialogue Inter-religieux de La Réunion (GDIR). On peut citer aussi des écrivains, poètes, universitaires etc… comme Emmanuel Genvrin, Antoine Pitchaya, Paul Hoarau, Carpanin Marimoutou, Pierre-Louis Rivière, Brigitte Croisier, Didier Delezay, Serge Fabresson…

« Nout lidandité zot i rofoul »

Il y a eu aussi plusieurs artistes qui ont apporté leur chaleureuse contribution à la réussite de cette rencontre culturelle lors d’une animation littéraire (Annie Darencourt, Dominique Carrère, Christophe Langrome, Patrice Treuthardt) et musicale (Amélie Burtaire, Jim Fortuné, Tiloun, Gaël Velleyen du groupe Kréolokoz). Ce dernier a notamment chanté des extraits de son dernier album intitulé ‘’Fanal pou bann zétwal la pér briyé’’, dont ‘’Lèt d’in n’ilétré’’.
Ce chant dénonce les classes dominantes qui à La Réunion, « dan zot kolonialité, nout lidandité zot i rofoul » ; mais il ne perd pas l’espoir : « Krwa amwin, la pa lo rèv i mank, é mwin na konm linprésion i fé tout pou k’mon rèv i palank ». C’est pourquoi, comme nous l’a dit notre ami Georges Gauvin, grand spécialiste de la lang kréol La Rényon, « oplis i sava, oplis lidantité rényonèz lé an lèr ! ».

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