Billet philosophique

Lorizon nout pèp lé ouvèr

21 septembre 2012, par Roger Orlu

Plusieurs événements, très différents, ont illustré cette semaine comme d’habitude la gravité de la situation sociale à La Réunion et l’urgence, mais aussi la profondeur des changements à apporter à notre société dans tous les domaines par une nouvelle gouvernance politique. Une gouvernance réunionnaise démocratique, au service avant tout des plus pauvres.

Parmi ces événements, nous pouvons citer les violences intra-familiales, les suicides et autres "faits divers" tragiques qui illustrent le désarroi et le manque de perspectives dont souffrent de plus en plus de nos compatriotes victimes des inégalités sociales et des carences des services publics. Il y a eu également plusieurs actions populaires pour résister à la politique néfaste qui est à la source de ces problèmes.
À ce sujet, nous voudrions essayer de tirer quelques enseignements du documentaire d’Anaïs Charles-Dominique et Laurent Médéa diffusé mardi soir par Réunion 1ère Télé sous le titre "L’horizon cassé". Ce film retrace l’importance des émeutes déclenchées en février 1991 au Chaudron par une décision du pouvoir — l’interdiction de Télé Free Dom — et la force du soulèvement populaire face aux injustices de cette époque.

« Une société plus libre »

Outre le rappel détaillé de cet événement ayant marqué la fin du 20ème siècle dans notre pays, le documentaire donne la parole à de nombreux acteurs et témoins des émeutes, qui soulignent les causes profondes de la révolte. Ces causes sont l’ampleur du chômage, de la pauvreté, de la précarité, etc., dont souffraient de nombreux Réunionnais, qui se sont battus pour « une société plus juste, plus humaine, plus égalitaire et surtout plus libre », comme le dit notamment Camille Sudre.
L’autre force de ce film est d’avoir donné la parole à plusieurs intervenants qui ont mis l’accent sur l’aggravation de la crise sociale dans le pays 21 ans après, avec notamment 60% des jeunes frappés par le chômage. Comme le dit Anaïs Charles-Dominique, ce chômage est « écrasant » et un jeune du Chaudron a déclaré : « nos mains sont emprisonnées par l’argent », « c’est une forme d’esclavage » dans une société coupée en deux mondes : La Réunion des riches et La Réunion des pauvres.

Malaise social

Mardi après-midi, lors de l’émission animée par Claude Montanet à la radio de Réunion 1ère, les réalisateurs du film ont également aidé les Réunionnais à prendre conscience de la gravité de la situation aujourd’hui. Ainsi, Anaïs Charles-Dominique a rappelé que « le malaise social bouillonne et finit par éclater ». Et le sociologue Laurent Médéa a souligné que « le malaise social génère beaucoup d’auto-destruction » chez les victimes du système.
De nombreux auditeurs sont aussi intervenus pour dire qu’il faut mettre un terme à un système où « bann gro zozo lé pou La Rényon dé rish kont La Rényon dé pov » et que « l’on ne changera rien si l’on n’attaque pas les bourgeois et les bien-pensants ». C’est pourquoi on comprend que les réalisateurs de "L’horizon cassé" ont été inspirés par une chanson très émouvante de Thierry Gauliris pour donner le titre à leur film. Cette chanson du groupe Baster est intitulée "Lorizon kasé" et nous dit : « Granmatin kan mwin lévé, lorizon mon pèp lé kaskasé ; kasé dan trin lasistans, sinonsa lo trin légalité ».
Lé vré. Mé si nou kontinié batay nout tout ansanm pou la libérasyon nout péi, uni é solidèr, lorizon nout pèp lé ouvèr…

Roger Orlu

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