Billet philosophique

« Na lévé ! »

24 novembre 2017, par Roger Orlu

Ces derniers jours, nous avons eu à nouveau plusieurs illustrations des atouts de la diversité culturelle réunionnaise, avec des réflexions variées sur les problèmes de notre société et en même temps la défense de valeurs humaines fondamentales. Ces convergences ne sont-elles pas à cultiver pour relever de façon libre et responsable les défis actuels et à venir ? Une question que l’on peut se poser suite à trois rencontres culturelles.

Un moment de recueillement du Komité Éli au Piton Rouge devant la tombe du Roi Phaonce, en hommage aux ancêtres marons, combattants de la liberté.

Premier exemple : la conférence du philosophe Bernard Jolibert avec les Amis de l’Université le 18 novembre au CREPS de Saint-Paul sur ‘’l’humanisme intégral de Montaigne’’. L’œuvre de Michel Eyquem de Montaigne (1533 – 1592), ancien maire de Bordeaux, fut présentée notamment comme celle d’un défenseur de l’être humain.

À ce sujet, comme l’a souligné Bernard Jolibert, ce philosophe français a notamment, déclaré que « nous devons penser sur la base de notre connaissance pour vivre le moins mal possible », pour savoir « ce que nous devons faire », et « comment nous dévouer aux autres ». Nous pouvons citer aussi ce rappel du conférencier : Montaigne a été fidèle à ses engagements — malgré la répression par le pouvoir monarchique —, en particulier contre « la division qui entraîne l’atrocité des guerres qui sont inhumaines » ; et le fait qu’il a déclaré : « N’oublions pas que nous sommes tous frères ». D’où bien des choses à revoir…

« La puissance de l’union »

Second exemple : la rencontre organisée le même jour à Saint-Denis par le centre réunionnais de Sûkyô Mahikari, « une organisation internationale qui transmet la pratique d’un art spirituel et un enseignement de principes universels qui sont à la base de l’épanouissement de la Création ». Cette organisation a été fondée en 1959 au Japon par Kôtama Okada, elle a des centres « dans plus de 70 pays » et elle « offre une vision globale qui ouvre pour les êtres humains la possibilité d’expérimenter un mode de vie nouveau, en harmonie avec eux-mêmes, avec les autres et avec leur environnement naturel ».

Lors de cette rencontre, Maryse Merle, la responsable du centre, a notamment souligné que « nous devons faire de notre terre un paradis pour tous les humains grâce à la puissance de l’union ». Et un jeune du centre, Olivier, a cité par exemple comment il a pu participer à un projet humanitaire international visant à réaliser « une grande plantation d’arbres d’une quinzaine de km de large qui traverse toute l’Afrique pour favoriser le reboisement naturel du continent ».

« Mourir debout »

Dernier exemple : la randonnée mémoire organisée le lendemain par le Komité Éli au Piton Rouge (dans les Hauts de Saint-Leu et Trois-Bassins) dans le cadre de la célébration de l’anniversaire de la révolte des esclaves en novembre 1811. Une journée très riche en termes de rencontres, d’échanges, de connaissances et d’émotions devant plusieurs sites de ce « haut-lieu du maronage », comme par exemple les cavernes et tombes des esclaves marons, ainsi que les belles statues créées par Gilbert Clain à ce sujet.

Comme l’a dit Yvrin Rosalie, président du Komité Éli, nous devons vraiment être fidèles à ces ancêtres, combattants réunionnais de la liberté, car « il vaut mieux mourir debout que vivre à genoux ». D’où ce célèbre chant d’Arsène Cataye du groupe Rézonans proclamé devant la tombe du Roi Phaonce : « Si fo lévé, donn na lévé ! ».

Roger Orlu

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