Billet philosophique

« Non aux rancunes, oui aux convergences »

17 novembre 2017, par Roger Orlu

Quel est notre état d’esprit face aux responsabilités que nous avons à assumer en tant que Réunionnais pour prendre en mains, en commun, le destin de notre pays ? C’est une des questions philosophiques que l’on peut se poser face aux défis à relever à La Réunion, dans notre région et dans le monde sur le plan économique, social, environnemental, culturel et institutionnel.

Un moment de recueillement en hommage aux ancêtres engagés avec l’association Miaro le 11 novembre aux Lazarets.

Sur le plan culturel, on peut souligner les hautes qualités de l’état d’esprit cultivé par exemple ces jeudi 9 et vendredi 10 novembre à la Faculté des Lettres au Moufia au nouveau colloque international sur le thème : ‘’Plurilinguisme et réussite scolaire’’. Ce colloque, intitulé ‘’Féklèr - Rencontres’’, a été organisé par Lofis la lang kréol La Rényon et le Centre Interdisciplinaire de Recherche sur la Construction Identitaire (CIRCI) de l’Université de La Réunion, en partenariat avec l’Université de l’île Maurice et celle d’Haïti.

Pendant deux jours, des spécialistes de l’éducation venus de plusieurs pays créoles ont eu des échanges très riches sur la nécessité et les moyens de libérer nos peuples des préjugés négatifs sur le plurilinguisme afin de valoriser ses atouts pour développer notre connaissance et améliorer notre santé mentale. Et dans cet esprit, comme l’a dit le recteur de l’Académie de La Réunion, « nous avons un tas de choses à faire ensemble pour avancer rapidement dans l’apprentissage du créole ».

« La sérénité et la paix intérieure »

On a retrouvé cette même ambiance coopérative, créative et innovatrice ce samedi 11 novembre aux Lazarets de la Grande Chaloupe lors de la traditionnelle Journée commémorative en souvenir de nos ancêtres travailleurs engagés, victimes de l’engagisme mis en place par l’État colonial français après l’esclavage. Cette commémoration s’est déroulée dans des conditions très émouvantes, marquées par la diversité dans l’unité pour rendre hommage à ces ancêtres et renforcer ainsi notre solidarité afin de construire un meilleur vivre ensemble dans la responsabilité réunionnaise.

Tous les organisateurs et partenaires de cette journée ont déclaré et démontré de diverses façons qu’il est indispensable de lutter ensemble pour « maintenir vivante la mémoire de notre peuple afin de bâtir notre avenir ». Un avenir meilleur, à créer « dans la sérénité et la paix intérieure », comme l’a dit l’universitaire Charlotte Rabesahala de l’association Miaro.

« Une logique de communion »

Ces principes de base à appliquer sans cesse au mieux ont été défendus avec force lors des cérémonies organisées par le Parti Communiste Réunionnais le dimanche 12 novembre au Port et le mercredi 15 novembre à Sainte-Suzanne pour rendre hommage à son fondateur Paul Vergès, un an après son décès. De nombreux militants de toutes les générations et d’organisations différentes ont déclaré à cette occasion que pour être fidèle aux combats de ce grand combattant réunionnais de la liberté, il faut dire « non aux rancunes et oui aux convergences ».

D’où l’importance, comme l’a dit Gilles Leperlier, de cultiver des valeurs comme la solidarité et de remplacer les règlements de comptes par le dialogue, la bienveillance, l’empathie et la communion pour le bien commun. Cela va dans le même sens de ce qu’a mis en avant Mgr Gilbert Aubry le samedi 11 novembre lors d’une célébration à Saint-André pour tourner la page des 5 siècles de guerres de religions entre certains catholiques et protestants : « Nous sommes passés d’une logique de conflit à une logique de communion ». À suivre dans tout le pays…

Roger Orlu


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