Billet philosophique

Nou lé sak nou fé…

7 août 2015, par Roger Orlu

Kisa nou lé ? La question de notre identité et de son respect a fait l’objet de nombreux débats ces derniers jours, notamment lors de la 9e édition des Jeux des Îles de l’Océan Indien (JIOI), où la violation de la Charte pendant la cérémonie d’ouverture a remis en avant la situation de Mayotte, considérée comme un territoire administré par une puissance étrangère selon l’ONU. Par ailleurs, qu’en est-il du respect de l’identité réunionnaise par l’État français ?

Michel Éthève, directeur de la médiathèque Benoîte Boulard du Port, et Jean Viracaoundin, président du Cercle Philosophique Réunionnais.

Ce problème a fait l’objet d’échanges intéressants le 31 juillet dernier lors d’un sobatkoz animé par le président du Cercle Philosophique Réunionnais, Jean Viracaoundin, aux côtés du directeur de la médiathèque Benoîte Boulard du Port, Michel Éthève. Des échanges sur les liens entre les croyances religieuses à La Réunion et l’identité réunionnaise, au cours desquels a été en particulier soulignée « la dynamique identitaire de notre peuple » depuis sa naissance il y a 352 ans.
Cette « dynamique », basée entre autres sur l’inter-religiosité, l’interculturalité, la langue créole et des valeurs humaines fondamentales, doit continuer à se bâtir et se renforcer face à l’assimilation du système socio-économique, idéologique et politique dominant chez nous comme à Mayotte. En effet, on a pu noter par exemple l’absence du drapo péi rényoné aux JIOI, alors que « ce drapeau est le drapeau officiel de La Réunion, reconnu en 2003 par la Fédération Internationale des Associations Vexillologiques » et qu’il peut figurer sur les plaques d’immatriculation de nos véhicules.

Au-delà des belles paroles…

En fait, la problématique identitaire a au moins deux dimensions : individuelle et collective ; c’est-à-dire, sur le plan personnel, qui suis-je ? Quel est mon pays, ma patrie, ma nation, ma nationalité ? Et suis-je un citoyen du monde, ouvert à toutes les cultures et solidaire de tous les peuples de la Terre ?
Par ailleurs, quels sont mes comportements envers les autres ? Qu’est-ce que je fais au service des plus pauvres, pour les victimes du racisme, des discriminations et autres non-respects des droits humains comme de la dignité humaine ? Autrement dit, je ne dois pas oublier que je suis ce que je fais concrètement, et pas seulement l’image que je donne de moi par de belles paroles…

Kosa nou fé ansanm ?

Enfin, qu’en est-il sur le plan collectif ? Kisa nou lé ? En tant que Réunionnais, par exemple, sommes-nous conscients de la spécificité de notre identité héritée de diverses patries ancestrales et construite par le génie collectif de nos ancêtres, leurs échanges, leur ‘’mayaz’’, leur créolisation, la valorisation de leur diversité dans leur unité et inversement ?
Astèr, kosa nou fé ansanm pou fé rèspèkt anou en tant que Réunionnais, Indianocéaniens et citoyens de la République française comme de l’Union européenne ? Allons-nous rester fidèles aux combats de nos ancêtres qui ont résisté à l’esclavage, à l’engagisme, à la colonisation et qui ont lutté pour la liberté, l’égalité et la fraternité ici à La Réunion ? Mille autres questions sont à se poser sur le problème de l’identité. En tout cas, plus que jamais, nou lé sak nou fé…


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