« On lâche rien »

8 juin 2012, par Roger Orlu

Suite au ’billet philo’ de vendredi dernier sur l’extrême gravité d’un comportement qui consiste à trahir son peuple en lutte pour la liberté, un ’ami de la philo’ nous a envoyé un courrier à ce sujet. Il estime qu’« il est juste et important de faire réfléchir nos concitoyens réunionnais sur la lourde responsabilité que portent les personnes ayant un tel comportement ; car le peuple réunionnais risque d’en subir de graves conséquences. Comme ce fut le cas en novembre 1811, lorsqu’un esclave, Figaro, a trahi ses collègues en dénonçant aux maîtres blancs la révolte que les victimes de l’esclavage étaient en train de préparer avec Élie et ses camarades dans la ravine du Trou à Saint-Leu ». Mais notre correspondant émet aussi une réserve…

« Je comprends, nous dit-il, que Roger Orlu ne cite aucun nom de ces "candidats aux législatives qui tentent d’empêcher le changement profond et radical que peut connaître la politique à La Réunion" ; et cela, "en prenant pour cibles les militants qui se battent depuis des dizaines d’années pour un développement durable de leur pays". Il est vrai que les lectrices et les lecteurs sont capables de les identifier et de les dénoncer ».
« Mais,
ajoute-t-il, je pense que la principale de ces trahisons est un événement qui va marquer notre Histoire et que son auteure portera une lourde responsabilité dans les difficultés auxquelles vont être confrontés les Réunionnais dans les prochaines années, surtout les plus pauvres, victimes de l’apartheid social. C’est pourquoi il faut la nommer, non pas pour la prendre comme cible — ainsi qu’elle le fait avec ses adversaires communistes —, mais pour aider le peuple à prendre conscience de l’ampleur de ce problème et pour réfléchir aux causes profondes d’une telle attitude, aussi réactionnaire ».

Abattre le PCR

Notre ami poursuit : « Cette personne est Mme Bello, députée-maire de Saint-Paul. Depuis de nombreuses années, elle a des comptes personnels à régler avec les dirigeants du PCR, qui ne lui en ont jamais voulu pour ses comportements agressifs, mais ont toujours fait preuve à son égard de solidarité dans les combats électoraux qu’elle a menés avec le soutien des militants communistes.
Malgré les trahisons qu’elle a déjà commises lors de plusieurs élections ces dernières années, les délégués du PCR, lors d’une conférence extraordinaire le 19 février dernier à Sainte-Suzanne, lui ont même proposé de lui offrir un nouveau mandat dans une circonscription à gagner et dont fait partie sa commune. Elle a décidé de refuser cette offre et, encouragée par les néo-colonialistes du monde politico-médiatique, elle a fait le choix de profiter de ces élections pour tenter d’abattre le PCR, en attaquant notamment le maire de la ville du Port, qui est le bastion de la résistance réunionnaise, comme on l’a encore vu lors de l’élection présidentielle du 6 mai ».

Sa priorité

« Comment peut-on cultiver une telle haine envers des personnes comme Paul Vergès et Élie Hoarau ainsi que leur famille ? Quand on connaît les compétences de ces responsables politiques, leur dévouement au service de leur peuple et leur détermination à lutter pour les objectifs émancipateurs de leur parti, comment expliquer que l’on en fasse — comme d’autres conservateurs — les principaux ennemis à éliminer ?
Voilà ce qui est devenu la priorité pour cette politicienne égocentrique, qui trahit son peuple. Cela me fait penser aux collaborateurs des nazis qui, dans la France occupée de 1940 à 1945, dénonçaient les résistants et les juifs »,
conclut ce lecteur de "Témoignages".

Une parole réunionnaise au monde

Évidemment, le peuple réunionnais va continuer à résister à toutes les trahisons dont il est et sera victime. D’ailleurs, un autre "ami de la philo" nous a envoyé une information très intéressante qui illustre ce combat. Il s’agit de l’engagement d’un chanteur né à Roubaix, en France, il y a 35 ans, qui s’appelle Kaddour Haddadi (dit "HK"), dont les parents viennent de Kabylie et qui chante avec son groupe "Les Saltimbanks" des chansons devenues très célèbres comme "Toute mon vie mwin la travayé", "On lâche rien" et "Indignez-vous".
Notre ami nous exprime son admiration pour « cet artiste qui n’a jamais vécu à La Réunion et qui en utilise la langue, les proverbes et la révolte pour exprimer le ras-le-bol et la nécessité de changer. Une parole réunionnaise au monde ».
Voici la fin de sa chanson dont le titre est la reprise du refrain "On lâche rien" :
« Tant qu’y a d’la lutte, y a d’l’espoir
Tant qu’y a d’la vie, y a du combat
Tant qu’on se bat, c’est qu’on est debout
Tant qu’on est debout, on lâchera pas
La rage de vaincre coule dans nos veines
maintenant tu sais pourquoi on s’bat
notre idéal — bien plus qu’un rêve — :
Un autre monde, on n’a pas l’choix ».

Merci à ces lecteurs pour leur contribution à des réflexions philosophiques sur notre société pour mieux la transformer.

Roger Orlu

(*) Merci d’envoyer vos critiques, remarques et contributions afin que nous philosophions ensemble… ! [email protected]


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