Billet philosophique

Pas d’avenir sans solidarité

16 septembre 2016, par Roger Orlu

« De l’humiliation et l’exclusion à la participation : éliminer la pauvreté sous toutes ses formes ». Voilà le thème de l’édition 2016 de la Journée Mondiale du Refus de la Misère organisée le 17 octobre prochain à Champ-Fleuri (Saint-Denis) par le Mouvement ATD Quart Monde à La Réunion. Ce thème fait réfléchir à un concept évoqué par de nombreux philosophes depuis des siècles et mis en avant en ce moment par un grand nombre de penseurs réunionnais : celui de la solidarité comme condition pour construire un avenir humain. 


Les artistes au déjeuner-dansant de l’association Solidarité Kréol Rényoné.

Une chercheuse réunionnaise, Florence Rataud, nous a fait parvenir récemment une étude d’une douzaine de pages intitulée : ‘’Et si La Réunion devenait Laboratoire du changement de modèle sociétal ?’’, où elle explique pourquoi et comment notre pays pourrait devenir un exemple dans « un monde (qui) vit les prémisses d’un chaos sur tous les champs de l’organisation sociétale ». « Pour cela, dit-elle, il y a une stratégie volontariste à mettre en place, en visant à l’autonomie de La Réunion et reposant sur des valeurs de coopération et de réseaux. En effet, une ‘’révolution’’ économique et énergétique, support de nouvelles valeurs sociétales, orientées sur ce nouveau modèle latéral coopératif et solidaire, préfigure une société durable où le lien social devient synonyme de développement ».

Après avoir fait plusieurs propositions très intéressantes pour aller dans ce sens, Florence Rataud conclut : « L’intérêt fondamental d’un tel projet — au-delà des valeurs véhiculées —, est l’énorme potentiel créatif libéré, donnant une place importante à des multitudes de petits projets, mettant en mouvement dynamique la société civile, dans un élan de réappropriation de son avenir plutôt que d’une dépendance déprimante à un système moribond. C’est un espoir sociétal qui est redonné à toute une population, fière non seulement de se sentir vivante, mais de devenir potentiellement un modèle à suivre aux yeux de la France, et pourquoi pas du monde ? De l’utopie à l’action… il n’y a qu’un pas ».

« Une Indianocéanie unie »

Les valeurs de solidarité cultivées dans ces réflexions, on les retrouve dans les dernières informations transmises par le Comité Solidarité Chagos La Réunion, présidé par Georges Gauvin, sur le soutien à apporter au peuple chagossien pour faire respecter son droit de retourner dans ses îles d’où il a été déporté il y a un demi siècle. On les voit aussi dans l’annonce de la conférence organisée jeudi prochain par le Cercle Philosophique Réunionnais à l’Université Solidaire de la Mutualité de La Réunion avec Jean Viracaoundin et Philippe Cadet, sur ‘’Le rapport entre l’économie de proximité et la solidarité à La Réunion’’.

Autre rendez-vous pour cultiver au mieux la solidarité réunionnaise et internationale : c’est l’événement très important organisé du 22 au 25 septembre par le Groupe de Dialogue Inter-religieux de La Réunion, présidé par Idriss Issop-Banian : le 3e Symposium du réseau inter-religieux de l’Indianocéanie et la 8e Journée Réunionnaise de la Fraternité. Un événement porteur du vœu suivant : « Que de la richesse de ces travaux, de ces échanges et de ces rencontres dans un esprit de dialogue et de fraternité naisse un grand mouvement des cœurs et des esprits pour l’avènement d’une Indianocéanie unie, solidaire, fraternelle et pleine d’espérance pour la Paix ».

« Sa combativité »

Cela nous fait penser aux appels à la solidarité dans les combats à mener pour créer à La Réunion une société équitable, harmonieuse, sur la base d’une égalité réelle pour un développement durable, solidaire et responsable. De tels appels ont été exprimés par exemple dimanche dernier lors d’un déjeuner-dansant organisé à La Bretagne par Alain Gravina et Richemont Saffre avec leurs ami-e-s de l’association SKR (Solidarité Kréol Rényoné).

On peut également citer les divers propos tenus la veille au Tampon lors d’un kabar-souvnans en hommage au Père René Payet, disparu il y a cinq ans, et où sa nièce Christine Payet a notamment déclaré : « I faut pa que nou oubli sa combativité, sa soif de justice et d’égalité ». Ces appels à tisser des liens entre Réunionnais dans la lutte pour la décolonisation du pays incarnent la solidarité à cultiver sans cesse pour construire notre avenir.

Roger Orlu

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus