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Philosopher c’est apprendre à changer notre société et s’engager

Billet philosophique

vendredi 21 novembre 2014, par Roger Orlu


Des idées très intéressantes ont été échangées le 15 novembre dernier lors d’une conférence organisée par le Cercle Philosophique Réunionnais (CPR) à la bibliothèque Alain Peters du Moufia sur le thème de la sagesse, en ouverture de la célébration réunionnaise de la Journée Mondiale de la Philosophie 2014 sous l’égide de l’UNESCO. Même si cela fait parfois l’objet de débats entre philosophes qui ne pensent pas la même chose à ce sujet, il est incontestable que la philosophie signifie étymologiquement en grec ‘’l’amour de la sagesse’’. Mais, pour reprendre le mot de l’écrivain réunionnais Daniel Honoré dans son nouveau ‘’Diksioner moféknèt’’, kosa i lé la sazèsté ?


De gauche à droite, Jean-François Vigné, vice-président du Cercle Philosophique Réunionnais, Johan Cervantès, conférencier, et Jean Viracaoundin, président, lors d’une conférence à Moulin-Maïs le 23 octobre dernier sur la créolité réunionnaise.

Cette conférence était animée par Jean Viracaoundin, le président du CPR, Jean-François Vigné, le vice-président, et Wilfrid Sidambarompoullé, le trésorier. Leurs interventions, comme celles du public, ont d’abord permis de préciser le sens du mot ‘’sagesse’’ : c’est le savoir, la connaissance, le bon sens, l’intelligence, la rationalité, la compréhension, la compétence, l’expérience, la lucidité, la clairvoyance mais aussi l’esprit critique, la résistance, l’indignation, l’espoir, l’engagement, l’ouverture aux autres, le sens du dialogue et de l’intérêt général, la solidarité, la modestie, l’humilité, le sens de l’autocritique, la zénitude, le calme, la sérénité, la prudence etc…
Autrement dit, la sagesse s’oppose à la ‘’kouyonis’’, la barbarie, la sauvagerie mais aussi à la résignation, l’indifférence, la soumission ainsi qu’à l’individualisme, la vantardise, l’énervement, le sectarisme, le dogmatisme, l’agressivité comme à l’imprudence et au non-sens.

Apprendre à penser par nous-mêmes

Comme l’ont dit plusieurs intervenants, toute l’histoire du peuple réunionnais, héritier de ses cultures ancestrales diverses (malgaches, africaines, comoriennes, indiennes, chinoises, européennes…), a été marquée depuis 351 ans par les multiples vertus de la sagesse, face aux horreurs et stupidités de la colonisation. Mais où en sommes-nous arrivés aujourd’hui à ce sujet dans la pensée créole réunionnaise ? Et dans notre société actuelle comme dans celle à venir, comment pratiquer et faire avancer toujours plus la sagesse ?
Ces questions ont également fait l’objet du débat et les intervenants ont ouvert plusieurs pistes de réflexions à ce propos. En particulier celle-ci : plus que jamais, nous devons apprendre à penser par nous-mêmes, personnellement et collectivement pour analyser notre société et continuer à la transformer.

Enseigner la philo aux marmay

Cette transformation a pour objectif de rendre notre société harmonieuse, équitable, solidaire, libre, responsable, intelligente, respectueuse de l’environnement et riche de son inter-culturalité. Cela signifie aussi et avant tout que le pouvoir de décision du peuple réunionnais, face aux classes dominantes et à leur politique néo-coloniale, doit passer par une gouvernance réunionnaise, démocratique et populaire.
Voilà pourquoi, l’amour de la sagesse (la philosophie) est à cultiver sans cesse, à partager et à enseigner le plus possible pour nous apprendre à changer notre société et nous engager dans ce sens. Voilà aussi pourquoi il faut enseigner la philosophie aux enfants dès le plus jeune âge, comme le préconise l’UNESCO. Mais le peuple réunionnais a-t-il le pouvoir et le droit de prendre des décisions dans ce sens dans le système éducatif ?


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