Pour réfléchir sur la meilleure façon de relever les défis de notre société, nous allons vous parler en quelques mots de 9 rencontres culturelles organisées ces derniers jours par divers partenaires institutionnels et associatifs, dont il y a au moins un enseignement essentiel à retenir.
Le jeudi 27 octobre, à la médiathèque Benoîte Boulard du Port, Jean Viracaoundin, président du Cercle Philosophique Réunionnais, a animé des échanges sur cette pensée du philosophe Aristophane : « Éduquer ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu ». Autrement dit, nous devons nous former pour transformer notre pensée, notre relation au monde et aux autres.
Le vendredi 28 à la mairie de Saint-Denis, l’association Miaro a organisé une conférence-débat avec Elyette Rasendratsirofo, Charlotte Rabesahala, Christian Fontaine et Jean-Claude Legros sur le 120e anniversaire de la colonisation de Madagascar, avec de l’animation musicale des groupes Vetso et Zamba. Une occasion de rappeler les épreuves pénibles vécues par ce peuple frère de l’Indianocéanie durant la période coloniale, parfois avec la complicité d’élus réunionnais avec l’État français, ainsi que les combats menés par les Malgaches pour libérer leur pays, parfois avec le soutien de Réunionnais solidaires.
Le même soir au théâtre dionysien du Grand-Marché, l’Équipe Mobile des Soins Palliatifs de l’hôpital Félix Guyon et l’association des accompagnants bénévoles ASP-PNR ont offert un ‘’Spectacle clown philosophique et poétique’’ avec Sandra Meunier. L’actrice a raconté avec un talent admirable « des histoires vécues en soins palliatifs » en plaidant avec force pour l’amour, la bonté, l’empathie et le « sourire pour le bonheur », sinon « rien ne va sur terre ».
Le samedi 29 au MOCA (Montgaillard), l’Amicale des Amis de l’Afrique, présidée par Samuel Mouen, a organisé un forum sur l’histoire du peuple réunionnais, auquel ont participé plus de 200 personnes et de nombreux artistes réunionnais — aux ancêtres de toutes origines — ayant illustré la richesse de la diversité culturelle de notre peuple. C’est pourquoi, comme cela est dit dans le compte-rendu, Maurice Gironcel, dirigeant du PCR, a « exhorté les Réunionnais à lever la tête pour plus d’égalité, prendre nos responsabilités à La Réunion, pour un meilleur avenir ».
Le même jour en fin d’après-midi, l’Espace Culturel et Social du Koyil de Saint-Denis, présidé par Daniel Minienpoullé, a animé dans la mairie de la capitale une conférence sur ‘’les enjeux spirituels dans notre société moderne’’ avec des intervenants très intéressants : le Swami Adwayananda, responsable de l’ashram du Port ; le Père Pascal Zeng, curé de la paroisse de la Délivrance ; Fatma Satsou, présidente de l’École Internationale Soufie de La Réunion ; Brahmachari Ishan, responsable de l’Ashram Chinmaya Mission de Quartier Français ; l’écrivain Omar Issop-Banian ; Mgr Gilbert Aubry, évêque catholique de La Réunion depuis 40 ans. Toutes ces personnalités ont exprimé avec pertinence la nécessité de mettre notre esprit en faveur de la « prise de conscience de nos responsabilités pour cultiver les valeurs d’unité et de solidarité », comme l’a dit le grand penseur hindouiste portois.
Le lendemain en début de matinée au Barachois, les communistes dionysiens ont organisé une belle rencontre publique pour faire connaître les combats menés depuis plus de 50 ans par le PCR et son journal ‘’Témoignages’’ — notamment grâce à des militants exemplaires et modestes comme Georges Gauvin (dit Justin) — pour la valorisation de la langue créole et de l’histoire de La Réunion.
En fin de matinée le même jour, le Conseil de la Culture, de l’Éducation et de l’Environnement à La Réunion (CCEE), présidé par Roger Ramchetty, a présenté une nouvelle étape du travail excellent accompli par son équipe depuis au moins 5 ans sur la graphie de la langue créole réunionnaise. Ce travail est traduit dans un document très intéressant, intitulé ‘’Lékritir kréol La Rényon’’, qui est « une synthèse pour une écriture fonctionnelle du créole réunionnais », et auquel ont contribué divers militants culturels, écrivains, enseignants et autres chercheurs, tous unis pour promouvoir un des trésors de notre peuple.
Le dimanche 30 octobre, une cérémonie émouvante et porteuse d’espoir pou lavnir nout péi s’est déroulée dans le cimetière du Père Lafosse devant la stèle inaugurée en 2009 par Paul Vergès en hommage aux ancêtres esclaves sans sépulture. Lors de cette cérémonie, Yvan Dejean, dirigeant du PCR, et Patrick Malet, maire de Saint-Louis, ont lancé des appels à l’union du peuple réunionnais pour décoloniser son pays.
Enfin, nous citerons le philosophe Jean Lombard, qui a animé une conférence le lundi 31 octobre à Saint-Denis à l’invitation des Amis de l’Université sur la philosophie de la négation, où il a notamment expliqué pourquoi il est important de « voir comment la recherche de la vérité passe souvent par l’insoumission, la dissidence, la subversion et toutes les autres formes de refus sur lesquelles se construisent le travail de la raison et l’histoire des peuples ».
S’il y a donc un enseignement — parmi d’autres — à tirer de tous ces événements passionnants et riches en perspectives c’est au moins celui-ci
: face aux divisions et trahisons qui pèsent lourd sur notre peuple, plus on se donne la main, plus on avance.