Billet philosophique

Pour une jeunesse réunionnaise libre et responsable

4 avril 2014, par Roger Orlu

Allons continuer à réfléchir sur les problèmes évoqués vendredi dernier dans cette rubrique à partir des pensées émises par le journaliste anti-colonialiste français Edwy Plenel. Parce que d’autres événements se sont produits et d’autres réflexions ont été publiées ces derniers jours sur l’importance et l’urgence de préparer l’entrée du peuple réunionnais dans l’ère de la responsabilité pour résoudre ses problèmes. Des pistes ont également été tracées sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour aller dans ce sens.

De nombreux jeunes Portois se sont engagés dans la lutte avec le mouvement Jeuness Sa Mèm Mèm pour changer notre société injuste. La lutte continue.

Il est difficile d’oublier cette parole du célèbre aviateur, penseur et écrivain français Antoine de Saint-Exupéry (1900 – 1944), reconnu officiellement "mort pour la France" : « Être un homme c’est être libre et responsable ». Eh bien, lors des dernières élections municipales à La Réunion, on a pu voir sur le terrain beaucoup de jeunes Réunionnais assumer des responsabilités et s’engager donc en tant qu’êtres humains dans des tâches militantes pour changer leur société en profondeur.

Certes, ces engagements n’ont pas toujours abouti à des victoires électorales, notamment en raison des divisions cultivées par les classes dominantes dans le peuple réunionnais afin de continuer à régner sur lui. Mais, comme l’a dit mardi dernier sur Réunion 1ère Radio le responsable politique et écrivain Ary Yée Chong Tchi Kan, « de plus en plus de jeunes Réunionnais se lèvent et entraînent une régénération des forces politiques dans le pays ».

« Alors, allons-y ! »

Cela nous fait repenser à « l’échange mené avec Mgr. Gilbert Aubry au Centre Saint-Ignace le mardi 4 mars 2014 (à réécouter sur le site www.jesuites974.com) », dont parle le Père jésuite Stéphane Nicaise dans un article du numéro 72 de la revue "Un p’tit mot, trois p’tits pas", sous le titre : « Redonnons du goût à l’avenir ». Cet article rappelle notamment que « l’Évêque s’est fait le relai d’une proposition avancée depuis longtemps par les acteurs économiques de notre île : "Si on paye des loisirs, si on paye du superflu, pourquoi ne pas payer nos agriculteurs et nos éleveurs ? Et pourquoi ne pas favoriser tout ce qui est nécessaire à la consommation locale ?". Autrement dit, consommons intelligent, consommons pays ! Et la grande bénéficiaire à long terme sera la jeunesse réunionnaise mise en situation de produire. Tous ces jeunes qui, normalement, devraient être le fer de lance de notre société ».

Voilà pourquoi, « il est de notre responsabilité collective de faire changer la situation. Non pas par un coup de baguette magique, mais en faisant d’abord l’inventaire de nos moyens. C’est le sens de l’intervention de l’Évêque rappelant les nombreuses réussites des Réunionnais, avec l’exemple du site internet Réunionnais du Monde. "Oui, affirmait-il, nous avons les capacités pour pouvoir prendre en main nos affaires ici. Avec ce dont nous disposons, avec ce que nous vivons, il y a moyen". Mais ce n’est pas donné, ce n’est pas gagné sans combat, sans détermination et sans persévérance. L’urgence qui est sous nos yeux ne devrait cependant pas nous faire hésiter plus longtemps. La jeunesse réunionnaise est cette urgence.

L’Évêque n’a pas manqué de le rappeler : "Mais nos jeunes là, avec ce que nous développons comme style de vie, qu’est-ce qu’ils vont faire ? Et ce que nous produisons, comment l’exporter si ailleurs on ne peut pas l’acheter ? (…) J’ai une conviction : il faut que nous devenions responsables !". Et un participant au débat, d’ajouter : "Il nous faut être socialement responsables ensemble". Alors, allons-y ! », conclut le Père Stéphane Nicaise.

« Faisons confiance à la jeunesse ! »

Ces appels vont dans le même sens que celui lancé récemment en France par l’AFEV (Association de la Fondation Etudiante pour la Ville) et que nous a transmis un Réunionnais ami de la philo. Dans cet appel, Élise Renaudin, directrice déléguée de l’AFEV, déclare notamment : « Prenons en compte l’appétence des jeunes pour une meilleure compréhension des enjeux politiques. Ils sont très nombreux à souhaiter plus d’espaces d’explication et de débats à l’École, et la création de lieux de participation et de dialogue dans leur ville, les conseils d’enfants et de jeunes.

Dotons ?nous des moyens nécessaires pour faire progresser la transparence dans l’action publique, encourager le débat, faire confiance à l’avis des citoyens. La démocratie y gagnerait un nouveau souffle. Il y a de réelles raisons de croire en un renouveau de l’action collective, pour autant que les organisations associatives, politiques et syndicales s’appuient sur la demande d’action concrète et de reconnaissance qui s’exprime. Faisons confiance à la jeunesse ! ».

À La Réunion également, allons voir ensemble comment — notamment dans le système éducatif — préparer les jeunes à prendre en main l’avenir de leur pays. C’est ainsi que nous aurons de plus en plus une jeunesse réunionnaise libre et responsable.

 Roger Orlu 

(*) Merci d’envoyer vos critiques, remarques et contributions afin que nous philosophions ensemble… ! [email protected]


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