Billet philosophique

« Pour une responsabilisation citoyenne »

7 avril 2017, par Roger Orlu

On a eu ces derniers jours de nouvelles illustrations dans la société civile réunionnaise de la volonté exprimée par de nombreux compatriotes d’être fidèles à leurs ancêtres combattants de la liberté. Cette fidélité fait partie de la culture de la pensée réunionnaise héritée notamment du maronage, à ne pas oublier !

Une illustration de cette philosophie réunionnaise nous a été donnée par exemple le jeudi 30 mars à la mairie de Saint-Denis, lors d’une conférence du Frère dominicain Daniel Picard sur les combats des quelque 200 Réunionnaises ayant rejoint les Forces Françaises Libres pendant la Seconde Guerre mondiale pour « libérer la France de la barbarie nazie ». À cette occasion, le conférencier a notamment souligné que « trop de silence a couvert les combats de ces femmes », dont « la plupart sont encore écartées de la liste des combattants de la Résistance ».

Or, outre « les épreuves souvent très pénibles qu’elles ont subies » durant cette lutte de libération, elles ont aussi été « victimes d’un mépris ignoble » de la part des collaborateurs français du nazisme à La Réunion. D’où l’hommage chaleureux qui leur a été rendu en fin de séance par le public, qui a notamment ovationné deux d’entre elles présentes dans la salle : Andrée Payet et Marguerite Jauzelon.

Les violences du pouvoir néo-colonial français

Une autre illustration de la fidélité aux combats de nos ancêtres anti-colonialistes a été donnée le 29 mars au Port, où une cérémonie a eu lieu en hommage aux combattants malgaches qui se sont battus en 1947 et 1948 pour la libération de leur pays et dont plus de 100.000 ont été massacrés par l’État français. Des représentants du PCR ont soutenu cette cérémonie ainsi que la conférence organisée par la Fédération des Entités Œuvrant pour Madagascar (FEO Madagasikara) pour rappeler la gravité de ce crime colonial contre l’humanité.

Autre exemple de la culture de notre mémoire : la magnifique pièce de théâtre de Sully Andoche intitulée ‘’Mésyé Dijoux’’ présentée par la Compagnie Cyclones Production jusqu’à ce vendredi 7 avril au Théâtre Sous les Arbres au Port, où le comédien Nicolas Givran joue le rôle d’un nervi au service des fraudeurs dans les années 60. Un spectacle suivi par des échanges très intéressants avec l’historien Loran Hoarau sur les violences du pouvoir néo-colonial français contre les combattants réunionnais de la liberté dans les années 60-70.

« Une construction collective de la décision politique »

Tout cela nous amène à parler d’un événement symbolique organisé les 1er et 2 avril à Yourtes en Scène (Saint-Leu) par ATTAC Réunion et La Lanterne Magique : le 1er Festival du Film Militant, avec la projection de 6 films rebelles consacrés aux graves problèmes économiques, sociaux, environnementaux, culturels et institutionnels liés au système barbare capitaliste. Et face à ces problèmes, de nombreux appels ont été lancés par les organisateurs comme par des participants au festival à s’engager pour militer en faveur d’un autre système, vraiment humain et démocratique.

Ce fut le cas par exemple dans le film ‘’J’ai pas voté’’, où plusieurs philosophes ont pris la parole « pour une responsabilisation citoyenne » et « pour une construction collective de la décision politique ». Cela conforte le combat des communistes réunionnais qui se battent pour un rassemblement sans exclusive en faveur d’une réforme statutaire respectant le droit du peuple réunionnais à la responsabilité dans la gestion de son pays par une nouvelle Constitution de la République.

Roger Orlu

Un public nombreux et enthousiaste au 1er Festival du Film Militant.


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