Billet philosophique

Pourquoi et comment « éliminer la pauvreté sous toutes ses formes » ?

29 juillet 2016, par Roger Orlu

Après les événements tragiques survenus dans plusieurs pays du monde ces dernières semaines, nous ne pouvons pas ne pas continuer à réfléchir sur la gravité de ces drames, sur leurs conséquences et sur leurs causes. En raison de toutes les formes d’exclusions, d’inégalités, de xénophobies dont souffre une grande partie de l’humanité, on ne peut pas ne pas s’interroger sur les solutions à mettre en œuvre…

Jean-Yves Ananelivoua (à gauche), lors d’un rassemblement pour l’égalité réelle.

Après l’attentat de Nice le 14 juillet dernier, le Cercle Philosophique Réunionnais a transmis à son réseau des ‘’amis de la philo à La Réunion’’ un message reçu de Francis Bourquin suite à ces événements tragiques, avec un lien où cliquer pour voir et entendre un message de 5 minutes de David Laroche intitulé : ‘’Je crois en l’humanité - vidéo pour la paix’’. Dans cette vidéo, face à « cette violence, quand je vois toute l’agressivité qu’il y a entre les êtres humains », il rend notamment hommage à de grands militants comme Mahatma Gandhi, Nelson Mandela, Martin Luther King, « ces personnes qui ont réussi à envoyer de l’amour dans des situations où c’était difficile ».

David Laroche nous fait aussi savoir : « J’adore cette phrase de Gandhi qui dit : ‘’Incarnez le changement que vous voulez voir dans le monde’’, qu’on peut transposer avec ‘’incarnez le changement que vous voulez voir dans vos familles, chez vos amis, dans votre pays, dans votre département’’ ». Il conclut : « Faisons en sorte d’incarner le changement et d’être des exemples. Et pour moi si on change tous individuellement, l’humanité va changer. Einstein dit que c’est de la folie d’espérer de nouveaux résultats sans faire des nouvelles choses ».

« Libérons l’esprit de sa prison »

Un scientifique et philosophe de France, Ghaleb Bencheik, a cultivé ces valeurs et bien d’autres lors d’une grande conférence tenue à Saint-Denis le 20 février dernier sur le thème : ‘’Être musulman aujourd’hui dans une société laïque’’, où il a évoqué en particulier « les problèmes liés aux blocages, aux enfermements dogmatiques et au sommeil de la raison », en disant « non aux glaciations idéologiques ». Dans cet esprit, il a plaidé avec raison en faveur d’« un engagement commun pour une société commune », en soulignant que « nous avons besoin de connaissance — car sans bon diagnostic il n’y a pas de bonne médication —, et de l’ouverture au monde pour faire face à la violence ».

Ghaleb Bencheik a été très apprécié par les Réunionnais lorsqu’il a expliqué que « le premier chantier est celui de la liberté (libérons l’esprit de sa prison), le second est celui de l’égalité et le troisième est celui de la désacralisation de la violence ». C’est pourquoi il a déclaré que « le modèle réunionnais est bon » et que « les solutions aux problèmes sont liées aux engagements pris, aux combats menés et aux actions accomplies pour aller vers plus de cohésion sociale, plus d’intelligence, afin que nous nous sentions responsables de toute personne en détresse et en souffrance ».

Voilà de quoi philosopher !

Cela rejoint le message très fort que nous a transmis un ancien responsable syndical réunionnais, qui cultive toujours l’altruisme, la justice et la paix ; il s’agit de Jean-Yves Ananelivoua, de Sainte-Thérèse, pour qui il est important — notamment dans le cadre du vote de la loi pour l’égalité réelle dans les Outre-mer — de soutenir l’appel de l’équipe du Forum du Refus de la Misère. Cet appel nous rappelle qu’« en 2017 nous célébrerons les 30 ans de l’appel de Joseph Wresinski et, dès cette année, nous vous invitons à entrer dans une mobilisation exceptionnelle. Depuis la reconnaissance par l’ONU en 1992 du 17 octobre comme Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, de grandes avancées ont eu lieu. En septembre 2012, le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies a adopté les ‘’Principes directeurs sur l’extrême pauvreté’’ qui reconnaissent que celle-ci n’est pas une simple question de manque de revenus mais une question de droits.

À la suite des Objectifs du Millénaire pour le Développement, un pas de plus a été franchi : ‘’Le monde s’engage sur une voie nouvelle et ambitieuse, celle d’un avenir de dignité pour tous guidé par le Programme de Développement Durable à l’horizon 2030’’, a dit M. Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU le 17 octobre 2015. Cette année, le thème adopté par l’ONU s’inscrit directement dans ce Programme : ‘’De l’humiliation et l’exclusion à la participation : Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes’’. Voilà de quoi philosopher !

Roger Orlu


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