Billet philosophique

Qui s’intéresse aux causes des problèmes ?

10 janvier 2014, par Roger Orlu

Le cyclone Bejisa, qui vient de frapper durement La Réunion, est un des événements d’actualité devant nous faire prendre conscience de l’importance de réfléchir constamment aux causes des problèmes quotidiens auxquels nous sommes confrontés. En effet, si nous voulons avoir un comportement responsable, il ne suffit pas de s’intéresser à tel ou tel problème, d’en prendre connaissance et d’en parler mais il faut aussi et surtout se poser la question des raisons ayant conduit à ce phénomène. Des réflexions intéressantes nous ont été transmises à ce sujet.

Le général Charles de Gaulle. « Un homme politique responsable doit voir loin et viser haut ».

Ainsi, un responsable du mouvement Avaaz nous signale que « la chercheuse Julienne Stroeve observe la banquise arctique depuis des dizaines d’années. Chaque été, elle se rend dans les mers nordiques pour mesurer l’ampleur de la fonte des glaces. Elle sait bien que le changement climatique accélère la fonte... Or une expédition récente a sidéré cette scientifique chevronnée. D’immenses étendues de banquise ont littéralement disparu, et cela dépasse nos pires prévisions.

Les scientifiques nous avaient avertis. Au fur et à mesure que la Terre se réchauffe, des "points de rupture" accélèrent drastiquement le réchauffement jusqu’à le rendre complètement hors de contrôle. Le réchauffement fait fondre la banquise arctique, détruisant ainsi l’immense "miroir blanc" qui renvoie la chaleur hors de notre atmosphère. Cela a pour effet de réchauffer l’océan et d’accélérer encore la fonte des glaces, et ainsi de suite... Nous perdons le contrôle. En 2013, tous les phénomènes climatiques — ouragans, températures, inondations — ont été sans dessus dessous.

Nous pouvons arrêter cela, si nous agissons très rapidement, et tous ensemble. Et nous pouvons même transformer ce risque d’extinction cauchemardesque en un avenir très prometteur pour nos enfants et nos petits-enfants : un avenir propre et en harmonie avec la Terre qui nous a donné la vie. Il nous reste 24 mois avant le Sommet de Paris, la réunion-clé dont les dirigeants mondiaux ont décidé qu’elle déterminera le sort de nos efforts pour lutter contre le changement climatique. Cela peut sembler long, c’est en fait très court. Nous avons 24 mois pour mettre les bons dirigeants au pouvoir, les faire participer à cette réunion, leur fournir un plan et leur demander des comptes. Et faire front ensemble contre les compagnies pétrolières et le fatalisme ».

« Des raisons d’espérer en 2014 »

Une autre "amie de la philo" nous a envoyé le courrier d’un lecteur du "Monde" sur « des raisons d’espérer en 2014 » : « Nous avons connu en 2013, comme les années précédentes, une succession de mauvaises nouvelles, de catastrophes en tous genres, de crimes odieux, de guerres atroces. Pas un jour sans qu’on nous parle de la crise, du chômage, de la misère, de la violence, des injustices. Impossible d’échapper au dérèglement climatique, aux pics de pollution etc... Mais derrière cette réalité quotidienne, il y en a une autre, peut-être moins visible mais tout aussi réelle. Jamais nous n’avons eu autant conscience de l’urgence de préserver notre planète, ni autant de moyens pour le faire. Jamais il n’a été aussi facile de communiquer et de s’informer. Jamais les dictateurs n’ont eu autant à craindre de la justice internationale, comme de leur propre peuple, pour des crimes qu’ils ont de plus en plus de mal à cacher etc... Oui le monde va mal. Mais il n’y a aucune fatalité à cela. La résignation, le cynisme, l’apathie n’ont jamais rien résolu ni rien fait progresser. Le monde est tel que nous le faisons, et il deviendra ce que nous en ferons ».

« Voir loin et viser haut »

Ces réflexions nous font penser à la conférence de presse tenue ce lundi 6 janvier par Paul Vergès sur les enseignements à tirer du cyclone Bejisa et de ses dégâts. Une fois de plus, il nous a rappelé à quel point il est indispensable de s’occuper des causes profondes de ces problèmes et de la nécessité de prévenir leurs conséquences dramatiques en menant dans tous les domaines (aménagement du territoire, équipements divers, approvisionnement en eau et en électricité, protection de l’environnement etc…) une politique adaptée aux effets du réchauffement climatique.

D’où l’appel lancé par le sénateur et militant communiste réunionnais le 17 décembre dernier à la médiathèque Aimé Césaire de Sainte-Suzanne lors d’une conférence de la CINOR sur le changement climatique : que La Réunion puisse être citée en exemple par la France lors du Sommet de Paris en 2015, en raison de la mise en œuvre ses projets pour l’autonomie énergétique avec l’abolition du tout-pétrole et charbon, par l’autosuffisance alimentaire et une agriculture biologique, par un partage équitable des revenus, par l’abolition de l’apartheid social et de la pauvreté, par l’abolition du tout-automobile — surtout au diesel mortifère — dans les modes de déplacements, par un système éducatif préparant la jeunesse réunionnaise à entrer dans l’ère de la responsabilité etc…. Outre ces grandes propositions économiques et socio-culturelles à réaliser, est-ce que l’État français pourra citer La Réunion en exemple par la valorisation de son interculturalité et par la reconnaissance du peuple réunionnais en tant que tel mais aussi dans le respect de ses droits spécifiques en termes de pouvoirs de décision pour tout ce qui le concerne ?

Il est donc intéressant de se poser la question : qui, à La Réunion, s’intéresse vraiment aux causes profondes de nos problèmes et qui est prêt à s’unir avec d’autres pour s’attaquer ensemble à ces causes ? D’où ce rappel par Paul Vergès de cette réflexion du général de Gaulle : « Un homme politique responsable doit voir loin et viser haut ».

 Roger Orlu 

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Messages

  • Tout à fait pour comprendre un problème il faut remonter à la racine,.. sinon le diagnostic, n’est que superficiel ;pire quand le remède est plus dévastateur que le mal.


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