Billet philosophique

« Sé lé travayèr rénioné i doi komann zot péi »

17 mai 2019, par Roger Orlu

Tout d’abord, un rappel : suite au dépôt d’une proposition de loi par les députés communistes réunionnais en 2001 pour que l’État français reconnaisse l’esclavage comme un crime contre l’humanité, ce projet est devenu la loi dite ‘’loi Taubira’’, votée dans ce sens le 10 mai 2001 ; et le 10 Mai est devenu officiellement en France et dans les Outre-Mer la Journée des Mémoires de la Traite, de l’Esclavage et de leurs Abolitions. Cette journée a été célébrée à La Réunion pendant plusieurs jours dans tout le pays par diverses institutions et associations pour cultiver notre mémoire historique à ce sujet et en tirer des leçons pour construire l’avenir du peuple réunionnais.

La célébration du 10 Mai par Rasine Kaf au Barachois.

Ce fut le cas par exemple le vendredi 10 mai au Barachois à Saint-Denis, où l’association Rasine Kaf a organisé une cérémonie émouvante devant la statue réalisée par Henri Maillot en hommage à Géréon et Jasmin, deux de la quinzaine d’esclaves rebelles décapités dans tout le pays après la révolte des esclaves lancée par Éli et d’autres dans le Bassin Misouk de la ravine du Trou dans les Hauts de Saint-Leu en novembre 1811. Lors de cette cérémonie, Ghislaine et Philippe Bessière ont organisé un dépôt de gerbes et une minute de silence pour commémorer cet événement historique et ils ont rappelé avec force que tous les esclaves marons et autres combattants de la liberté ont accompli des tâches essentielles pour obtenir l’abolition officielle de l’esclavage dans notre pays le 20 décembre 1848.
Autre temps fort ce 10 mai 2019 : la diffusion sur Réunion 1ère Télé d’un documentaire impressionnant réalisé par l’ancien champion international réunionnais de hand-ball Jackson Richardson, intitulé ‘’Jackson Tour’’, où plusieurs historiens, artistes et autres militants culturels ont souligné l’importance de faire connaître à notre jeunesse tout ce que nous devons à nos ancêtres esclaves marons. Un des exemples qui fut cité est Dimitile, dont un piton porte le nom dans les Hauts de l’Entre-Deux et où tous les ans l’association Miaro de Charlotte et Honoré Rabesahala organise en décembre une cérémonie impressionnante en hommage à ces ancêtres anti-esclavagistes auxquels nous devons être fidèles.

« Transformer des défauts en qualités »

Ce message nous a été transmis le lendemain au théâtre des Sables à l’Étang-Salé lors du merveilleux concert donné par Davy Sicard avec une vingtaine d’artistes et autres partenaires solidaires pour cultiver les valeurs humaines fondamentales afin notamment de « faire que les défauts deviennent des qualités ». Et cela doit se faire dans la continuité du combat de nos ancêtres dont Davy Sicard parle dans son célèbre chant : « Au nom de mes pères, réveillons-nous, marchons la tête haute, unissons-nous afin d’éviter le pire ; je te le demande Liberté ! ».
Cet état d’esprit constructif on l’a retrouvé le dimanche 12 mai à Manapany les Bains (Saint-Joseph), où l’association RÉAGIES (pour la Réflexion, l’Échange, l’Animation Globale, l’Insertion par l’Économique et la Solidarité), présidée par Simone Yee-Chong-Tchi-Kan, a montré l’importance de continuer son combat de 36 ans pour renforcer les liens d’amitiés entre les peuples frères de l’océan Indien, notamment entre Malgaches et Réunionnais. Et lors du repas solidaire organisé avec divers artistes durant cette journée, un des participants nous a fait part de ce message tiré de notre Histoire si nous voulons résoudre nos problèmes économiques, sociaux, environnementaux et culturels : « Sé lé travayèr rénioné i doi komann zot péi »

Roger Orlu

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