« Un moyen d’être acteur, et non spectateur »

Je remercie cette amie pour cette critique car elle contribue à me remettre en cause et à m’interroger sur la pertinence voire l’intérêt d’une telle chronique. Mais l’autocritique permanente et le dialogue avec les autres ne sont-ils pas des conditions essentielles pour progresser dans la recherche de la sagesse, donc du savoir et de la vérité ?
Il est vrai aussi que si la philosophie veut jouer pleinement son rôle, elle doit toujours chercher à atteindre les sommets de la connaissance et le niveau le plus pointu de l’analyse des situations qu’elle examine. Un peu comme la recherche scientifique dans ses domaines propres.

Ce défi de la philosophie est compliqué à atteindre. Du coup, il tend à relever plutôt des spécialistes de cette pratique. Et la complexité de la tâche des philosophes les amène logiquement à des découvertes parfois difficiles à comprendre par le grand public. Comme le sont certaines découvertes de haut niveau des savants.
Cela explique en partie pourquoi la philosophie est trop souvent perçue comme une activité réservée à des intellectuels experts hyper-compétents. Ce qui limite son impact sur la population, qui a pourtant un besoin vital de penser, de s’étonner, de s’interroger, d’avoir un esprit critique sur tout ce qui se passe autour d’elle et dans le monde.

Or il se trouve que des philosophes cherchent à résoudre cette contradiction et à faire en sorte que la philosophie soit à la fois la plus rigoureuse et la plus démocratique possible. C’est notamment la tâche que s’assignent les responsables de l’UNESCO, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.
D’où l’idée lancée il y a six ans par l’UNESCO d’organiser chaque année une Journée Mondiale de la Philosophie. Une journée célébrée le troisième jeudi du mois de novembre et qui aura lieu cette année le 20 novembre prochain dans plus d’une centaine d’États membres de cette institution. Sur proposition des responsables du Secteur des sciences sociales et humaines de l’UNESCO et à l’invitation d’une dizaine d’organisations culturelles réunionnaises, La Réunion devrait participer pour la première fois cette année à cette célébration. L’ampleur de la participation réunionnaise à cette Journée sera fonction des initiatives que prendront les différentes institutions, associations, médias et autres acteurs potentiels dans ce sens.

Toutes les personnes intéressées par ce projet sont invitées à consulter le site internet du Secteur des sciences sociales et humaines de l’UNESCO. (1) Dans le numéro 16 (mars-mai 2007) de la revue “SHSregards”, elles pourront notamment lire un article très intéressant de Moufida Goucha, chef de la Section sécurité humaine, démocratie et philosophie. « Nous ne saurions à l’UNESCO ne pas tenter de répondre à la question : Qu’est-ce qu’une vie digne d’être vécue ? », dit-elle.
Et elle ajoute : « La philosophie voulue et soutenue par l’UNESCO n’a rien à voir avec un agrégat de savoirs assénés à un auditoire méprisé car tenu pour “inférieur”. Bien au contraire, pour l’UNESCO, la philosophie est un moyen de décrypter les grands enjeux contemporains ou tout du moins de ne pas rester passifs face à eux. Un moyen d’être acteur, et non spectateur ».

 Roger Orlu 

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(1) Voir www.unesco.org/shs{