
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
24 janvier 2013
Je suis fasciné par la façon dont ma petite fille dessine des maisons.
D’ordinaire, on commence par le cadre, carré ou rectangulaire, puis le triangle du toit, avant de compléter l’intérieur. La cheminée, qui est une convention graphique, absurde sous ces climats, vient en dernier.
Ma jeune enfant ne procède pas du tout de cette façon. Elle commence par dessiner une fenêtre — elle peut aller jusqu’à sept ou huit par façade, et parfois une sur le toit (sans doute pour regarder le ciel) —, avant de réaliser le cadre : faisant ainsi de la croisée le point focal de la maison, mettant au centre de gravité la clarté extérieure. Un simple dessin d’une chose commune devient manière de voir autrement le monde. Cela procède à la fois d’un changement de perspective et d’une surprise. Et cette fenêtre, ouverte là où on ne s’attendait pas, Alessandro Baricco la crée tout le temps dans ses récits : il en a fait son art d’écrire.
Soie se passe au Japon, Baricco y montre une écriture aussi légère que la soie, ce “Novecento : pianiste” fut écrit « avec une présence musicale qui rythme le texte comme une partition ». Conte musical, peuplé d’un être musical, au nom si rythmé : Danny Boddmann T.D. Lemon Novento. Avec ce personnage-là, la mer danse. Il fait tout danser. C’est un personnage pythagoricien. Pour le savant de l’Antiquité, l’univers céleste s’ordonne en diverses sphères transparentes, concentriques et mobiles, et de leurs mouvements relatifs naît une musique supérieure, audible seulement par les initiés. Danny Boddmann T.D. Lemon Novecento évolue dans ce monde-là.
« On jouait parce que l’Océan est grand, et qu’il fait peur, on jouait pour que les gens ne sentent pas le temps passer, et qu’ils oublient où ils étaient, qui ils étaient. On jouait pour les faire danser, parce que si tu danses, tu ne meurs pas, et tu te sens Dieu. Et on jouait du ragtime, parce que c’est la musique sur laquelle Dieu danse quand personne ne le regarde. Sur laquelle Dieu danserait, s’il était nègre ».
Plus qu’un pianiste, il est la mer : insaisissable et mouvant.
La musique, on l’a compris, est essentiellement liée ici aux lieux : des lieux qui se superposent, et qui renvoient les uns aux autres, dans une géographie qui tient du paradoxe. À quoi pense-t-il, le musicien aux yeux fixes, quand il joue ? « “Aujourd’hui j’étais dans un pays très beau, les femmes avaient des cheveux parfumés, il y avait de la lumière partout et c’était plein de tigres”. Il voyageait. Et chaque fois il allait dans un endroit différent. (…) “Ce que j’aime à Paris, c’est attendre le coucher du soleil en me baladant sur le Pont-Neuf”… ». Cela, il le tient des yeux des passagers qui séjournent sur ce paquebot que Novecento n’a jamais quitté. Et « Chaque jour, il ajoutait un petit quelque chose à cette carte immense qui se dessinait peu à peu dans sa tête, une immense carte, la carte du monde, du monde tout entier, d’un bout jusqu’à l’autre, des villes gigantesques et des comptoirs de bar, des longs fleuves et de petites flaques, et des avions et des lions, une carte gigantesque. Et ensuite il voyageait dessus, comme un dieu, pendant que ses doigts se promenaient sur les touches en caressant les courbes d’un ragtime ».
Le paradoxe de Novecento, c’est que pour rêver à quelque part, il faut être nulle part. Si le personnage n’a pas réussi à quitter le navire (on l’apprend à la fin), c’est à cause de cela : « Ce n’est pas ce que j’ai vu qui m’a arrêté. C’est ce que je n’ai pas vu ! Je l’ai cherché, mais ça n’y était pas. Dans cette ville immense, il y avait tout. Mais de fin, il n’y en avait pas. Ce que je n’ai pas vu, c’est où ça finissait. (…) Les touches sont 88, mais devant une passerelle se déroule un clavier de millions de touches, des millions et des milliards. Sur ce clavier-là, il n’y a aucune musique que tu puisses jouer. Ce piano-là, c’est Dieu qui y joue ». Le message de Novecento, c’est qu’il faut créer ce nulle part pour pouvoir penser le reste.
Insaisissable et mouvante demeure la musique du pianiste. Devant un autre musicien, il se fait Arada. L’Arada est un colibri des environs de Saint-Georges, en Guyane. Quand on imite son chant, il en change, il monte d’un cran, il fait un chant plus complexe. Novecento, pianiste, est comme ça.
Sur un rythme de tempête, une musique africaine, on dirait un ressort devenu fou. Puis de doux accords plaqués capables de trahisons, de complots et de rapines.
Le morceau que j’ai entendu, en lisant le livre de Baricco, fut la sonatine pour main gauche de Gorges Enesco : c’est comme si le clavier du piano se déformait. La compo pour guitare acoustique de votre serviteur qui ressemblerait le plus à ce que j’imagine de la musique de Novecento, c’est celle-ci, sur le mi chanterelle, de demi-ton en demi-ton, allez savoir quelle gamme, un truc à la manouche, avec un son clair, claquant, en aller-retour de médiator, précision de bistouri, tour à tour vous retenez et vous lâchez : tablature. x--- 7-6-7-8-7-6-7-5---7-6-7-8-7-6-7->glissando…10-9-8—
Enchaînement sur un galop chromatique descendant index-majeur, à la Django, ça vous entraîne, vous dégringolez un escalier, rétablissement en équilibre sur la case 2. Vous voyez le genre : un truc qui part et on ne sait pas où ça va. Rien à voir avec les gammes, on a perdu pied, soutenu seulement par un rythme haché, qui commande sans doute, impérativement, mais secrètement, ordonné, mais dont les desseins nous échappent.
En musique, comme en tout : « In culo il regolamento », parole de musicien. Faites danser la vie.
Jean-Charles Angrand
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