
Une nouvelle prison au Port : une hérésie !
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3 septembre 2015, par
J’ai toujours pensé que les « deux fripons » du conte d’Andersen, « Les Habits neufs de l’Empereur » étaient, en dépit de l’insistance du narrateur – et précisément en raison de cette insistance, à l’image des plus grands conteurs du monde. J’ajoute qu’il est fort probable que Hans Christian Andersen ait pensé, en lieu de ces deux fameux trompeurs, aux figures des frères Grimm, Jacob et Wilhelm, qui l’avaient précédé dans l’écriture des contes populaires, et sans doute même guidé.
Dévidons-en le fil. Un empereur, il y a très longtemps de cela, aimait par-dessus les beaux habits. Pour lui l’apparence était chose essentielle. Il se vêtait d’un habit différent à chaque heure de la journée.
Deux « escrocs », bien mis, débarquèrent en ville ; ils prétendaient savoir tisser une étoffe que seules les personnes sottes et incapables ne pouvaient voir. Ils proposèrent au souverain leur service et la confection d’un vêtement d’apparat. L’empereur accueillit favorablement la proposition d’autant plus qu’elle lui permettrait de distinguer parmi ses sujets les sots des hommes intelligents.
Les deux filous commandèrent force fils d’or qu’ils dissimulèrent pour s’acharner sur un métier vide.
L’ouvrage tardant, le souverain envoya son premier ministre pour savoir où en était l’ouvrage. Celui-ci ne vit rien, mais pour ne pas paraître incapable, déclara au souverain que le vêtement était d’une beauté incomparable. Le cheminement du conte, ironique, progresse de telle sorte que le paraître se renverse et menace ceux qui lui vouent un culte, si bien que l’empereur dénudé puis habillé par les deux conteurs d’un manteau invisible, parade dans la ville. Chacun, ayant peur de se révéler sot ou incapable, se garde bien de dire la vérité, au contraire on loue prestement le nouvel habit du souverain, à l’exception d’un enfant qui s’écrie : « Le roi est nu ! » Le conte se positionne alors essentiellement comme ce qui dénude les apparences.
Ces fameux tisserands-conteurs qui font penser aux frères Grimm s’apparentent au personnage d’un des contes qu’ils publièrent : il s’agit du tailleur, du « Géant et le tailleur », récit probablement incomplet, dont la fin semble perdu, mais qui pourrait être rendue dans un autre conte.
En écho aux faux artisans d’Andersen, mais vrais conteurs, le tailleur des frères Grimm, est un raconteur d’histoire : au Géant qui lui demande sans façon d’aller lui chercher une cruche d’eau, le petit tailleur rétorque : « Et pourquoi pas non plus le puits avec la source, pendant que vous y êtes ? » ; sitôt que le monstre lui demande d’aller lui couper quelques bûches dans la forêt, le tailleur répond : « Et pourquoi pas toute la forêt d’un coup, les arbres noueux et ceux qui sont droits ? » Il dit si bien et de telle manière que le Géant se met à douter, et à craindre son petit interlocuteur (« C’est sûr, il a une mandragore en lui »). Voilà un nouveau conteur, tailleur de vérités, qui comme dans la trame d’Andersen, consacre des valeurs renversées : ce ne sont pas les petits qui ont peur, mais les géants comme les adultes : peur de perdre leur rang, peur d’être rattrapé par les mots. Le conteur est du côté des petits, des tailleurs, de tous ceux qui se découpent une cotte dans la réalité et le langage. Ils y proclament leur puissance. Comme le pêcheur attrape les poissons avec le filet, les petits attrapent les géants avec des mots.
Le renversement est en premier lieu formel (mais c’est un tiroir à double fond). Ces fripons, raconteurs d’histoires, qui font peur aux géants et qui mettent à nu la royauté, entendons-nous bien : la royauté du discours, le font par le langage. Charles Perrault le formule d’une manière ironique (mettons : masqué) dans les vers liminaires de « Peau d’Âne » :
« (…) en de certains moments l’esprit le plus parfait
Peut aimer sans rougir jusqu’aux Marionnettes ;
(…) il est des temps et des lieux
Où le grave et le sérieux
Ne valent pas d’agréables sornettes ».
Les tisserands d’Andersen, en une mise en abîme, débitent d’ « agréable sornettes », ils sont à l’instar du conteur des montreurs de marionnettes. Tout le problème réside de fait dans la réception : les propos des deux manieurs de mots d’Andersen réalisent une énigme qui ne se présente pas comme telle, le premier sens étant fait pour dissimuler le second. Leur métaphore sur la bêtise est prise au pied de la lettre, par tous excepté de l’enfant qui apparaît en fin de récit (alors qu’il est le premier destinataire du conte et qu’il en constitue le public majoritaire). L’enfance ne s’y trompe pas, souligne l’auteur, parce que dénuée de cette vanité qui s’attache aux mots adultes, cette vanité que la société investit dans le langage, c’est-à-dire : la vanité du sublime (« le pompeux et le sublime », écrit Perrault), elle voit mieux le réel et ses monstruosités. Mais ce n’est pas le seul lien qui se tisse entre les contes d’Andersen et de Perrault, par-delà les siècles et les lieux. Car, n’est-ce pas ?, tout est question de vêture ici, d’habillement qui dévoile ; les deux contes s’inscrivent dans le droit fil de l’antique et universelle métaphore du « textum » qui est à l’origine des mots « texte – texture – textile », topos que Francis Yard a su si bien valoriser dans ses « Légendes et histoires du beau pays de Normandie ».
Par la plume de Perrault, Grimm, Andersen, le conte exprime ce que les autres genres ne disent pas : la nudité des êtres. L’habit magique demeure l’absence d’habit. Il s’agit en fait moins de faire disparaître le monde que de le mettre à nu, en se vantant de l’habiller.
Le pouvoir du conte n’est donc pas précisément de faire exister ce qui n’existe pas, mais de révéler la nudité des choses et des êtres, sous la vanité de l’apparence : une nudité qui s’avère souvent monstrueuse. Le conteur est donc celui qui débite ses menteries pour mieux désigner la vérité d’un monde que l’adulte dissimule aux enfants – et ce qu’il y a sous la vêture n’est pas seulement que la monstruosité du sexe. Le paradoxe du conte consiste à tisser une trame à l’envers de la société, aussi légère que la toile de l’araignée, pour mieux le piéger et la dévoiler.
Jean-Charles Kiya-Angrand
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