
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
C’en est trope !
8 novembre 2012
Les albums grammaticaux d’Anne-Marie Gaignard ramènent à une anecdote qui porte sur le psychanalyste Jacques Lacan et sur le fond de son travail.
Ce dernier, à l’honneur — à l’occasion d’un colloque consacré à son œuvre — fut prié par une assistance nombreuse et empressée de dire son secret. La requête eut pour effet de contrarier le maître qui fut toute la journée d’une humeur massacrante. Pourtant, lors du dîner, il se trouva aux côtés d’une jeune femme fort jolie, épouse d’un médiocre praticien de Genève, avec laquelle il noua une conversation enjouée. Au dessert, le psychanalyste se pencha vers sa voisine et à mi-voix lui demanda : « Et vous : vous voulez aussi connaître mon secret ?
- Je serais enchantée de l’apprendre », fit-elle. Et dans le creux de son oreille, il avoua : « J’ai cinq ans ».
Voilà qu’en feuilletant l’album “Hugo et les rois Être et Avoir” d’Anne-Marie Gaignard, on se prend pour Lacan. On a cinq ans, ou six. Sous l’angle de la fiction, et non celui des règles, l’auteure nous dit l’aventure des participes passés avec avoir et être. Avec elle, nous partons à la redécouverte des mots, et de leur jeu dans la phrase. Tout énoncé devient une caverne d’Ali Baba, on se prend à y rester pour ne cesser d’en remuer les trésors.
Ce réenchantement, à l’origine pourtant, vient d’un échec et d’un refus : le refus de l’échec. Durant toute sa scolarité, Anne-Marie Gaignard est en orthographe nulle parmi les nuls, son score record affiche les -85 points. On la plaint presque autant que le prof coincé dans sa comptabilité . « Un CP raté, on le paye toute sa vie », déclare-t-elle pour “Le Monde”. Selon l’auteure, entre 30% et 40% des élèves de 6ème seraient incapables d’écrire une phrase sans faute. Elle souligne dans son interview : « l’école ne fonctionne pas correctement » : « elle est conçue d’abord pour les bons et martèle aux mauvais qu’ils sont responsables de leur propre naufrage ». L’enquête OCDE lui donne raison. Le naufrage des uns entraîne le naufrage de tous. Mais l’égarée des mots prend aujourd’hui sa revanche, en prenant la décision de les dompter pour les faire danser. « Vieille prend deux i parce qu’une vieille dame a besoin de deux cannes pour marcher » ; « Accusé prend deux c parce que l’accusé a deux menottes ».
Il y aurait tout un travail à mener sur le ressenti des écrivains sur leur propre instruction en français, il serait utile de confronter leur vision de la grammaire avec celle qui leur fut enseignée. Un autre travail serait de mesurer l’impact, au sujet des écrivains professeurs, qu’eut l’écriture sur leur pratique pédagogique.
Dans un entretien, Michel Butor, professeur de Faculté, reconnaissait par exemple ceci : « L’enseignement français vous apprend qu’il faut écrire avec des phrases courtes ; moi j’écris avec des phrases longues, ce qui permet, à mon sens, de dire plus de choses... Il faut profiter des avantages de la grammaire française qui permet d’écrire des phrases longues ». Il s’en explique par ailleurs : « je peux vous trouver dans la littérature française des quantités de phrases longues admirables. Simplement, c’est plus facile dans l’enseignement primaire de corriger des phrases courtes que de corriger des phrases longues. C’est tout ».
“Ma classe de sixième” du professeur et écrivain Marcel Jouhandeau fait du mot “que” la clé de l’enseignement de la phrase française, et la syntaxe latine le soubassement de la nôtre. Il est remarquable, à propos de la partie de cet ouvrage consacrée à la rédaction, que cela soit si étique, et qu’il opère la même confusion qu’aujourd’hui entre rédaction et expression écrite.
Parlant de la grammaire, Musset évoque dans une lettre, avec une ironie qui n’est qu’à lui, « ce grand Monsieur de l’écritoire » , et précise : « ce qui est à tout le monde, quand j’en parle, n’est plus à personne quand j’en ai parlé ».
Le langage que nous employons doit être une lanterne magique. Et notre voyage, un voyage dans cette lanterne. Avec Erik Orsenna ou Anne-Marie Gaignard, ayons pour projet d’écrire une grande phrase dont le thème serait la curiosité, et le propos cette curiosité que nous partageons pour la grammaire — avec, pour seul garde-fou, la devise qui veut que « le fait soit mieux que le parfait ».
À l’instar de la série grammaticale qu’Erik Orsenna propose aux lecteurs, l’approche d’Anne-Marie Gaignard désigne sans ambiguïté les chemins de traverse : l’originalité, la recherche et l’invention manquent cruellement à la grosse machine de l’Éducation nationale qui se contente de construire puis de baliser des autoroutes du savoir où l’ennui le domine.
Anne-Marie Gaignard m’a écrit envisager de sauter la mer pour se rendre à La Réunion un peu avant le printemps dans le cadre d’une formation de formateurs. J’espère qu’elle y fera bouger les lignes.
Jean-Charles Angrand
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