
Une nouvelle prison au Port : une hérésie !
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31 décembre 2015, par
Les Anciens mettaient des statues de pierre tout au fond des cales de leurs navires pour les stabiliser en cas de gros temps. C’était le leste. À Babylone, les nautoniers y déposaient des statues de Gilgamesh, le héros de la geste qui affronta les Eaux-de-Morts, Gilgamesh dont la sagesse et la folie plonge au plus profond d’entre nous. Aujourd’hui, en Irak, on le sait, mais ailleurs aussi d’une manière plus sournoise, on décapite les statues, si bien que nos bateaux ne tiennent plus la houle. Et il fait gros temps. Emportés par les courants du populisme et de la connivence, les navires d’aujourd’hui ne tiennent plus le cap.
Comme il nous est proche pourtant, ce héros du prêtre assyrien Sin-lege-unninni (« Ô dieu Sîn accepte ma supplication ! » : Sîn, le dieu-lune qui conduit son troupeau d’étoiles-vaches), aussi proche que la lune.
« Comme elles sont nombreuses !
Comme les vaches sont nombreuses !
Comme le bétail de Sîn est nombreux !
Celles qui sont sombres sont en lapis-lazuli translucide ;
Celles qui sont pâles sont en lumière de lune naissante.
Celles qui sont petites glissent comme des grains d’orge pour toi ;
Celles qui sont grosses se pressent les unes contre les autres comme des taureaux sauvages pour toi.
Sîn, la Gloire du Ciel, a enlevé les colliers des nombreuses vaches de son troupeau grouillant.
Il a amené le lait des magnifiques vaches en abondance pour les tables d’offrande ». Ainsi s’éclaire la Voie lactée au fond de la nuit la plus noire. Mais ce soir encore, la lune se voile la face.
Dans la geste de Gilgamesh, Jacques Lacarrière voit « l’effort de l’homme pour acquérir et pour conserver les bienfaits de la civilisation » : à travers l’humanisation progressive d’Enkidou, c’est la montée vers la civilisation ; à travers la quête de Gilgamesh, c’est l’acceptation résignée, douloureuse de sa part de finitude. Gilgamesh nous dit que nous sommes quelque chose de tellement infini dans quelque chose de tellement fini.
Troie était entouré de murailles labyrinthiques pour se protéger, les voyageurs prétendent que sur les murailles d’Uruk étaient sculptés les exploits de Gilgamesh, ce qui en faisait une ville fleuron de la Mésopotamie. Gilgamesh ou « Sa-nagha-imuru », ce qui signifie « Celui qui a tout vu ». C’était les murailles qui vous regardaient, et elles voyaient tout. Elles vous transperçaient déjà de leur regard, elles vous transperçaient le cœur de sa grandeur.
Le personnage central du poème babylonien et assyrien incarne le topos du héros toujours prêt à affronter le monde, qui, pour se connaître, pour connaître sa vraie valeur, décide de se mesurer au monde, et pour cela, il dédaigne la prudence que lui conseille les Anciens, sans pour autant être froid comme le marbre des statues, son cœur d’une grande sensibilité ploie aux charmes de l’amitié et aux doutes de l’existence. Un héroïsme qui, pourtant, le fera repousser les avances de la déesse de l’amour, Ishtar elle-même : source de passion et donc de désordre. Les textes postérieurs feront de Gilgamesh (celui qui a tout vu, qui a commencé par être tyran avant de devenir héros) un juge des Morts.
« You know I’m born to loose
And gamblin’s made for fools
But that’s the way I like baby
I don’t to live forever
And don’t forget the joker.”
Épopée précédant de plusieurs siècles l’Iliade et le Mahâbhârata, ce produit de la vénérable littérature mésopotamienne trouve des accents incroyablement proches et touchants : ce désir inextinguible de conquête, jeune adulte, vouloir aller jusqu’aux confins de la Terre et du Ciel ; vision de cet homme blessé, animal maudissant sa propre conscience, source d’un malheur inextinguible ; l’invocation aux dieux qui s’infléchit en malédiction ; l’amitié qui adoucit les passions et les neutralise ; les ennemis qui se transforment en amis ; l’idée de partir pour se trouver ; une ode à la vie et à la sensibilité ; l’importance du rêve dans notre perception de l’avenir ; l’impossibilité d’accéder au rang de dieu ; être un héros pour soi ou pour autrui ? ; et puis la mauvaise conscience des dieux, dépassés par leurs propres pouvoirs, qui apaisent leur cœur en faisant grâce : des dieux honteux, des dieux qui se trompent – si humains, si proches… Et avec tout ça, des gardiens à la nuit, pour ne pas que les démons s’en emparent et qu’elle s’échappe...
Aujourd’hui, qu’est-ce qui s’écrit en Irak, et ailleurs ? Les démons se seraient-ils emparés de tout, même de la nuit ?
- À lire le Conte de Noël de votre chroniqueur, paru dans le JIR du 24 décembre en double page, accessible sur le site du journal clicanoo.re, « Le Pays du mensonge » : Critique du monde contemporain, évocation d’un handicap ; un voyage dans la Bible, et deux enfants qui sauvent le monde.
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