
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
5 novembre 2015, par
2) « Arrivée de Cinq galets » : de l’exposition coloniale à l’exposition incohérente de 1883.
« Foule ! », écrivait de Paris le jeune artiste à ses parents en province, « Plus de 4 000 personnes sont passées de 1 heure à 5 heures, dans ces 4 ou 5 salles [de la Galerie Vivienne] grandes seulement comme des salons particuliers. (…) Les ‘Cinq galets’ sont bien placés, mais il y a des choses plus drôles. »
Les ‘Cinghalais’ qu’expose Angrand est ainsi décrit par ‘l’Univers Illustré’ du 6 novembre 1886 : « cinq galets collés sur une toile ».
Première participation d’Angrand aux Arts Incohérents qui en sont, sous l’impulsion de Jules Lévy, à leur 2e expo qui en comptera 5. Trois ans plus tard, les journalistes de ‘l’Univers illustré’ ou du ‘Courrier français’ en faisaient encore état.
Formellement, les Incohérents inauguraient le procédé d’insertion des objets réels, familiers, dans l’œuvre d’art, ainsi la fameuse semelle cloutée du « Facteur rural » de Ferdinandus, dans le but revendiqué de surprendre et d’amuser. « L’introduction d’objets ou d’animaux réels dans la galerie d’art (renchérissent Grojnowski et Riout) provoque une surprise plus frappante [que les rébus], parce qu’elle propose aux visiteurs des spectacles jamais vus dans les galeries ou les Salons », ce que la ‘Revue Critique’ appelle, dès 1883, « le système des choses en relief ». La même année, de même, Etienne Grosclaude, dans la gazette d’Octave Mirbeau, ‘Les Grimaces’, s’attarde sur le procédé.
Mais si le travail exposé de Ferdinandus est tautologique, il n’en va pas de même pour celui présenté par Angrand.
Les œuvres des Incohérents, rappellent les analystes, sont de circonstance. Comme toute satire ou caricature, elles font allusion à l’actualité. Celle d’Angrand sans doute plus qu’une autre puisqu’elle fait référence à un événement tout récent, qui eut lieu quelques mois auparavant, et qui restait présent dans toutes les mémoires.
L’arrivée des ‘Cinq galets’ fait référence aux Cinghalais (peuple indien originaire du Sri Lanka), exhibés en compagnie d’éléphants au Jardin d’Acclimatation à Paris à partir de juin 1883. Ce qu’on appelle aujourd’hui les zoos humains. 13 hommes, 5 femmes et 3 enfants, dont au moins un nourrisson.
Après les Nubiens, en 1877, ce fut le tour des Inuits, des Lapons, des Kalina (de Guyane), et, ‘at last but not at least’, des Cinghalais de venir divertir Paris, la « Capitale du monde ».
Des analyses pertinentes du phénomène des zoos humains ont été publiées récemment : « le zoo engendre une vision irréaliste, réductrice et dégradée de l’être vivant enfermé » ; « Dans cet espace compartimenté, le public ressent un sentiment de supériorité sur la nature captive où peut s’affirmer sa volonté et sa satisfaction de vaincre le sauvage » ; « Dans le processus d’exhibition, il y a toujours un rapport de force, celui qui exhibe, celui qui regarde (en l’occurrence le peuple vainqueur) et celui qui est regardé (en l’occurrence le peuple vaincu) », etc. Il serait pourtant erroné de croire que la perception de ce phénomène de chosification, de « destruction symbolique » à l’œuvre dans ces « exhibitions », qualifiées par certains contemporains de « ludiques et instructives », n’ait pas été immédiatement perçu. Charles Angrand, ramenant les Cinghalais à de simples galets, pour les mettre en exposition se fait le témoin magistral de cette réaction. Ce qui témoigne de la grande modernité de l’artiste.
‘La Nature’ du 28 juillet 1883, couvrait l’événement sous la plume de Girard de Rialle qui analysait : « Ces indigènes [les Cinghalais] présentent un série d’indices céphaliques peu différents les uns des autres, et qui tendraient à les faire ranger parmi les populations sous-brachycéphales, c’est-à-dire ayant le crâne court ». Il fallait du cran pour critiquer à ce moment-là la science et les théories racialistes en vogue. C’était un peu comme s’attaquer à Pasteur.
Et si Charles Angrand lançait « Foule ! » à l’occasion de l’ouverture de l’exposition incohérente, il y avait une foule autrement plus importante aux portes des expositions coloniales. L’industrie du spectacle exotique mit en scène pas moins de 35 mille figurants, et draina plus d’un milliard de visiteurs entre 1800 et 1958.
Le ‘Courrier français’, dont le directeur épousera la cause nationaliste, en octobre 1886, visa Charles Angrand qui signait de son nom ainsi que l’organisateur des expos, Jules Lévy, caricaturant ce dernier – c’est important de le souligner – « joyeusement installé sur le giron d’une femme à faciès de guenon ». Cette femme est identifiée comme étant Krao, une indigène, exhibée au public de l’Alcazar dans un « Salon réservé ». On devine quelles oppositions, toutes politiques, se jouaient alors.
Mais l’engagement d’Angrand n’était pas seulement artistique (introduction d’objets), politique (dérision du colonialisme), social (critique de la bourgeoisie), il était également littéraire.
‘Le Porc trait par van Dyck’, réalisé par Bridet et exposé aux Incohérents en 1884, montre dans un style à la van Dyck, le maître flamand assis, de dos, sur un tabouret, ayant déposé sa palette sur le sol, en train de traire un gigantesque porc, cette œuvre illustre l’importance accordée par les Incohérents aux calembours.
Angrand procède de la même façon, et les 5 galets font partie d’un travail aussi révolutionnaire sur la langue que sur l’image : le titre donnant un sens à l’œuvre, et en gardant le primat : du titre, l’œuvre. Rappelons que le classicisme, à travers Rivarol (« Ce qui n’est pas clair n’est pas français ») ou Voltaire (« Le génie de notre langue est la clarté et l’ordre ») bannit l’équivoque. Dans sa Théorie des synonymes de 1884, B. Lafaye voyait même dans la clarté l’essence de notre langue. Ce qui la réduit corollairement, pour reprendre Meschonnic, à une langue apoétique et sans rythme. Une vision qui bannit l’équivoque, ignore que le français, par ses homonymies est une langue à calembours, depuis Rabelais à Balzac. Jacques Drillon a comptabilisé 33 calembours dans le seul roman ‘Un début dans la vie’ de Balzac (1842), qui met en scène un jeune apprentis peintre, Mistigris, féru avec son maître de calembours, préfigurant en cela les recherches des Incohérents. Tandis que le goût de Mistigris se cantonne à au simple amusement de la déconstruction de la langue, Angrand se place dans une optique plus large, tant anti-classicique qu’anti-colonialiste.
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