
Une nouvelle prison au Port : une hérésie !
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3 avril 2014, par
Où que l’on se trouvait au XIXe siècle, depuis n’importe quel endroit du globe, le Japon demeurait à l’autre bout du monde. L’île faite d’îles vécut deux cents ans séparée du reste du monde, refusant tout contact avec le continent et interdisant l’accès à tous les étrangers. La côte chinoise était à près de deux cents milles, mais un décret impérial avait veillé à la rendre plus éloignée encore, empêchant sur tout le territoire la construction de bateaux à plus d’un mât. Les commerçants chinois, hollandais et anglais avaient essayé de rompre cet isolement, mais n’étaient parvenus qu’à mettre en place des réseaux de contrebande fragiles et périlleux. Là où ils avaient échoué, allaient réussir, par la force des armes, les Américains. En juillet 1853, le commodore Matthew C. Perry entra dans la rade de Yokohama à la tête d’une flotte de bateaux à vapeur pour remettre aux autorités un ultimatum qui « souhaitait » l’ouverture de l’île aux étrangers.
Les Japonais qui n’avaient jamais vu jusque là de navires capables de remonter la mer contre le vent se mirent à rire. Ils trouvaient aberrants les prétentions des Occidentaux avec leurs énormes théières fumantes flottant sur l’eau.
Lorsque sept mois plus tard, Perry fut de retour pour recevoir la réponse à son ultimatum, le gouvernement du pays du soleil levant consentit à ouvrir deux ports dans le nord du pays. La mer autour de cette île -déclara le commodore avec une certaine solennité- était désormais « beaucoup moins profonde »...
De cet isolement farouche et prolongé tient l’aspect homogène de la culture et de l’imaginaire japonais.
À défaut d’être à présent du même côté du monde, Miyazawa est resté de l’autre côté du ciel. Le conte stellaire des « Jumeaux du ciel » de Miyazawa (1896-1933) met en scène les frères Chun et Pô qui résident en leur petits palais de cristal qui dessinent deux étoiles proches situées sur la rive ouest de la Voie lactée.
Dans la ronde des astres, ils font une promenade jusqu’à la source de la Voie lactée. Ils rencontrent au cours de leur pérégrination d’autres habitants des cieux : le Corbeau, le Scorpion aux yeux rouges, « aux spirales brillantes », la Petite Ours, le Puits du Ciel, l’Aigle, la Lyre, et même l’Éclair. Trompés, leur promenade vire au fiasco, ils chutent au fond des Océans.
Les Tanuki transformistes du dessin animé, Pompoko, d’Isao Takahata (1994) se font passer pour des enfants jumeaux dans une opération qui appellent « étoiles jumelles ». Ils apparaissent en pleine nuit à des ouvriers et s’adressent ainsi à eux : « Où est notre maison ? Nous avons fait le tour des étoiles, mais nous avons perdu notre chemin. –Le tour des étoiles ? -Nous sommes partis du Scorpion aux yeux rouges et avons traversé les ailes étendues de l’Aigle. Ensuite nous nous sommes envolés dans le Serpent de lumière et nous nous sommes perchés sur le front de la Petite Ours. Et en faisant le tour de toutes ces étoiles nous avons répandu la gelée hivernale. Nous n’avons plus d’étoile, nous avons très froid. Monsieur, pourriez-vous me dire où est notre maison ? »… Comme Chun et Pô, ils ont perdu leur palais. Mais ne serait-ce pas eux ? Comment ne pas faire le lien ?
« Le Royaume des chats » dessin animé de Hiroyuki Morita, sorti en 2002, correspond à ce que le critique Yoshimoto Takaati disait de l’œuvre de Mayazawa Kenji : il réalise l’invention d’ « un monde éloigné aussi bien de la réalité que des phénomènes » si chère à l’écrivain. « Indépendamment de tout, Miyazawa a créé des noms, et dans les limites de cet univers, il a cru dans le langage qui rendait possible la concrétisation d’une sorte de dream land ». L’une des particularités les plus intéressantes du style du poète (qui malheureusement ne passe pas bien le barrage de la traduction) est la création d’onomatopée et la déformation ou l’invention des mots. Neko no jimusho est le titre d’un des contes du recueil éponyme, il signifie : « Le Bureau des chats ». Le spectateur retrouve dans le film, Le Royaume des Chats, ce même Bureau, pareillement rempli de registres. Il semble que le réalisateur ait voulu réaliser un bel hommage à l’écrivain aussi dans sa façon d’user comme il l’a fait de déformation de mots : « miajesté, miagnifique, miademoiselle, un mialentendu, le miariage, miagouille, ou mialotru », sans compter « le chat charmant ». Comme Miyazawa, Hiroyuki Morita exprime dans son film un « monde où tout objet à une âme », dans la plus grande tradition bouddhiste – et en revers de notre monde, un lieu où on risque de perdre son identité, où l’écolier peut devenir chat.
Avec le conteur japonais (ville de), les nuages ont une forme d’étoile. Comme elles, un simple souffle le vent les disperse. Les feuilles des arbres sont disséminées comme les notes d’une partition musicale invisible.
Le passeur se rit du réel mesuré à l’aulne du moi : la vérité se dit en japonais « makoto », terme pour dire aussi le renoncement à soi. Moins on existe, plus le monde prend de la valeur.
Miyazawa demeure l’un des grands maîtres de l’ironie triste, cette passion japonaise. « C’est vrai que j’ai l’air taché de pâte de soja, dit l’engoulevent, et que j’ai le bec fendu. Mais je n’ai jamais rien fait de mal jusqu’à ce jour. J’ai secouru le petit d’une mésange qui était tombé du nid. Quand la mère m’a vu, elle me l’a arraché comme si j’avais été un voleur d’enfant. » Sont mis en scène des personnages qui vont là où leur équilibre les guide, comme un ivrogne qui n’aurait pas bu. Chez lui, la maison de l’orgueil n’est pas plus grosse qu’un petit pois.
L’engoulevent, évoque l’avili et s’achemine par grandeur vers un seppuku aérien, horizon de l’âme nippone, il « ne savait plus s’il tombait ou s’élevait, si son corps était à l’endroit ou à l’envers. Il ressentait simplement une immense paix. Son bec ensanglanté était tordu mais, sans doute possible, il souriait légèrement ». Toute l’œuvre de Miyazawa peut entrer dans cette image.
Celui qui ajoute des lueurs à la nuit ne saurait être un Ichizô.
Jean-Charles Angrand
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