
C’était un 30 juin
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29 août 2013
Pour les enfants, “Le Petit Prince”, c’est d’abord des images. Des images devant lesquelles il arrive qu’on se retrouve brusquement au détour de la vie, le long d’une rue, par exemple, qui borde la façade d’un immeuble de Sainte-Clotilde. L’album que nous avions, enfants, était constellé de pastels : ceux de l’auteur qui accompagnent le texte et qui montrent au sens propre des nuits blanches, un cosmos lumineux. Cela m’intriguait. Faut-il dire que ce blanc, jour omniprésent sans ombre, ni soleil, avec ses étoiles plus foncées que le vide interstellaire, me faisait vaguement peur ? J’étais persuadé que l’univers était noir et je me trouvais devant la toile blanche d’un cinéma. Ce qui m’inquiétait aussi, c’était l’exiguïté de ses planètes ( « astéroïdes » ) où chacun semblait enfermé, où on joue à saute-mouton par-dessus.
La solitude du personnage, son exil, je m’en souviens, m’angoissaient. Chaque personnage d’ailleurs est seul, ou a du mal à percer l’autre : le Petit Prince lui-même ne répond jamais aux questions que lui pose le narrateur qui remarque que c’est un « enfant triste » qui mène une « petite vie mélancolique ». J’avais du mal à me figurer en ce personnage, à me projeter. Je lui préférais les héros puissants, pour compenser la faiblesse de l’enfance. Et puis, c’était un garçon sans regard, des trous pour les yeux, des fentes, ils sont vides. Je ne m’identifiais pas avec ce regard absent qui pourtant avait sa raison qu’apporte le renard : « On ne voit qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ». Il fallait donc voir le cœur du Petit Prince que l’auteur n’avait pas dessiné, sous sa tunique, comme le mouton dans sa boîte, l’éléphant dans le boa. À chacun de l’y découvrir. La vraie image, la seule, est subjective. C’est l’image derrière l’image.
Le Petit Prince, c’est la petite pince, l’enfant immortel, l’Alice céleste, un « petit hypertrophique » à la Jules Laforgue, arborant « la mine incongrue » de « l’enfant saoul ».
Il vient à chaque fois avec le vent et sur l’air de la chanson du “Sanglot de la Terre” :
« Non, tout l’monde est méchant,
Hors le cœur des couchants,
Tir-lan-laire !
Et ma mère,
Et j’veux aller là-bas
Fair’dodo z’avec elle…
Mon cœur bat, bat, bat…
Dis, Maman, tu m’appelles ? » Avec la même Mort en pointillée pour horizon, mirage dans le désert, une Mort souriante (du sourire du serpent) qu’on appelle : unique échappatoire au monde adulte — absurde.
C’est cette fuite que Jace a magistralement reprise et mise en valeur sur la face aveugle de l’immeuble de Sainte-Clotilde, dans son échelle d’astéroïdes.
Et puis, il y au fond de cette histoire l’illustration enfantine d’un thème qui accompagne nombre de romans pour la jeunesse (de “l’Enfant et la rivière” au “Grand Meaulnes” en passant par “Peter Pan“) : celui de la guerre immémoriale des nomades contre les sédentaires. L’enfance incarne la liberté, l’errance, le nomadisme ; l’âge adulte, sédentaire, est son naufrage. C’est la querelle de Caïn le cultivateur avec Abel l’éleveur. Les troupeaux de l’un envahissant les cultures de l’autre. Le meurtre d’Abel, Caïn puni à partir, à devenir nomade comme l’était son frère assassiné, jusqu’à ce qu’il construisît Hénoch, la première ville de l’Histoire. « Le cultivateur déraciné était devenu architecte et citadin, nouvelle forme de sédentarité » , écrit Michel Tournier dans “Le Miroir des idées”. Et la tour de Babel s’enfonce dans le Ciel comme dans une terre inversée.
En Occident, les nomades pauvres d’antan ont été remplacés par les riches qui font de leur vie un tourisme chic, tandis que les sédentaires au sein de la mondialisation, de propriétaires fonciers, sont devenus des locataires smicards d’HLM. Le Petit Prince est un nomade, sa fleur une sédentaire. Le roman le met face à l’horizon étroit des sédentaires. L’enfant a ses racines dans le ciel, la fleur les plonge dans la terre…
À présent, je sais pourquoi je n’aime pas Coelho : c’est à cause du « Petit Prince ».
Jean-Charles Angrand
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