
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
10 mai 2013
Soleil de la Grèce antique, la mythologie a vécu son couchant dans la poésie romantique et symboliste du XIXème siècle européen. Un garçon d’une beauté sans pareille, rapporte-t-elle, vint au monde, grandit, sa grâce et sa beauté crûrent de semblable manière. Il fut sans conteste le plus beau jeune homme de sa région, du pays et d’ailleurs. Toutes les filles, quand elles ne venaient pas à lui, rêvaient à ses charmes. Aucune d’elles pourtant ne parvint à retenir ses bras. Il leur préférait la solitude des grands bois. Seule la forêt pouvait lui livrer ce qu’il désirait le plus : sa propre image.
Narcisse était amoureux de lui-même et ne trouvait de plénitude que dans la contemplation de son propre reflet dans les yeux des grands lacs sombres.
Un jour, à l’ombre d’un saule, étendu sur un surplomb au-dessus du miroir des eaux dormantes, il se pencha, s’approcha de son reflet, désireux de s’embrasser lui-même, quand, emporté par le poids de son buste, il bascula, pour se noyer dans sa propre image.
En hommage à sa divine beauté, la Nature métamorphosa le jeune homme en cette fleur qui pousse le long des berges tranquilles qu’on appelle « narcisse ». Elles se reconnaissent à leur corolle claire dirigée vers le bas, comme si elles cherchaient à se contempler dans le reflet aquatique. Tôt le matin, on peut voir les gouttes de rosée perler de leurs pétales et troubler le tendre miroir de l’étang, c’est comme si elles pleuraient leur propre mort. Et elles semblent nous dire encore, d’une voix très ancienne : « Celui qui repose ici a écrit son nom dans l’eau ». À la façon de la fleur, Guillevic a décliné la superposition troublante des homophones “étang” et “étant”.
« Here lies one whose name was writ in water » fut mot pour mot l’épitaphe que composa John Keats sur son lit de mort et qui fut inscrit sur l’eau figé du marbre.
Comment est-il possible qu’Ophélie, dépossédée d’elle-même, trouvât le même destin que Narcisse dans le miroir de l’étang : ensemble celui qui ne pouvait qu’être lui-même, et celle qui ne pouvait pas l’être ? Par quels liens mystérieux sont-ils unis, guirlande tressée avec art, flottant au milieu de vieilles chansons au sens égaré, s’enfonçant peu à peu dans le gouffre environnés de fleurs absurdes ?
Hélas, elle est donc noyée ? Oui, noyée dans son manque d’être, parce qu’une part d’elle-même l’avait dépossédée et était partie en Angleterre !
Pourquoi l’ophélie n’est-il pas le nom d’une fleur plus blanche que le blanc du narcisse ? Ou une étoile qui percerait, la nuit venue, la noirceur de l’onde, tant il est vrai qu’à l’aube, la larme de rosée tombe du narcisse et trouble le miroir de l’étang, cette tombe d’eau ?
Et pourquoi le verbe d’Hamlet est-il si décevant sur la dépouille de violettes ? Serait-ce parce que la Cour ne peut être le théâtre de ce qui se trame en son âme ?
Ophélie a chu, comme Narcisse, ce fut au tour d’Hamlet, puis de Keats. « Il y a une providence particulière dans la chute d’un moineau », déclare le fou de sa propre déchéance. La chute des poètes ne doit pas nous laisser indifférent. Les vagues sont autant de lignes d’écriture que le texte laisse inachevées.
John Keats (1795-1821) est ce Narcisse au regard diffracté, perdu dans les reflets du soleil couchant grec.
« À qui est demeuré longtemps confiné dans la ville
Il est bien doux d’absorber son regard
Dans le visage ouvert et beau du ciel (…) »,
« Il pleure d’un tel jour la fuite si rapide : (He mourns that day so soon has glided by :) Rapide comme une larme versée par un ange au passage (E’en like the passage of an angel’s tear) Et qui tombe dans l’éther transparent, en silence. (That falls through the clear ether silently)”, comme un pétale emporté par le vent s’arrête figé sur la surface de l’étang.
L’ ego du Poète s’est projeté dans l’immensité du monde, il s’y est noyé, pour se découvrir en retour aux dimensions de l’infini. Comme Narcisse, il s’est trouvé multiplié par les nymphes Écho, puis celle du reflet. Mais Keats est un Narcisse sans moi : « then on the shore/Of the wide world I stand alone, and think/Till love ans fame to nothingness do sink », il est un Narcisse qui se prolonge au-delà de lui-même — dans la dilution et la communion avec l’Univers, pour qu’en une dernière image « la naïade parmi ses roseaux/contre ses lèvres presse son doigt froid ». Ainsi la Nature en mai sourit de la mort du Poète. Cette poésie suppose l’accord sacré avec la terre : la couronne de fleurs tressées fait alliance avec elle et exigera de faire pousser les jonquilles sur son propre corps. Les hirondelles qui passent entraînent un pan de ciel dans leur sillage ; le poète romantique est fleur, parfum, rien, « son identité se déduit de son absence à lui-même », écrit Alain Suied, qui évoque avec justesse « l’invention d’une allégorie nouvelle : le passage ultime de l’expérience à l’innocence ».
Tissée d’émerveillements simples, mais traduits en une langue complexe, la poésie de Keats ressemble un peu au jeu que vous menez avec une enfant muette que vous aimez : vous êtes en dehors des mots et pourtant vous baignez dans la poésie. Qu’y a-t-il de plus doux que de s’entendre dire je t’aime par une petite fille qui ne peut vous parler ?
« Ay, on the shores of darkness there is light
(Oui, au bord des ténèbres il y a de la lumière)
And precipices sh ow untrodden green ;
(Et les précipices font voir des prairies non frayées ;)
There is a budding morrow in midnight ;
(Il y a dans minuit un matin qui bourgeonne)”.
Jean-Charles Angrand
à A.-L.
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